Connaître notre vraie identité pour pouvoir vivre le voyage du Hajj

pèlerinage/hajj voyage Jun 19, 2023

 

Il y a toujours certains impératifs à remplir pour qui veut entreprendre un vrai voyage. Le Hajj, le Grand Pèlerinage vers le Témoignage de Vérité n’est bien entendu pas en reste. Si tu veux voyager, il y a des prérequis : avant même de te rendre à l’agence de voyage pour réserver tes billets, tu dois savoir qui tu es. Tu dois être sûr de ton identité, et avoir ton propre passeport à ton nom, et non pas au nom de quelqu’un d’autre. Ensuite, il faut aussi que tu saches où tu vas, car l’agent de voyage ne peut te donner un billet pour “destination inconnue”. Tu dois au préalable définir ta destination, préciser la nature de ta quête pour élaborer un plan et te projeter. Et ce n’est qu’une fois que tu seras en mesure de fournir toutes ces informations que l’agent de voyage pourra t’aider. 

 

 

Qui suis-je ? Connaître son identité   

Avant d'étudier la nature du voyage et de la destination du Hajj, il nous faut au préalable répondre à ces questions si cruciales. 

Notre bien-aimé Prophète Jésus (que Dieu continue de nourrir son être et nous donne un vrai lien avec lui) nous donne ici la réponse. Lorsque sa sainte Mère s’est présentée au monde tenant dans ses bras son bébé miraculeux, il lui a été posé cette question : “qui est-il ?”... Alors investie dans une forme de consécration qui consistait à s’abstenir de parler aux êtres humains, elle n’a pas répondu, car Dieu a fait que ce soit le nourrisson lui-même qui réponde d’une voix claire, venue dans un moment d'ivresse, un moment de grande théophanie, de miracle. Il a répondu : “Je suis Abdullah !” (S.19 - V.30).

Voilà sa réponse. Tout simplement. Il n’a pas dit “je suis Jésus, le fils de Maryam”, “je suis chrétien”, ni même “je suis muslim”... Non, il a répondu clairement : je suis “Abdullah” ! Voilà un terme auquel on doit donc s’intéresser tout particulièrement…

 

Pour aller plus loin sur l'histoire de Marie et Jésus, visionner notre vidéo :

  

“Abdullah” peut être traduit par “esclave de Dieu”, ou “serviteur de Dieu”, ce qui, en effet, décrit une des réalités de ce terme. Mais cela va plus loin que cela, en vérité. Ce qu’on remarque dans cette réponse, c’est que Jésus choisit de se définir par Dieu et uniquement par Dieu. Comme s’il disait : “vous vous demandez qui je suis ? Je suis qui je suis… Je ne suis que la commande et le verbe de Celui qui m’a dit “sois”, pour que je puisse être ! Donc, en réalité, je ne sais pas qui je suis. Et vous non plus, vous ne savez pas qui je suis. Demandez plutôt à Dieu qui je suis, il est le Seul à pouvoir répondre à cette question, le Seul à pouvoir me définir et me donner une identité réelle, car mon identité est liée à Lui !”

Jésus se définit donc par rapport à son Seigneur. Il est Abdullah : il est le porteur du secret, le porteur de la Réalité de “la ilaha illa Allah”, cette attestation qui commence par une négation. Il est celui qui résiste au faux (la ilaha) et qui s’ouvre au Beau (illa Allah)... Celui qui nie la fausseté et qui accepte la Vérité. Il est “Abdullah” : sans nom, et sans image. Il n’est pas figé dans une identité temporaire ou temporelle, pas figé dans une image que les autres veulent se faire de lui et dans laquelle ils auraient voulu l’enfermer. 

 

 

Ce que l'identité du Abdullah implique

 

Le 'abd est en cheminement vers l'Unicité

Voilà quelle est notre identité réelle, à tous, en tant qu’êtres humains. Voilà à quoi consiste le cheminement, ce que l’on appelle “‘ibada” en arabe, et qui a la même racine que le mot “‘Abd”... La “ibada”, c’est le cheminement, c’est le fait de vivre sa vie dans le refus de toute autre identité que celle du Abdullah ! Il faut comprendre que l’enjeu est de taille… Car en réalité, tout autour de nous, et même aussi en nous, cherche à nous définir, à nous réduire, à nous enfermer, à nous limiter. Chaque moment, chaque instant, chaque expérience veut te définir. Chaque maladie, chaque limite, chaque peur, chaque trauma, mais aussi  chaque qualité que tu trouves en toi et chaque succès veut te prendre tout entier, et te pousser à te définir par lui, te limiter. C’est là que se trouve en réalité le cœur de ce que l’on appelle “shirk”, traduit le plus souvent par “associationnisme"... Un mot un peu abstrait qui en réalité fait référence à la notion de concurrence. 

Car la question est : est-ce que tu mets Dieu en concurrence ? Est-ce que tu donnes à quelqu’un ou à quelque chose l’autorité de te définir, de dire qui tu es à la place de Dieu ? Et est-ce que tu as fait de cette définition limitée et limitante ton identité ? Est-ce que tu t’es enfermé dans une cage, dans une image ? Est-ce que tu dois maintenant tout mettre en œuvre pour plaire à cette fausse autorité et conserver cette identité factice ? Que cette autorité soit quelqu’un qui te maudit, ou quelqu’un qui t’applaudit, c’est la même chose ! La réalité est la même : les deux te voient à travers un prisme. Les deux ont une perception biaisée de toi. Les deux ne te voient pas, les deux ne te connaissent pas, les deux ne savent pas d’où tu viens, ni où tu vas, que ce soit dans le monde des réalités ou dans le monde des projections... 

 

 

 

 

Le 'abd ne peut accepter d'autre identité

En réalité, il est extrêmement tentant de se laisser aller à accepter ces fausses identités, d’en faire des zones de confort. On peut être facilement attiré par cette facilité de se laisser définir par une image de soi-même, un instantané pris à un instant T, quel que soit cet instant d’ailleurs : réussite, échec, joie, tristesse, péché ou moment de repentir… qui nous dit : “voilà, c’est toi ! Voilà qui tu es, tu es comme ça !”... On pense avoir enfin trouvé le repos, on pense pouvoir “lâcher prise”.. Mais il s’agit dans ce cas particulier plus de lâcheté que de lâcher-prise… Et c’est ainsi qu’on arrête de grandir, qu'on se fige, qu’on se contente d’une version de soi-même totalement diminuée, ratatinée… 

Nous devons être conscients que toute autre identité que celle du Abdullah est limitante. Toute autre identité est trahison de notre floraison intérieure. Toute autre identité est une mort qui menace notre vie intérieure, celle de la graine de connaissance de Dieu dont nous sommes tous porteurs. Alors, tu dois te positionner, ma sœur, mon frère. Positionne-toi. Engage-toi. Refuse toutes les propositions, toutes les projections, toutes les images qu’on te propose de toi-même, celle du toi confus, du toi vaincu ou même vainqueur, du toi perdu, du toi douteux, du toi faible ou supposément fort… Tout cela, ce n’est pas toi. Toi, tu ne peux te définir que par Lui : tu es fort tant que Tu appartiens au Fort ! Tu es puissant tant que ta puissance te vient de Lui ! Tu es grand tant que Tu t’accroches à Sa Grandeur ! Tu n’as pas d’image tant que tu es à Son Image ! Ce qui revient à être au-delà de toutes les images, en dehors de toutes les cages...

 

Cet enseignement est extrait de notre ouvrage Le compagnon de route du Pèlerin, prochainement disponible. 

Pour vous accompagner dans cette période de Dhoul Hijja, découvrez notre playlist vidéo La caravane du pèlerin 

 

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