De la Croyance et l’Appartenance à la Confiance et le Partenariat

Jun 23, 2025

Dans le paysage spirituel actuel, nombreux sont les chercheurs en quête de sens qui se sentent désillusionnés—non pas par le sacré en lui-même, mais par les structures censées le porter. Pour beaucoup, notamment au Canada et dans d’autres sociétés modernes et sécularisées, les institutions religieuses traditionnelles ne sont plus des véhicules vivants de transformation. Alors, les chercheurs se tournent vers ce qui semble plus « spirituel »—des gourous, des maîtres, des rituels sacrés venus de terres lointaines—espérant y trouver quelque chose de vrai.

Mais le chemin spirituel ne consiste pas seulement à chercher du nouveau. Il s’agit de changer de paradigme.


Le Réconfort de la Croyance et de l’Appartenance

Pour la majorité des personnes dites « religieuses », le but n’est pas la transformation, mais la stabilité. Il y a un désir profond de croire en quelque chose et d’appartenir à quelque chose. Ces deux besoins—croire et appartenir—semblent spirituels, mais servent souvent la survie de l’ego.

Croire est facile. Cela ne demande que peu au cœur, peu à l’intellect. C’est passif. On s’accroche à un credo, à une promesse, à une revendication. Cela devient une zone de confort : « Je crois, donc je suis en sécurité. »

Appartenir est tout aussi facile. Cela permet de déléguer sa responsabilité : « J’appartiens à ce groupe, à cette tariqa, à cette religion. C’est eux qui me portent. » En période de réussite, les victoires du groupe sont partagées. En temps de crise, les torts sont projetés à l’extérieur.

Mais ce modèle—croire et appartenir—mène à la stagnation spirituelle. Il résiste au changement. Il évite la remise en question. Et surtout, il dissimule la peur sous un voile de piété.


Le Chemin de la Confiance et du Partenariat

La véritable maturité spirituelle nous appelle à quelque chose de plus exigeant, mais infiniment plus vivant : la confiance et le partenariat.

Faire confiance n’est pas la même chose que croire. La croyance est mentale, figée. La confiance est vivante, évolutive. Elle est relation consciente et dynamique—qui se tisse à travers le doute, l’expérience, les blessures et les guérisons. Avoir confiance, c’est oser questionner. C’est oser se tromper. C’est oser grandir, parce que je fais confiance en la bonté et en la sagesse de ce qui me porte.

Cela vaut aussi bien pour nos relations humaines que pour notre relation au Divin.

Dieu ne nous demande pas de « croire et d’appartenir ». Ce sont les systèmes qui réclament cela. Dieu nous invite à faire confiance et à collaborer. Il/Elle dit : « N’ai-Je pas assez montré pour que tu Me fasses confiance ? » (cf. Al-Qor‘an 39:36). Dieu n’impose pas la confiance—Il/Elle l’inspire, et nous invite à y répondre.

Depuis le commencement, l’histoire est celle d’un partenariat. Adam fut désigné khalīfa—non pas comme un serviteur passif, mais comme un partenaire dans le projet divin de cultiver la justice et la paix sur Terre. Le message n’est pas : « Laisse-Moi faire. » Le message est : « Marche avec Moi. Œuvre avec Moi. Participe avec Moi. »


Dans Toutes les Relations : Confiance et Partenariat

Ce changement de paradigme s’applique à tous les domaines de la vie.

Dans le mariage, la confiance et le partenariat sont la base—et non la possession ni l’appartenance. En amitié, nous ne nous appartenons pas les uns aux autres. Nous avançons côte à côte, en partenaires de croissance. Dans la communauté, le groupe mûr ne demande pas la croyance ni la loyauté aveugle. Il appelle à la co-création, à la responsabilité partagée.

Ce modèle est plus exigeant. Il appelle à l’authenticité, à l’humilité, à la sincérité. Mais c’est le seul dans lequel l’âme peut réellement s’épanouir.


Pourquoi l’Ego Préfère l’Appartenance

Pourquoi alors tant de personnes choisissent-elles la croyance et l’appartenance ? Parce que c’est plus sécurisant. Parce qu’il est plus facile de croire en un shaykh « miraculeux » que de discerner si un enseignant est véritablement digne de confiance. Il est plus facile d’appartenir à un « groupe pieux » que de faire face à l’ambiguïté de sa propre croissance. L’ego cherche la sécurité, la reconnaissance, le sentiment d’être spécial. Mais l’âme—le qalb—cherche la vérité, la confiance, la transformation.

Même dans la voie sacrée de la tarbiyah, ce dont nous avons besoin n’est pas de quelqu’un à vénérer, mais de quelqu’un en qui l’on peut faire confiance. Pas quelqu’un qui nous fait sentir spéciaux, mais quelqu’un qui sacrifie son propre ego pour notre maturation. Quelqu’un qui dit : « Ce n’est pas à propos de moi, c’est à propos de toi. »


L’Appel à une Nouvelle Éthique Spirituelle

Ce moment historique nous appelle à une nouvelle éthique spirituelle. Une éthique non enracinée dans la nostalgie des formes passées, mais dans le courage de la confiance. Une éthique qui dit :
• Je fais confiance, donc je grandis.
• Je me trompe, donc j’apprends.
• Je n’appartiens à personne, mais je marche avec ceux en qui j’ai confiance.
• Je ne crois pas aveuglément, mais je fais confiance en conscience et je m’engage avec responsabilité.

Même le Prophète Muhammad, s’il était parmi nous aujourd’hui, ne nous demanderait pas d’imiter aveuglément le passé. Il dirait : « Quelle est la vérité ici et maintenant ? Que réclame Dieu dans ce moment présent ? »

Le chemin à venir ne consiste pas à s’adapter aux anciens systèmes. Il s’agit de marcher sur une voie vivante de confiance. Il s’agit de co-créer un monde dans lequel le sacré n’est pas imposé, mais accueilli ; non pas revendiqué, mais honoré par la confiance.

Ce n’est pas le chemin de la croyance et de l’appartenance. C’est le chemin de la confiance et du partenariat.

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