Célébrer les demandes de pardon ? 

 

Question posée : "Rajab est censé être le mois de “l'Istighfar", le mois de demande Pardon, pourtant nous vous voyons très joyeux dans ce festival de Mayotte, en train de chanter et de jouer du tambour… Ne devrait-on pas être dans un état de demande de pardon plutôt que dans un état de célébration ?"

 


 

Réponse de l'enseignant Hamdi ben Aissa : 

 

 

Au Nom de Dieu, plus Proche de moi que moi-même, Créateur des liens d’amour et Celui qui le maintient le plus,

Merci pour votre question. Je demande à Dieu de nous donner la sincérité et la perméabilité à Ses Enseignements et à Sa Présence.

 

Qui a dit que la demande de pardon devait être exprimée avec mécontentement ou tristesse ? Qui a dit que la demande de pardon ne pouvait pas être vécue dans la joie et dans la célébration ? Le simple fait que l’on puisse se tourner vers notre Seigneur et prendre le chemin du retour vers Lui mérite que l’on soit heureux, mérite notre célébration !

Pour comprendre ce qui nous rend joyeux dans cette démarche de retour à Dieu, je m’invite et je vous invite à contempler le sens d’une de ces formules de demande de Pardon qui ont été célébrées par nos ancêtres, une formule qu’il est recommandé de répéter 70 fois matin et soir durant ce mois de Rajab et s’avère être un vrai trésor de joie pour le cœur, une véritable célébration en elle-même : « Rabbi ghfir li wa rhamni wa toub aleyya »



رَبِّ اغْفِرْ لِي وَ ارْحَمْنِي وَ تُبْ عَلَيَّ


Tout d’abord, intéressons-nous au mot “Rabbi”... Beaucoup de nos prières commencent par le mot “Rabbi”, un mot qui doit se dire avec beaucoup d’amour et dont la simple prononciation devrait nous remplir de bonheur. Car “Rabbi” signifie : “mon Seigneur, mon Maître, Toi qui veilles sur moi, Toi qui ne m’abandonneras jamais, Toi qui me nourris, qui me fais grandir et  qui m’accompagnes sur mon chemin de développement, Toi qui as le Regard posé sur moi en permanence”… 

D’autres prières commencent par “ya Allah”...  Et que signifie le mot “Allah” ? Le Nom Allah est fort probablement dérivé du verbe وله “waliha” voulant dire “être passionné” ou “s’attacher fortement” ou encore peut-être est-il issu du mot “aliha” اله voulant dire “chercher refuge”... Ainsi, si on devait traduire le Nom Allah dans le sens qu’il porte, nous le traduirions par “Amour suprême”, “Celui que le cœur connaît bien” ou encore “le Seul que le cœur reconnait comme Maître et Bien-Aimé"... Est-ce que vous pouvez essayer de visualiser ce sens-là lorsque vous dites “ya Allah !” … Ô Amour suprême du cœur ! Ô Refuge ultime de l’âme !

Enfin, un certain nombre de prières commencent par “Allahumma”, qui veut dire “mon Dieu à moi”, “mon Dieu qui est Proche de moi”... Et c’est vraiment quelque chose de sentir que l’on a un Dieu, un Dieu qui est Proche… Si on médite sur cette expression, si on la dit avec profondeur et  méditation, alors on se rend compte de ce bonheur, de cette Grâce ! Nous avons un Dieu, un Dieu à nous, un Bien-aimé, un Dieu que nous aimons, un Dieu qui devient le centre de l’intérêt de notre cœur, un Dieu vers lequel on se dirige de tout notre être, un Dieu qui captive toute notre attention.



Ensuite vient la formule "ghfirli", souvent traduite par “pardonne-moi”, mais qui en réalité renvoie à la notion de couvrir ou recouvrir. En voici donc une traduction plus précise : “couvre-moi de Ton Amour et Ta Grâce”…

Puis vient “wa rhamni” qui signifie : “embrasse-moi, réclame-moi, inclus-moi parmi les Tiens, comme si j’étais un membre de ta Famille, considère-moi comme proche de Toi”…

Et enfin “wa toub aleyya” qui veut dire : “et permets-moi de revenir à Toi, enlève les obstacles qui se trouvent sur ma Voie, dirige Ton Attention vers moi, pose Ton Regard sur moi afin que mon retour vers Toi soit possible et facilité !”

 

Nous voyons ici que ce que l’on appelle “tawba” ne peut se résumer ni être réduit à la simple demande de pardon. La “tawba” c’est beaucoup, beaucoup plus grand que juste demander pardon, c’est le fait de retourner à son Seigneur, avec tout ce que cela implique... Voilà pourquoi les Prophètes, qui eux n’ont ni péché ni commis de fautes, avaient pour prières ce genre de formule. Ils ne demandaient pas à Dieu seulement d’être pardonnés, ils Lui demandaient de les couvrir par Sa Grâce, de les embrasser de Son Amour… Ils célébraient le fait d’avoir un Seigneur qui les aime et qui facilite leur retour et leur chemin vers Lui.

 

Si l’on cherche à comprendre l’état d’esprit de celui qui formule cette prière, il faut essayer de trouver des situations humaines qui exprimeraient le même sentiment, le même besoin, la même demande. La situation qui s’y rapproche le plus est celle de l’enfant qui demande à sa maman de le prendre dans ses bras ! Non pas l’enfant qui a fait une bêtise et qui a peur de la punition, mais bien l’enfant qui vient exprimer son besoin de tendresse et d’amour, l’enfant qui cherche le contact et la chaleur de cette étreinte qui est pour lui vitale... 

 

A l’image de l’enfant qui retrouve la chaleur des bras de sa maman, quelle joie peut ressentir celui qui réalise qu’il a un Seigneur qui l’aime et qui l’embrasse, un Maître qui le pardonne, un Dieu qui l’accueille encore et encore, qui n’a de cesse de lui donner de nouvelles chances et opportunités ! 

 

Voilà pourquoi nous célébrons ce genre de formule, voilà pourquoi nous célébrons avec joie, tambour et tout notre amour cette opportunité de retour (tawba) dans ce festival béni de Mayotte. Nous célébrons le retour à Dieu, nous célébrons le fait que le chemin de retour vers Lui est à la fois clair et facile, nous célébrons le fait que Dieu nous a encore une fois rappelés et réinvités à Lui… 

 

Aussi, nous nous rappelons les paroles de notre Bien-aimé Prophète Mohammed (que Dieu continue de nourrir son être, sa lumière et notre connexion à lui) qui a dit : “Priez, invoquez votre Seigneur dans un état de confiance, d’assurance et de certitude sur le fait qu’Il vous répond”... Donc lorsque nous Lui demandons de nous réclamer, de nous embrasser, de nous couvrir de Son Amour, nous sommes certains qu’Il nous répond, et c’est une chose qui mérite, et même qui se doit d’être célébrée ! 

Et plus que cela encore, un enseignement prophétique nous enseigne que lorsque le serviteur appelle son Seigneur en lui disant “ô mon Maître !” (ya Rabb !), Dieu lui répond : “labbayk !”, ce qui signifie : “Je suis là, bien Présent ! Je réponds à ton appel Mon serviteur, Je te vois, Je t’entends, et Je te réponds !”

C’est pour cela que lorsqu'on dit “Ya Rabbi”, on le dit avec joie ! Car on sait que notre Seigneur est là, Présent, à l’écoute, on sait que notre Bien-aimé nous voit, nous regarde, nous entend, et nous répond : “Labbayka !”... Si nos oreilles physiques ne sont pas capables d’entendre cette Réponse d’Amour, il nous faut chercher à nous connecter à notre for intérieur… Et là, nous serons capables de ressentir ce Bonheur né de cette Réponse, ce Bonheur qui vient se propager dans tout notre être et s’exprimer à l'extérieur, nous faisant chanter et danser d’amour et de joie…

 

Imaginons l’état d’esprit de celui qui n’a pas reconnu la place de son Maître dans son cœur et dans sa vie, celui qui se retrouve laissé à lui-même, qui ne ressens pas cette Présence Rassurante et Réconfortante de Dieu... Dans quel état d’angoisse et de perdition doit-il se trouver lorsqu’il commet une faute ou une erreur ? Lui qui, laissé à lui-même, doit porter seul les conséquences de toutes ses fautes ? Alors que la personne qui sait qu’elle a un Seigneur est rassurée car elle sait que son Maître est là. Elle sait qu’Il peut la relever, qu’Il peut l’aider à corriger ses fautes, qu’Il peut effacer ses fautes, et même neutraliser les conséquences de ses erreurs ! Et cela fait augmenter son Amour pour ce Seigneur si Bon, Aimant, Présent…

 

C’est pour cela que nous avons dit que dire une fois je T’aime, vaut mieux que de demander mille fois pardon… Parce que dire “je t’aime”, c’est dire à l’autre que l’on veut commencer une nouvelle page avec lui, c’est se tourner vers le futur, alors que “pardonne-moi”, répété inlassablement, peut finir par nous enfermer dans le passé, et nous condamner à ressasser éternellement nos erreurs…

Dieu ne veut pas nous emprisonner dans les fautes, les erreurs et les conséquences de notre passé. Dieu ne veut pas nous voir bloqués sous le poids et le fardeau des erreurs que nous avons commises, bien au contraire ! Il veut nous libérer de ce poids qui nous tire vers le bas (adh-dhanb), afin que nous puissions marcher et cheminer de façon beaucoup plus légère, facile, et rapide, afin que nous puissions nous envoler vers le ciel, légers et libérés !

 

Ainsi, cette prière que nous partageons avec vous aujourd'hui, comme toutes les prières de Rajab d’ailleurs, est porteuse d’une conscience positive et non pas d’une conscience négative. Nous devons donc la réciter avec joie, avec espoir, en toute confiance, les yeux tournés vers l’avenir, et non rivés sur le passé…


Votre frère Hamdi ben Aissa, le 08/02/2022

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