Les menstruations et le jeûne du mois de Ramadan

comprendre les enjeux de notre époque qor'an/coran ramadan vivre en harmonie avec le divin Apr 20, 2021

Lors de son récent séjour en France et à l’approche du mois de Ramadan une de nos sœurs m'a demandé : "Pourquoi lors du Mois de Ramadan, quand nous avons nos menstrues nous rattrapons les jours non jeûnés mais pas nos prières ? ».


Voici ma réponse :

Beaucoup de ce que nous pensons être des obligations dans notre vie religieuse sont en réalité des cadeaux mal compris offerts par notre Seigneur. Or, un cadeau que l’on subit devient un fardeau et si nous nous efforçons d’appliquer une règle sans même la comprendre, nous allons peu à peu perdre toute joie dans notre foi. Ce que nous appelons donc vulgairement « les règles du jeûne » ou les « règles du mois de Ramadan » ne sont que des moyens que Dieu nous offre pour goûter et sublimer les saveurs de ce mois béni.

Si les jours de Ramadan non jeûnés sont à rattraper contrairement aux prières lors des périodes de menstrues, c’est grâce aux femmes compagnons du Prophète (que Dieu continue de nourrir son être, sa Lumière et notre connexion à lui) qui lui ont explicitement demandé de pouvoir rattraper leurs jours non jeûnés pendant Ramadan. Pourtant, l’Envoyé de Dieu leur avait bien assuré que pour chaque jour du mois de Ramadan non jeûné en raison des menstruations, elles avaient toute la Baraka et toute la récompense de ce jour, et ce même pour la nuit bénie de Laylat ul-Qadr.

Mais nos mères et nos sœurs de l’époque voulaient pouvoir goûter à la saveur de chaque jour de ce mois et bénéficier de cette énergie si particulière qui entoure le mois de Ramadan. Le Bien-Aimé leur a répondu par l'affirmative et leur a offert, par la Grâce de Dieu, de pouvoir non pas « rattraper » leurs jours de jeûne mais de « prolonger » les saveurs et les Cadeaux divins du jeûne.

Nous savons que certaines femmes qui « prolongent » ainsi leur jeûne avec l’intention de jeûner un jour de Ramadan ressentent la même joie et la même paix que si elles étaient en plein Ramadan. C’est un des cadeaux qu’offre un jour de jeûne fait avec attention et intention.

Quant à la prière, il est important de se détacher de l’idée qu’une femme durant cette période est éloignée de la possibilité de toute acte de dévotion. Le Prophète l’a dit en parlant de l’état de menstruation : « Vous êtes en état de prière tant que vous attendez la prière ».

Les menstruations sont une période à investir dans l'exercice de développement de conscience (dhikr) et dans les retraites spirituelles. C’est d’ailleurs ce que pratiquaient nos grands-mères. Lors de leurs périodes de menstrues, elles pouvaient réciter 12 000 fois la  sourate de la sincérité, prononcer 12 000 la ilaha illAllah ou encore des demandes de connexion au Prophète.

C’est notre Maître et Prophète Zacharie (que Dieu nous connecte à lui) qui a commencé à enseigner qu’il était important de donner du repos et d’alléger le travail des femmes durant cette période particulière. Le Prophète Mohammed, quant à lui, dans une visée pédagogique, a expliqué l'état de menstrues aux hommes de son époque comme comme un état de maladie, bien que les menstruations n’avaient jamais été considérées comme telles. Nous savons qu’il peut y avoir tout un bouleversement émotionnel, hormonal et physique durant cette période ; la parabole a ainsi été donnée pour inciter les hommes à montrer de l'empathie et à diminuer les tâches de travail domestique des sœurs.

 

"Les menstruations sont une période à investir dans l'exercice de développement de conscience (dhikr) et dans les retraites spirituelles"


Aujourd’hui, nous entendons souvent parler d’état « d’impureté » lorsqu’une femme a ses menstrues : c’est un manque de compréhension de ce qui est en réalité une période de développement de conscience et de connexion accrue avec notre Seigneur.

Si les femmes n’allaient pas à la mosquée durant leur menstruation à l’époque du Prophète, c’était pour des raisons particulières. L’entrée des femmes et des hommes était commune à cette époque et il y avait un risque que le sang des femmes coule dans la mosquée. En plus de la gêne, cela les exposait publiquement dans leur pudeur et leur intimité. C’est pour leur confort et leur dignité que le Prophète leur a conseillé de rester chez elles durant cette période. De même que « l’interdiction » de toucher un livre de Qor'an, les protections et les mesures d’hygiène n’étant pas les mêmes à l’époque qu'aujourd'hui, le risque était plus grand de salir le Livre durant cette période. L’école de pensée qui a défendu cette idée partage le fait que ces avis ne sont plus valables. En effet, aujourd’hui nous disposons des moyens pratiques nécessaires pour éviter tous ces désagréments.

Cependant il est important de rappeler cette fragilité, cette délicatesse émotionnelle qui accompagne la femme durant sa période de menstruation. Cette vulnérabilité n’est pas propice à la lecture et à l’écoute de la récitation du Qor'an. Certains versets plus durs, comme ceux de l'enfer, peuvent plus facilement blesser ou attrister un cœur féminin déjà fragilisé émotionnellement durant cette période. C’est pour cela que nous encourageons à suivre l’exemple de nos grands mères, qui pendant ces quelques jours à la sensibilité apaisaient leur cœur en se plongeant dans le développement de conscience, de gratitude et de confiance en Dieu.

Alors chères sœurs, lors de vos menstruations durant ce mois béni ne quittez pas pour autant le chemin et la quête de Dieu, au contraire investissez-vous dans les exercices de développement de conscience ! Développez votre conscience avec « SubhanAllah», cultivez la reconnaissance avec «Al-hamdullilah» et avancez dans votre croissance spirituelle avec «Allahu Akbar» !

Restez connectés à nos publications !