Prier à l'heure ou être présent dans sa prière ?

Jun 08, 2024

La vidéo qui a été publiée hier m’a rappelé le très beau souvenir de mon premier pas-sage en Ardèche chez mon ami Ali et a suscité en moi cette réflexion que j’aimerais vous partager ici.

Mon ami Ali est thérapeute spécialisé en sophrologie et acupression. J’essaie de lui rendre visite dès que je peux quand je suis en voyage dans le Sud de la France lorsque le temps me le permet depuis que j’ai commencé à réaliser (il n'y a pas très longtemps, j’avoue) que j’avais un corps dans lequel je devais apprendre à bien m’incarner si je veux bien honorer et accueillir les cadeaux que Dieu me fait.

Comme plusieurs personnes, j’ai cette préférence pour les voies de guérison qu’on appelle aujourd’hui « alternatives » car elles me semblent plus enracinées dans un héritage ancestral de « Hikma » ou art de vivre en harmonie dans son corps et avec son environnement…

 

Visionnez sa vidéo ici :

Cependant, ce que j’aime le plus chez cet ami et ce que je cherche à chaque fois que je me rends à son cabinet, c’est son enracinement authentique dans sa foi et dans son environnement, son entièreté, son humour, et sa façon de vivre et d’approcher la religion. Voilà pourquoi j’ai trouvé intéressant de vous le présenter. Son approche de la religion et de la foi, à la fois si simple et si profonde me rappelle en quelque sorte un parfum ancestral, le parfum de mon grand-père Ali, de ma grand-mère Hajja Saleha ou encore de mon premier Maître Soufi, Sidna cheikh Belqassem que leurs âmes reposent en paix…

Je reste toujours assoiffé pour la rencontre des personnes perméables à apprendre avec leur Rabb et leur Dieu “en direct”… Ces personnes qui contemplent en permanence le Livre Ouvert de l’Uni-vers dont les enseignements sont intarissables, Le Livre de l’Être, et ne se limitent pas à des informations enregistrées dans des livres dont on peut compter le nombre des mots et des lettres… Ceux qu’on appelle les “pauvres en esprit” selon une traduction de Matthieu 5.3 : “Heureux soient les pauvres en esprit, car le Royaume des Cieux est à eux” justement parce qu’ils arrivent à le contempler et voyager dedans.

Ces gens qu’on appelle les « fouqara »… Abou Madyan l’a dit il y a mille ans et sa voix comme sa voie résonnent encore et vibrent toujours en moi :

« La vraie joie de vivre n’est accessible qu’en présence et en compagnie des Fouqara ! ».

 

Les fouqara, ce sont ceux qui ont décidé de suivre la religion des grands-mères et non pas celle de la grammaire… Les gens de la mer qui marchent sur l’eau sans besoin de la scinder en deux par une voie de terre rigide ni chemin de fer et des « faire » et “ne pas faire”… Des gens simples qui ont fait le choix de ne pas s’encombrer et s’attarder sur des aspects qui pourraient inhiber la floraison du pot-en-Ciel de leurs âmes, celui de connaître une réelle expérience avec Le Divin. Ces gens qui se sont libérés du souci de rentrer dans un cadre ou encore chercher leur sécurité et leur stabilité dans une structure rigide et complexe… Ces impatients qui préfèrent voyager libres et légers de toute lourdeur qui les ferait couler dans l’eau ou les collerait au sol, les rendant incapable de se lever, s’élever et de s’envoler.

Le chemin vers Le Divin est en réalité un chemin si large (et le mot est bien petit) qu’il nous embrasse tous là où nous sommes, tels que nous sommes… C’est d’ailleurs de cette manière que j’aime traduire “as-sirat al-moustaqim” , traduit si souvent par “le chemin droit” dans le Qor’an.

Le chemin « droit », cela me paraît bien trop rigide, bien trop limité et bien trop étroit pour un Dieu si Généreux, si Vivant, si Grand, si Un et si Infini, qu’Il ne peut être crucifié et figé sur une croix de “trois”. “As-sirat al moustaqim” serait plutôt un chemin de croissance spirituelle et non pas un schéma de croyances dogmatiques et de complexes de supériorité “morale”.

 

Pour aller plus loin, lire notre article Sirat al-moustaqim : la Voie Universelle et Intelligente

Je réalise combien nous perdons beaucoup trop de temps sur des détails dans “la pratique” de la prière rituelle par exemple... des détails qui risquent de faire perdre la Vie au sens spirituel et nous faire perdre de vue l’Esprit de la salât auquel nous sommes venus nous unir à travers le rituel…

Nous sommes souvent tellement pris intérieurement par ces questions que nous ne parvenons pas à être simplement présents afin de vivre ce moment de Proximité avec Dieu. Qu’est-ce que le rituel de la salât si ce n’est une invitation à vivre le moment présent ?

Ce ne sont pas les mouvements physiques en eux-mêmes qui permettent l’expérience mais la qualité de notre présence dans cet exercice. Les mouvements physiques et les détails « cosmiques » comme les horaires, jours ou endroits précisés pour l’accomplissement des rituels ne sont là que pour développer en nous le pouvoir de l’attention qui va de pair avec le pouvoir de l’intention afin de cultiver l’être conscient…et qu'est-ce le pouvoir de l’attention si ce n’est d’être présent dans ce qu’on fait, d’être entier dans le moment présent… d’être un dans l’in-stant...

Certains ont le souci, quelque part légitime, de faire apprendre la salât (prière rituelle) à leurs enfants. Ils se trouvent souvent perdus devant une panoplie de manuels, méthodes et souvent même des jouets (comme le si célèbre nounours-enseignant de religion pour enfants Hamza sans yeux ou encore le tapis de prière interactif qui récite la Fatiha de façon robotique) qui ne s’attardent que sur la séquence “correcte” des mouvements et la “bonne” prononciation des paroles de prières.

 

 

Ces parents devraient se questionner si leur réel souci est celui de voir grandir spirituellement leurs enfants ou de trouver une sorte de contentement et satisfaction dans le fait que leur enfants “font la prière”...

D’ailleurs, nous devons tous nous questionner si notre souci est de vivre un vrai lien avec Le Divin à travers l’accomplissement du rituel de la salât (qui littéralement veut dire “lien”, “liaison” ou connexion”) ou de trouver une sorte d’assurance dans le fait de se conformer correctement à une orthopraxie.

Quelle devrait être la priorité ? Prier à l’heure fixée ou être présent dans l’instant présent lorsque nous prions ?

Je rejoins mon ami Ali qui nous appelle à être dans l’Instant Présent afin de ne pas répondre absent à ce rendez-vous avec Le Divin qui nous est offert dans chaque salât. Cultiver notre pouvoir et notre capacité d’être présent à travers des exercices méditatifs devrait être notre priorité afin d’apprendre à se rendre entièrement disponible et réceptif à La Présence Divine.

Voilà un art de plus en plus rare que nous devons rechercher, faire épanouir et essayer de transmettre aux générations futures afin de contribuer à l’émergence de l’Être : l’être humain conscient, la raison d’être de la Création…

Que chaque mouvement, chaque geste, chaque parole dans notre salât soit empreint de cette présence consciente, de cette ouverture à l'expérience de l'Esprit Divin qui nous enveloppe. Que notre pratique ne soit pas une simple répétition de gestes mécaniques, mais plutôt une danse sacrée où chaque pas nous rapproche un peu plus de l'Union tant désirée et recherchée par notre âme.

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Mon Ami et moi-même ainsi que d'autres intervenants seront justement présents au séjour Régénère-Essence organisé par le Mouvement Floraison qui sera une occasion pour vous accompagner à développer et cultiver cette présence si précieuse dans le moment, mais il sera également une belle opportunité de découvrir différentes voies de guérisons alternatives.

 

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