Souvent, nous vivons cette existence pensant que les autres ont besoin de nous et que nous devons venir occuper l’espace autour d’eux. Or, cette terre était déjà comblée et fonctionnait très bien avant l’apparition de l’humanité. Dieu n’a pas besoin de nous, c’est nous qui avons besoin de tout ce qu’Il a créé pour nous.
Notre slogan, en tant que croyant, doit être : “Comble le vide, pas l’espace”.
En d’autres termes : “réponds aux manques et aux besoins de ton contexte. N’occupe pas l’espace de manière stérile”.
LA DIFFÉRENCE
La différence est de taille : les déchets occupent l’espace et le remplissent sans rien y produire tandis que les arbres comblent un vide et apportent de la vie autour d’eux. Ils poussent et donnent à la terre ainsi qu’à leur environnement ce dont ces derniers ont besoin.
Ainsi, je m’invite et je vous invite, avant de venir dans une maison de Dieu ou de vous rendre aux cercles de développement de conscience, à nous poser la question : sommes-nous en train de remplir l’espace comme si cet endroit et la personne qui y enseigne avaient besoin de notre présence ? Ou y allons-nous pour combler un vide ? Car il y a toujours un manque à combler en réalité…
Dans nos cœurs se trouve un vide qui ne peut être comblé que par Dieu. Ce vide se comblera de manière proportionnelle à la conscience qu’Il nous donne du vide et des besoins autour de nous. Car en réalité, c’est lorsque l’on répond à l’appel de Dieu en travaillant à répondre aux besoins extérieurs qu’Il viendra remplir et combler notre vide intérieur en retour.
"L’objectif de l’être humain est de devenir un arbre vivant, un arbre de vie qui comble les manques et répond aux besoins de son environnement."
Il nous faut donc renouveler nos intentions, mais pas juste dans la forme. Cette formule est devenue un cliché, alors essayons d’y remettre du sens.
Avant même de sortir de chez nous, posons-nous les bonnes questions : “où est-ce que je vais et pourquoi ? Que vais-je y faire ? Est-ce que je vais juste occuper l’espace comme si ma présence était vitale pour les autres ? ou est-ce moi qui ai besoin de combler le vide par des propositions et des actions adaptées ?
Le simple fait de nous poser cette question va dicter notre comportement par la suite.
Personne ne veut être un déchet qui occupe l’espace. L’objectif de l’être humain, au contraire, est de devenir un arbre vivant, un arbre de vie qui comble les manques et répond aux besoins de son environnement. Des gens qui se posent la question : où est le vide ? Quel est le manque ? Que puis-je faire ?
LES MAISONS DE DIEU ET LES CERCLES DE DÉVELOPPEMENT DE CONSCIENCE
Les rassemblements de développement de conscience n’ont pas pour objectif de nous faire chanter et danser. C’est loin d’être un jeu, c’est une affaire très sérieuse ! Nous nous réunissons afin de développer notre conscience quant à la Présence de Dieu. Nous venons apprendre comment purifier notre attention, clarifier notre vision, comment être en harmonie avec notre environnement et former d’un cercle harmonieux. Comment nous synchroniser avec les gens autour de nous, synchroniser nos voix avec les voix de nos frères et sœurs, les battements de nos cœurs avec les leurs. Nous venons cultiver cette beauté, ce désir, cette propension au bien qui a besoin de se développer en nous.
Ce sont des cercles d’apprentissage. Alors, s’il vous plaît, gardons l’humilité de celui qui apprend. Si vous vous trouvez dépourvu d’humilité, ne venez pas. Ne marchez pas dans ces assemblées si vous ne ressentez pas ce frisson, cet espoir, cette vie, cette humilité de l’apprenant. Nous y venons pour apprendre à être redirigés et célébrer le fait d’être dirigé. Pour apprendre à être corrigés, et célébrer le fait d’être corrigé. Pour célébrer le fait d’être co-érigé, élevé, purifié et cultivé dans la Présence et le Regard Divin.
"Nous venons cultiver cette beauté, ce désir, cette propension au bien qui a besoin de se développer en nous."
Ainsi, avant de nous rendre dans ces lieux, nous devons nous demander quelles seront nos contributions. Allons-nous juste occuper l’espace avec nos gesticulations et y ajouter notre confusion ? Ou allons-nous contribuer et ajouter notre énergie positive à celle de l’endroit et du moment ?
Nous poser cette question dès le début de la journée va influer sur tout notre comportement tout au long de celle-ci. Cela impactera aussi bien l’heure à laquelle nous nous rendrons à la mosquée, notre manière de nous asseoir, les habits que nous porterons, le montant d’argent que nous prendrons sur nous comme aumône à donner, notre souci à ranger convenablement nos chaussures que le comportement que nous adopterons au contact de nos frères et sœurs.
Et plus encore, cette attitude est contagieuse. Elle va se diffuser, se propager sur nos enfants, sur les gens qui nous entourent, et jusqu’à l’ensemble de l’assemblée. Cela va pousser tout le monde à se comporter de manière constructive et positive et à être présent et dans le respect de l’harmonie.
MAINTENANT !
Mes chers frères et sœurs, n’attendons plus, commençons dès aujourd’hui ! Posons-nous ces questions : est-ce que je viens pour occuper l’espace, pour éclabousser des petits morceaux de moi-même partout dans la pièce ? Dieu n’a pas besoin de personnes se répandent et s’étalent eux-mêmes sur le tableau de l’existence pour créer une pseudo œuvre d’art dite postmoderne ou surréaliste !
Le Prophète Mohammed (que Dieu continue de nourrir son être, sa lumière et notre connexion à lui) nous a très bien décrit les personnes de la fin des temps : des gens étranges et disharmonieux, des personnes incohérentes… Ne soyons pas comme eux ! Même si nous pensons être arrivés à la fin des temps, choisissons de vivre ce contexte pleinement en nous identifiant gens des premiers temps (as-sabiqoune).
"Si la fin des temps vient et que tu as une pousse dans tes mains, alors plante-la !" - Prophète Mohammed - (que Dieu continue de nourrir son être, sa lumière et notre connexion à lui
Car en réalité, à la fin des temps, il y aura certes ces gens étranges, mais il y aura aussi des gens qui se conduiront comme les Prophètes et comme nos ancêtres spirituels. Pensez-vous que ceux qui accompagneront l'imam al-Mahdi et le Prophète Jésus (que Dieu continue de nourrir leurs êtres et nous connecte à eux) seront étranges comme la majorité des gens de notre époque ? Qu'ils mangeront comme on mange à notre époque ? Où qu'ils marcheront sur Terre en éclaboussant leur présence partout sur le tableau de l'existence comme nous le faisons ? Non, bien sûr que non !
Choisissons notre camp dès aujourd’hui, mes chers frères et sœurs.
Choisissons d’être des gens libres, des “AbdAllah” : des gens qui revendiquent leur appartenance à Dieu Seul, et qui forgent leur identité en Dieu et par Dieu. Des gens qui choisissent d’être soumis à Lui plutôt que d’être esclaves de leur temps et de leur contexte ! Prenons la décision ferme et sans retour d’être parmi ceux qui écrivent le meilleur texte même dans ce contexte. Car notre bien-aimé Prophète nous a indiqué la marche à suivre : “Si la fin des temps vient et que tu as une pousse dans tes mains, plante-la”... En d’autres termes : va combler le vide, et ce même si nous sommes rendus à la fin des temps !
Nous le répétons encore une fois, il nous faut absolument interroger à ce sujet. Est-ce que nous fréquentons la mosquée ou les cercles de développement de conscience afin de nous étaler, de prendre de la place et gesticuler inutilement ou pour contribuer au bien-être de ce lieu et en faire un centre de bien-être spirituel ?
COMMENT JAUGER ?
De manière plus concrète, voici un moyen de jauger la qualité de notre présence : Dieu a placé des gens afin d’être le cœur battant de ces de ces assemblées, ceux qui vont leur donner leur pouls… Sommes-nous au service de ces personnes ?
Ce fait relève d’une habitude de Dieu Lui-même. C’est la manière dont Il a créé la vie : un cœur battant qui va distribuer ses pulsations à tout l’organisme. Tout se passe autour de lui, en fonction de lui. Même pour fabriquer une machine, il faut un moteur, puis le reste de l’appareil agit en harmonie avec ce dernier. Jamais on ne peut voir une roue de voiture qui refuserait de suivre la direction donnée par le moteur. Car dès qu’une dysharmonie apparaît, c’est en réalité une preuve de mauvaise santé de la machine, et de dysfonctionnement !
On ne doit pas venir à la mosquée avec nos démons. il nous faut tout laisser à l’extérieur : nos bagages, notre colère et nos problèmes. Prendre un temps avant d’entrer afin de se poser et trouver le calme en nous-mêmes avant d’y pénétrer.
Par la grâce de Dieu, nous ne sommes pas en train de gaspiller notre temps dans ces lieux, donc travaillons ensemble nos intentions avant de venir. Une bonne intention et un peu d’attention nous épargneront beaucoup de tensions ! Et honnêtement, nous voyons bien que toutes les tensions qui se créent viennent du fait que nous ne nous sommes pas posés ces questions : marchons-nous dans les pas bénis de notre Bien-aimé en répondant et même en anticipant les besoins ? Ou sommes nous en train de reproduire le schéma de satan qui s’installe dans chaque espace libre qu’il peut trouver ?
"Une bonne intention et un peu d’attention nous épargneront beaucoup de tensions !"
Car c’est la manière dont notre Prophète ( que Dieu continue de nourrir son être, sa lumière et notre connexion à lui) a décrit les démons, que Dieu nous préserve d’eux. Il nous a bien dit de ne laisser ne laisser aucun espace, aucun vide pour eux, car c’est ce qu’ils attendent : des espaces inoccupés qu’ils peuvent occuper à leur guise, sans s’intéresser aux besoins des gens autour d’eux. Car les démons occupent l’espace vacant, celui où l’on n’est pas investi et que l’on laisse disponible. Si tu ne remplis pas le vide, il sera un espace disponible pour eux. Il nous faut démystifier satan, son essence est la distraction, rien de plus.
L'ART DE DONNER SON COEUR
Aussi, lorsque nous sommes engagés dans le service, cultivons le fait d’apporter nos cœurs à ce que nous sommes en train de faire. C’est une chose qui est devenue si bizarre, si étrange de nos jours. Lorsque nous sommes face à des gens qui ont vraiment apporté leurs cœurs dans leur travail, nous pensons que ces personnes sont malades ! Nous passons notre temps à nous demander comment et pourquoi ils s’investissent autant dans leurs tâches sans demander de contrepartie financière… Nous constatons avec regret que de nos jours, la sincérité est devenue chose étrange…
Pourtant, il s'agit de la Maison de Dieu ! Donner de soi sans compter devrait être le standard pour quiconque a eu son pain quotidien ! Ce n’est que depuis peu de temps que les mosquées ont besoin de payer des gens pour bâtir ou rénover leurs locaux. Nous sommes même arrivés au point où nous devons payer des personnes pour venir nettoyer nos sanitaires et nos pièces dédiées aux ablutions… Nous éclaboussons de notre présence dans la mosquée comme nous éclaboussons l’eau autour de nous en en mettant partout sans prendre la peine de nous soucier et de nettoyer après notre passage...
"La raison pour laquelle nos enseignants nous donnent ces opportunités d’investissement : pour nous apprendre à donner entièrement nos cœurs à la cause de Dieu."
Prenons les activités bénévoles comme des opportunités, avec conscience que ces moments ne reviendront pas ! Ils doivent être saisis comme des occasions de cultiver cet art perdu de donner notre cœur. Pleinement et complètement. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nos enseignants nous donnent ces opportunités d’investissement : pour nous apprendre à donner entièrement nos cœurs à la cause de Dieu.
Dieu a défini l’investissement ou la lutte dans Sa cause (jihad) comme étant un moyen (wassila). Ce qui signifie qu’en réalité, on ne prie pas pour que Dieu nous donne la victoire au combat. C’est l’opposé. On s’investit afin de se rapprocher de Dieu, la lutte n’est pas une fin en soi, elle est un moyen vers Sa proximité.
Nous devons donc nous investir, que ce soit en période de guerre ou de paix. Par Sa Grâce, Il nous a donné cette opportunité de nous investir complètement et pleinement dans un contexte de paix. Nos ancêtres, eux, n’ont pas eu ce confort, ils ont dû s’investir pleinement malgré tout. Au final, cela revient au même : nous devons toujours donner notre être et nos biens dans la Voie. Nous devons en tout temps travailler à notre convergence, cultiver l’art de donner entièrement notre cœur.
La personne qui choisira d’appliquer ces conseils deviendra petit à petit une personne de conscience qui s’interrogera en permanence : suis-je au service de mon Prophète (que Dieu continue de nourrir son être, sa lumière et notre connexion à lui) et de ma communauté ? ou suis-je en train de les desservir ? Suis-je dans le paradigme de combler les manques et les besoins ou dans le paradigme d’occuper l’espace en vain ?
C’est ainsi que le fruit de notre investissement peut devenir une belle œuvre d’art, un lotus flamboyant, une chose qui permettra aux personnes par la suite, rien qu’en le regardant, de se connecter à travers nous à nous et à Celui qui nous transcende tous !
Que Dieu nous synchronise tous et synchronise tous nos désirs avec les besoins de notre époque.
