La personne qui souhaite vivre avec Dieu doit cultiver sa conscience de Sa Présence (taqwa) à chaque instant de son existence. De manière concrète, cela se traduit par le fait de vivre en harmonie avec ce que Dieu attend de lui à tout moment et dans tout endroit, dans toute affaire, tout état ou situation qu’il va rencontrer sur son chemin de vie. Il s’agit donc d’être attentif et de comprendre ce que notre Maître Éducateur veut de nous dans le contexte dans lequel Il nous a placé.
Texte et contexte
Le contexte est l’ensemble des circonstances que Dieu crée pour nous. Le texte, c’est la décision que l’on prend face à ce contexte. Ainsi, la décision nous appartient, notre Seigneur ne décide pas à notre place de nos réponses à un contexte donné.
Dieu a décidé de fixer pour nous certaines choses de manière immuable. Par exemple, l’heure de la prière méditative (salât) ou l’endroit qui deviendra une mosquée. Et dans ce contexte qu’Il aura lui-même défini, ce sera à nous de décider du texte que nous souhaitons écrire : comment nous allons nous comporter lorsque l’heure de la prière se présente ? De quelle manière allons-nous traiter cet espace sacré ? Dieu décide également du rythme des mois, de Rabbi` al Awwal qui arrive par exemple, ou de Mouharram que nous avons quitté. Dieu se tourne vers nous et attend de voir la manière dont nous allons honorer ces moments-là, que ce soit le mois de naissance de Son Bien-Aimé (que Dieu continue de nourrir son être, sa lumière et notre connexion à lui) ou tout autre évènement qui mérite d’être vécu avec intention et attention. En réalité, nous pourrions répéter cet exercice pour chaque occasion de notre existence.
La manière dont nous faisons face au contexte relève donc entièrement de notre décision. C’est selon celle-ci que nous serons jugés, et que Dieu nous élèvera ou nous rabaissera. Que ce soit la faim de l’affamé, la joie du joyeux, la mort, la naissance… tout cela n’est que contexte. Notre Créateur nous place chaque jour dans un nombre incalculable de circonstances différentes, et le texte nous revient entièrement. Nous devons réaliser qu’il nous faut écrire le texte que nous souhaitons lire sans honte ni malaise devant Lui et l’assemblée des Anges le Jour du Jugement.
La marche à suivre
Notre Bien-Aimé Prophète Mohammed (que Dieu continue de nourrir son être, sa lumière, la force de son âme, son héritage spirituel ainsi que notre connexion à lui) nous a expliqué la manière dont nous devons nous comporter, et ce en toute occasion. Pour chaque contexte, nous pouvons trouver une tradition prophétique (sunna) à appliquer, que ce soit dans la mosquée que dans tout autre lieu, même ceux qui sont les moins sacrés.
Car il y a en réalité plusieurs façons d’exprimer notre conscience de Sa Présence. Il faut donc se tourner vers Dieu à chaque occasion pour lui demander de nous accorder cette capacité de suivre la Volonté et le Cadre Divins, ainsi que celle de comprendre ce que sont les jours de Dieu, car c’est à Lui qu’ils appartiennent et c’est à Lui que nous les devons.
Ces jours du mois de Safar, dans lequel nous nous trouvons actuellement, doivent être considérés comme des jours de Dieu car c'est durant ce mois (au milieu ou vers la fin de ce dernier) que le Prophète Mohammed (que Dieu continue de nourrir son être, sa lumière, la force de son âme, son héritage spirituel ainsi que notre connexion à lui) a quitté La Mecque pour effectuer sa migration vers Médine. Accompagné de notre Maître Abu Bakr (que Dieu soit satisfait de l’amour que nous lui portons et nous connecte à son héritage), il nous a livré un enseignement très important sur l'art de quitter un endroit aimé et béni, un enseignement sur l'art de savoir partir.
En sortant de la ville sacrée, il a marqué un arrêt afin de s’adresser aux murs et aux pierres qui avaient l’habitude de le saluer chaque jour sur son passage. Il leur dit : “Par Dieu, il n’y a pas un endroit que j’aime plus que celui-ci. Mais mon départ relève du Choix Divin.” Il savait pourtant qu’il se dirigeait vers un lieu et une victoire plus grands sur le plan matériel et physique, qu’il allait y trouver des soldats ainsi que des gens pour le protéger et lui apporter leur soutien. Malgré cela, il nous a montré que le départ est un moment important, et il a même formulé une prière en ce sens : “Mon Seigneur, je me réfugie auprès de Toi, du fait que ce départ soit une punition, ou un rejet de Ta part.” Il n’a pas quitté ces murs familiers sans prendre le temps de leur dire au revoir, en se disant que de meilleures choses l’attendaient ailleurs... Non, au contraire, il s’est accordé ce moment pour l’honorer comme il se doit, pour pleurer et faire le deuil.
Le chant du cygne
Voilà en quoi consiste la tradition du Prophète dans des moments comme ceux-là : remercier, demander pardon et continuer de prier pour l’avenir.
Il existe une expression française que l’on utilise pour évoquer la plus belle œuvre qu’un artiste puisse produire qui survient juste avant son dernier souffle : “le chant du cygne”. Cette expression illustre bien ce à quoi tout homme ou femme de foi doit aspirer dans sa vie, car cela correspond à la bonne fin (housnou l-khatima) que nous souhaitons tous vivre en quittant ce monde. Nous devons prendre conscience que si nous souhaitons avoir une bonne fin, il nous faut pratiquer et cultiver dès maintenant cette attitude de toujours bien finir tout ce que l’on entreprend.
Ce qui revient tout simplement à finir les choses que l’on a bien commencées avec beauté, mêmes les petites choses du quotidien. À partir de ce moment-là, Dieu, par Sa Grâce, nous offrira une fin de vie en toute beauté également.
De nos jours, les gens commencent beaucoup de projets et proposent beaucoup d’idées, et parfois cela part dans tous les sens, pour qu’à la fin tout le monde abandonne et laisse tomber le dit-projet sans l’avoir abouti, ne serait-ce qu’un petit peu. Et ne restent souvent à la fin que les personnes les plus ancrées, les plus solides. Celles que l’on peut comparer aux grosses pierres dans la vallée car elles ont patienté suffisamment longtemps pour grandir et se construire, devenir fortes et stables afin de ne pas se laisser perturber par les évènements autour d’eux.
Pourtant, nous devons être conscients que nos actions seront jugées selon la manière dont nous les finirons.
Lorsqu’une page de notre vie se termine, il nous faut l’honorer avant de la tourner. Pas avec un sentiment de culpabilité, de colère ou de négativité, mais plutôt avec honneur, en étant habité par un sentiment noble de tristesse sacrée. Faire de ce moment un moment prophétique, et non un moment pathétique.
Qu’est-ce qu’il nous faudrait mettre en place pour parvenir à cela ? Pas grand chose en réalité. C’est très simple. Au minimum, il suffit de prendre le temps d’honorer et de remercier. Et de demander pardon aussi, que ce soit pour notre manque d’authenticité ou d’efforts. Car les murs et les périodes que l’on quitte viendront un jour témoigner pour ou contre nous devant Dieu. Nous devons être connectés à ces réalités et comprendre la Sagesse Divine qui nous entoure en toute chose.
Cherche le secret de chaque opportunité
Nous n’avons rien créé en réalité, ni ces moments, ni ces lieux, ni la vie, ni la mort… Il nous est donc impossible de comprendre le secret de chaque chose… Alors soyons humbles cher frères, chères sœurs, et surtout, ne nous limitons pas ! C’est Dieu qui a tout créé, c’est donc Lui qui connaît le secret de chaque chose, le “mode d’emploi” de chaque moment, de chaque endroit, de chaque opportunité, ainsi que la bonne façon d’en bénéficier. Ainsi, le seul et unique moyen de pouvoir comprendre ces trésors cachés est de s’harmoniser et se connecter à Dieu et de Lui demander : “Ô mon Seigneur, donne-moi le secret de ce moment pour que je puisse bénéficier de sa sagesse, du bien et du pouvoir multiplicateur du bien que Tu as placé en lui”. Car Lui Seul sait comment tout cela fonctionne, de la même manière que le fabriquant d’un produit offre aux utilisateurs un manuel d’utilisation car lui seul sait comment il marche.
Finalement, qu’est-ce que le Secret Divin de telle ou telle chose ? C’est ce que Dieu veut nous voir ressentir, l’état d’esprit et l’état émotionnel dans lequel Il souhaite nous placer, ainsi que la décision qu’Il veut nous voir prendre face à cette chose afin de pouvoir venir à Sa Rencontre.
Si nous souhaitons avoir une chance de nous approcher de ce Secret Divin, nous devons donc dans un premier temps chercher refuge contre l’insouciance. Il est tellement triste de voir des personnes en totale déconnexion dans des moments de grande connexion. De voir des gens tristes dans des moments de joie, ou des gens joyeux dans des moments de tristesse. Ou encore de constater la nonchalance de certains dans des moments d’inquiétude et de souci.
Nous demandons à Dieu de nous donner la capacité de répondre à Son Appel, c’est-à-dire de célébrer les choses qu’Il veut nous voir célébrer, de ressentir de la tristesse lorsqu’Il veut que nous soyons tristes et de nous rappeler que pour tout état humain, pour toute situation que nous rencontrons, nous pouvons trouver une habitude ou recommandation prophétique pour nous aider à la vivre pleinement et à en faire une occasion de connexion avec Lui. Ces traditions concernent autant les raisons qui devraient nous réjouir ou nous attrister, que la façon prophétique d’exprimer et de ressentir ces émotions... Quelle chance, quelle grâce nous avons ! Nous avons la possibilité, si nous le voulons vraiment, d’apprendre à célébrer et à pleurer de la manière dont notre Bien-Aimé le faisait (que Dieu continue de nourrir son être, sa lumière, la force de son âme, son héritage spirituel ainsi que notre connexion à lui) et aussi pour les mêmes motifs que lui.
Nous demandons également à notre Doux Seigneur que nos derniers jours soient nos meilleurs jours. Nous L’implorons de faire de nos derniers moments, nos meilleurs moments et de nos derniers souffles, nos meilleurs souffles, ceux qui seront les plus précieux et les plus bénis. Qu’Il nous accorde la sagesse, le bien et la bénédiction cachés dans chaque moment, chaque endroit, chaque personne ou situation rencontrées sur notre chemin.
Amine.
