Cette Nuit de mi-chabane est une nuit où nous célébrons le Pardon Divin en faisant nous-même ce travail de chercher à pardonner et libérer les autres des chaînes pesantes de nos attentes, de notre insatisfaction et de notre déception. Cette nuit, je souhaite dire à chaque âme que je vous pardonne, qui que vous soyez et quoi que vous ayez pu faire à mon égard… Et je vous demande, s'il vous plaît, de faire la même chose à votre tour. Je vous demande pardon, et vous implore de vous libérer vous-même !
J'aimerais aussi partager avec vous ces réflexions sur le verset 22 de la sourate an-Nour dans lequel nous sommes invités à pardonner chaque âme qui aurait pu nous faire du mal. On note dans ce verset qu’avant de nous dire de pardonner et d’oublier tout mal qui nous a été fait, l'Essence et l'Intelligence Divine recommande à notre intelligence de dépenser et de donner… Pourquoi ?
Parce que donner est plus facile que pardonner ! En effet, si donner est une action, un acte que l’on fait, pardonner est un état intérieur qui concerne l’être, et non le faire. Or, nous savons bien que faire est plus facile que d'être, et c'est la raison pour laquelle il nous est recommandé, dans la voie spirituelle, de nous investir dans et par de bonnes actions qui nous permettront de cultiver en nous un bon état intérieur. On peut dire (si cela peut aider à se repérer ceux qui sont habitués à la terminologie soufie) que donner, c’est la tariqa (méthode, exercice, voie), tandis que pardonner est la haqiqa (réalité, vérité et réalisation)…
Quand on y pense, le fait de ne pas remercier et de ne pas montrer aux gens qu’on apprécie ce qu'ils font pour nous est ni plus ni moins qu’une forme d'animosité et d’hostilité passive. Or, vous serez d'accord avec moi si je vous dis qu’une attitude passive/agressive est bien plus amère et douloureuse à vivre qu’une vraie confrontation, et ce même si cette dernière est faite avec agressivité.
Le manque de gratitude est une forme de rancune passive. Pardonner est une preuve de générosité de l'âme alors que donner est un acte de générosité, un acte pour exprimer et développer la générosité !
C'est ce que l'on comprend du verset 22 de la sourate an-Nour : avant de « pardonner » les autres, il faut s'investir et être réellement investi dans l’aide et l’assistance envers ceux qui sont dans le besoin. Sinon, notre pardon restera purement théorique et pourrait se réduire à une fausse prétention et à une imposture !
L'action de s'investir, de donner et de lutter dans la Voie Divine fonctionne comme un « activateur » de la prédisposition à pardonner, pour ceux qui comprennent cette terminologie 😉
Maintenant, pardonner ne consiste pas à maintenir la paix, mais plutôt à faire la paix. Les « gardiens de la paix » sont la plupart du temps les premiers responsables des pires guerres à cause de leur égocentrisme, de leur égoïsme et de la défense de leurs intérêts personnels… Alors que faire la paix est un processus qui demande des étapes, étapes qui peuvent être difficiles et exiger que l’on lutte, comme nos ancêtres nous l'ont montré. Je me rappelle et vous rappelle ici ce dicton bien connu attribué au Prophète et enseignant universel Jésus fils de Marie, selon Matthieu (10:34) :
« Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre : je ne suis pas venu apporter la paix mais l’épée ! ».
Il dit en d'autres termes qu'il n'est pas venu offrir à l'humanité une forme de paix « passive », sans vie et sans signification qui ne serait rien de plus qu'une zone de confort. Il est venu avec une épée pour établir une paix réelle, éternelle et puissante : La Paix !
Nous demandons à notre Seigneur en cette nuit bénie de nous donner un “qalb salim”, terme qui peut avoir plusieurs significations. Nous lui demandons un “qalb salim” au sens d’un cœur sain et sécure, un cœur rempli de paix, et un “qalb salim” au sens d’un cœur piqué, brûlé et passionné d'Amour Divin !
Nous demandons à notre Seigneur, Maître et Créateur de nous guérir de l'égoïsme, qui est la cause de toute douleur ! Donner et pardonner ne sont que la preuve et la manifestation d'une personnalité qui a lutté contre son égoïsme et son égocentrisme !
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Voici un texte que j’ai écrit hier soir, à l'occasion de la Nuit du Pardon, nuit de mi-Cha’bane. A noter que si nous avons eu l’opportunité en cette nuit particulière de faire ce travail de sondage intérieur en quête de pardon à donner aux autres, notre Seigneur sait combien ce travail est celui d’une vie, un travail qu’il nous faut sans cesse renouveler, et remettre à jour… C’est pourquoi, dans Sa Grande Générosité, Il nous accorde une deuxième nuit du Pardon en quelque sorte, la veille du premier jour du mois de Ramadan, qui aura lieu dans deux semaines. Ainsi, si vous avez raté le coche cette nuit, ou si pardonner d’un seul coup vous a semblé trop difficile et vous demande plus de temps, sachez que d’autres opportunités arrivent à grands pas, et qu’il est encore temps de faire ce travail intérieur de libération de vous-mêmes, et des autres !
