Il m'a été posé cette question : "Dans votre dernier article, vous mettez en avant l’idée que suivre et imiter le Bien-aimé n'est pas nécessairement une preuve d'amour, tout comme le fait de ne pas le suivre n'est pas nécessairement une preuve de désamour. Je comprends vos arguments et votre appel à plus d'universalité dans notre rapport à la religion. Cependant, je me demande si ce genre de discours d’ouverture ne peut pas être taxé de laxiste, au sens qu’il donne des arguments à ceux qui refusent d’accepter les Règles Divines du halal et du haram ?".
Cher frère, merci pour votre question.
Tous les êtres humains ne sont pas complètement négatifs ou positifs dans leurs intentions et leurs actions. Personne n’est tout noir ou tout blanc, chacun a sa différente teinte de gris si l’on peut dire. Même si, évidemment, certains ont des caractéristiques plus positives (ou négatives) que d'autres.
Je suis conscient que certaines personnes littéralistes se concentrent davantage sur les formes extérieures et moins sur les niveaux de conscience et l'état intérieur d'une personne (qui n'est connu que de Dieu). Ces derniers peuvent chercher la polémique, et trouver dans ce que j'ai énoncé dans l’article précédent (Obéir et suivre le Prophète, une “preuve d’amour” ?) un argument pour promouvoir une version de "l'islam laxiste". Je suis d'accord avec vous sur ce point.
Je suis également d'accord sur le fait que certaines personnes peuvent mal interpréter ce que j'ai dit et y voir un argument pour ne pas faire les efforts qui les mèneraient plus loin dans leur cheminement et pour devenir paresseux.
Mais je suis également conscient que des milliers de personnes peuvent trouver du réconfort, du soulagement, de l'espoir et se sentir à nouveau aimées à travers ce message. Elles peuvent aussi retrouver une légitimité à aimer leur Seigneur.
Ce sont là la majorité des gens à mon avis !
Notre civilisation dite « moderne » a poussé l'humanité à devenir de plus en plus fermée et de moins en moins universelles. Tout tourne autour de ce besoin de mettre des frontières, de créer des règles et des limites, d'ériger des clôtures de sécurité pour éviter le risque qu'une mauvaise personne ne commette un crime… Tout en oubliant les milliers de personnes bonnes et bien intentionnées ! Ces dernières devront faire face à plus de difficultés et ne pourront peut-être pas pouvoir s'épanouir et grandir intérieurement à cause de ces restrictions extérieures rigides. Ce sont comme des clôtures qui les tiennent à distance et qui provoquent également des divisions entre elles en faisant naître chez certains un sentiment de supériorité du «groupe» auquel ils s'identifient.
Statistiquement, sur cent personnes qui se rendent dans un restaurant, combien le font avec l'intention de voler ? Et combien viennent simplement s’offrir un repas ?
Je suis sûr que le pourcentage de personnes qui viennent pour voler est totalement dérisoire !
Est-il légitime de mettre tout notre argent et toute notre énergie pour sécuriser le restaurant contre une si infime minorité, et de ne faire aucun effort pour rendre l'expérience des autres, si majoritaires, meilleure ?
Les humains ne sont pas criminels par essence. Ils sont naturellement bons, comme Dieu le dit. Alors, mettons notre énergie au service des vrais besoins spirituels de la majorité des gens qui sont bons et qui ont besoin de conseils appropriés, de nourriture intérieure, d'espoir et d'encouragement !
En réalité, il vaut mieux qu’une société fixe des règles qui innocentent 99 criminels si cela sauve la vie d'une âme innocente, plutôt que des règles qui condamnent une âme innocente, quand bien même cela empêcherait la condamnation de 99 criminels.
Pour aller plus loin sur l'universalité de l'islam, écouter notre podcast "L'islam, la voie de la spiritualité intégrale"
