Rumi et la complainte du roseau

développement spirituel esprit poésie rumi Nov 07, 2022

La poésie et l’art ont toujours été des ponts universels entre les cœurs et entre les civilisations. A travers sa poésie, Mawlana Rumi a su expliquer et transmettre des secrets et tout un héritage classique. Son livre al-Mathnawi, est composé d’histoires mais aussi de beaucoup de récits classiques, de versets du Qor’an, de récits du Prophète Mohammed expliqués sous un autre angle, d’une nouvelle façon, à la fois plus simple et plus complète que les explications que l’on trouve habituellement… En voici un exemple. 

 

Rumi commence son livre premier ainsi :  

"Ecoute le ney raconter une histoire, 

Il se lamente de la séparation.

Depuis qu’on m’a coupé de la jonchée, ma plainte fait gémir l’homme et la femme. 

Je veux un cœur déchiré par la séparation pour y verser la douleur du désir…”

 

Essayons de lire ces quelques vers et de les décrypter pour comprendre ce dont Rumi parle, et ce dont quoi il nous invite à prendre conscience. 

Le ney, c’est ce morceau de bois devenu instrument de musique, un morceau de roseau coupé. Le roseau, lui-même, vient de la roselière, du champ de roseau, car c’est une plante qui ne pousse jamais seule. Si certaines plantes ou arbres poussent de manière solitaire et isolée, comme un olivier par exemple, ou le palmier (cela est certes rare mais cela reste possible), le roseau, quant à lui, ne pousse jamais seul, il est toujours en groupe. 

Lorsque le vent souffle sur la roselière, les tiges de roseau commencent à bouger, à se balancer, à danser ensemble, en harmonie, comme dans une étreinte, comme si elles se faisaient un câlin. Dans ce mouvement, on peut entendre un bruit, un gémissement, une très belle musique. 

Lorsque l’on coupe un roseau, il se trouve séparé de la roselière. Il devient alors esseulé, séparé de l’union dans laquelle il était. Dès qu’on souffle dans ce bois esseulé, il commence à raconter son histoire en émettant un  son similaire au son de la compagnie qu’il a connue, il se met à jouer seul la musique qu’il jouait auparavant avec ses compagnons. Il raconte donc l’histoire de la compagnie, et se lamente de la séparation. Il essaie également de transmettre le souvenir de ces temps passés… 

C’est ainsi, celui qui ne se lamente pas de la séparation ne pourra pas transmettre le souvenir. De la même façon, celui dont le cœur ne brûle pas de la séparation d’avec son Seigneur ne pourra pas transmettre le souvenir, ce que l’on appelle “dhikr” en arabe. Le dhikr, la conscience, le rappel, ne peut jamais provenir d’un corps froid, comme le Prophète Mohammed (que Dieu continue de nourrir son être, sa lumière, la force de son âme, son héritage spirituel et notre connexion à lui) nous l’a appris lorsqu’il a dit : “ce Qor’an est descendu avec tristesse, il a été révélé avec une grande charge de nostalgie, lisez-le donc avec nostalgie”. 

 


 

PROCHAIN SEJOUR D'ETUDE ET DE RESSOURCEMENT EN TURQUIE DU 19 AU 31 MAI 2023 ! 

Enseignement extrait du Café Rumi donné au Fort Saint André en Avril 2019

Plus d'analyse et de décryptage de la poésie spirituelle de Rumi dans notre rencontre du 11 novembre à Paris

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