La religion face au développement personnel

comprendre les enjeux de notre époque développement personnel Jun 20, 2020

 

De nos jours, nombreux sont ceux qui se spécialisent dans le développement personnel, désertant par la même occasion le terrain de la religion. Comment expliquer ce phénomène ?

À l'origine, les Amis de Dieu que sont les Prophètes, leurs compagnons et leurs élèves sont les porteurs de la vraie conscience. Ce sont eux les porteurs de ce que nous appelons la Conscience Suprême. Ils forment ce niveau de conscience dont parle le Qor’an : "al mala’u l-a`la" que l'on peut littéralement traduire par "Ordre supérieur de la Conscience suprême". Or, ceux qui devaient être les héritiers de ces maîtres de la Conscience ont, il faut l'admettre, fini par trahir leur mission.

En transformant la religion en une identité politique et tribale, en ne prenant de la religion que les formes et les formalités, beaucoup de religieux ont trahi la conscience. Ils sont devenus des robots qui n'agissent que par conformisme, des religieux sans conscience. 

Alors que les religions étaient supposées être à la fois le moyen de connexion et la connexion elle-même à l'Ordre de Paix, elles sont devenues sources de conflit et de guerre.

Ainsi, d'autres êtres humains qui se sont mis à la recherche de valeurs supérieures, voyant ce qui se passait du côté des religieux, en sont arrivés à la conclusion hâtive qu’il n’y a rien de bon dans la religion, rien qui pourrait aider l’individu et l’humanité toute entière à s’élever et améliorer sa condition. 

En se basant sur leur esprit critique développé à partir de leur raison, ils se sont rendu compte que ces « religieux » qui étaient soit disant les porteurs de la Conscience Supérieure n'étaient en réalité que des enfants immatures dans le monde de la Conscience. Leurs seules vraies préoccupations se réduisaient à des choses superficielles, sans grande valeur spirituelle comme la taille de leur turban, de leur robe ou encore la hauteur de leur coiffe, tels des enfants dans la cour de récréation.

On peut comprendre que pour une personne qui base sa vision de l'existence sur sa seule raison, tel que le philosophe, et qui fait la démarche de se détacher et de se libérer des tabous religieux, il est très aisé de poser un regard critique, non pas sur la religion en elle-même mais sur le monde religieux. Et il est évident qu’il y trouvera beaucoup d'enfants non seulement immatures mais également très dangereux par leur capacité à mobiliser des masses tout aussi inconscientes et immatures qu’eux.

L'amalgame entre religion et monde religieux est alors vite fait !

Voilà comment le philosophe rationnel finira par définir sa mission : protéger l’humanité des religieux. Il va donc s’attacher à vouloir élever et éduquer les âmes humaines à travers l’élévation de la raison, qu’il appelle d’ailleurs conscience... Alors que la raison, pouvoir analytique de l'être humain, et la conscience ne sont pas du tout la même chose. Il a d'ailleurs également appelé la raison “esprit” alors que là encore il s’agit de deux dimensions complètement différentes...

Dans une conquête du terrain sacré, du terrain des cœurs et des personnalités des êtres humains, ces penseurs sont allés jusqu'à réclamer des terminologies spirituelles, ce qui a conduit à une véritable confusion dans la compréhension et l'utilisation des termes et des sens qu’ils portent en réalité. Ainsi, on se retrouve avec la raison qui devient synonyme d’esprit, et la conscience qui finit par être réduite à la raison et au pouvoir analytique. Toutes les réalités finissent alors par se fondre et se confondre.

De là se développent de nouvelles écoles basées sur la psychologie, la psychanalyse, les nouvelles écoles de développement personnel, d’éducation de l’âme mais qui reste au final une éducation (tarbiyya)... Autrement dit, un projet de développement humain (de tarbiya) sans Dieu, sans le Rabb : Celui qui est l'Éducateur des âmes et des consciences.

Où risque-t-on d’aller avec ce genre d’éducation ? 

On risque de voir tout cela rester dans la tête et dans la forme. Même s'il est vrai que la majorité de ceux qui s'engagent dans ces exercices de développement personnel deviennent des humains de qualité nettement et clairement meilleure que la majorité des religieux d’aujourd’hui. Et cela s’explique simplement par l’engagement du premier groupe (dans le développement personnel) et le désengagement du deuxième groupe (les religieux).

Le premier groupe s’engage dans cette nouvelle religion du développement personnel - qu’ils définissent comme telle - en cherchant à s’améliorer, cherchant une certaine cohérence avec eux-mêmes et à se débarrasser des futilités. Ils savent donc pourquoi ils sont là, ils y rentrent complètement et entièrement engagés en connaissance de cause, en ayant une intention et une raison d’être clair. Ils cherchent clairement à se développer. 

Alors que pour la majorité des religieux, l’idée que la religion puisse être un projet de développement de la personne est une aberration, une chose qui ne leur a même pas traversé l’esprit. Et cela est un véritable problème !

On se retrouve ainsi avec des personnes complètement incohérentes qui après avoir prié toute la nuit, se disputent violemment pour des futilités avec leur famille le jour... On développe l’apparence, le costume religieux en oubliant l’essentiel : le vêtement intérieur. Chaque groupe avec son propre foulard, son turban, son habit et ce même au sein de la même voie d’éducation et de développement spirituelle (tariqa). 

On assiste par conséquent à une véritable prolifération dans la forme et à une complète absence de conscience.

Au final, rares sont ceux qui cherchent à travers la religion une relation profonde et authentique avec Dieu et qui sont conscients que la pratique religieuse est en réalité un exercice de développement de conscience afin de pouvoir s’identifier et recevoir l’état d’âme qui vient des Amis de Dieu...

 

 

Restez connectés à nos publications !