Nouvel an 2024 : chercher la présence entre douleur du passé et espoir du futur

Jan 01, 2024
présence entre douleur et espoir

La fin d’année est une opportunité pour faire le bilan de l’année passée, mais aussi pour cultiver l’espoir pour l’année à venir. Ainsi, ce moment nous place de fait entre la peine (alam) et l’espoir (amal). Regarder en arrière fait naître une certaine tristesse et de la douleur pour les blessures passées, mais se projeter vers le futur doit se faire avec espoir en de meilleurs lendemains. Or, ce n'est que dans l'équilibre entre ces deux posture que nous pourrons parvenir à devenir des êtres conscients et présents. Je partage avec vous dans cet article une lecture spirituelle d'un verset de la sourate Loqman, qui nous permettra de comprendre mieux ce besoin d'équilibre entre douleur et espoir, et donc à aborder la notion de temps avec plus de sagesse. 



En cette nouvelle année, chercher à devenir un être conscient 

Ainsi, du mariage entre le “alam” du passé et du le “amal” du futur naît l’enfant que nous souhaitons voir naître : le “alif, lam, mim” ou autrement dit, l’être conscient qui vit dans la présence. 

Nous avons absolument besoin des deux dans notre cheminement. En effet, si reconnaître la douleur et la tristesse du passé est absolument nécessaire pour renforcer l’énergie masculine en nous, le masculin seul ne peut rien enfanter ! Nous avons besoin de cet espoir, de cette énergie féminine que l’on place en l'avenir pour que puisse naître en nous l’être conscient et présent auquel nous aspirons. 

Sans ce mariage et cet équilibre entre les deux, il est impossible de vivre la Présence. Or, c’est là ce que nous sommes censés rechercher, comme nous le confirme le célèbre adage :  “le soufi  est le fils de l’instant”... Contrairement à ce que l’on pourrait déduire de cette sagesse, chercher à vivre le moment présent ne revient pas à faire abstraction du passé et du futur. Cela consiste plutôt à trouver l’équilibre entre le passé et le futur. 

 

Pour aller plus loin, visionner notre vidéo Le lus grand combat de notre époque 

 

 

Suivre les conseils du Maître et Sage Loqman pour devenir un être conscient

C’est la leçon que nous donne Dieu dans le Qor’an dans la sourate Loqman. Il dit :  

 ٱشْكُرْ لِى وَلِوَٰلِدَيْكَ إِلَىَّ ٱلْمَصِيرُ

(ouchkourli wa li walidayka illaya l-masir)

Ce verset est communément traduit de cette façon : 

“Sois reconnaissant envers Moi ainsi qu'envers tes parents. Vers Moi est la destination” (S.31 - V.14 - Traduction le Noble Coran aux éditions al-Bouraq)

En plus de cette traduction littérale, nous pouvons tirer un sens spirituel. Si nous considérons le passé et le futur comme le père et la mère de l’être conscient, comme les deux manifestations qui vont donner naissance à la présence, alors on peut entendre dieu nous dire dans ce verset : 

“Honore-Moi (Ton Seigneur), honore le passé et le futur et sache qu’il y a un devenir !”

Cette phrase est d’autant plus importante qu’elle nous vient d’un Prophète dont Dieu nous dit quelques versets en amont : 

“Et Nous avons donné à Loqman la “hikma”.” (S.31 - V.12 - Traduction le Noble Coran aux éditions al-Bouraq) 

Qu’est-ce que la hikma ? il s’agit de la maîtrise, de la sagesse, de quelque chose de fort qui ne se brise jamais. C’est une connaissance profonde, une maîtrise qu’il a ici exprimée en trois mots, que nous allons prendre le temps d’analyser. 


Pour aller plus loin sur la notion de sagesse, lire la traduction d'un texte de Shaykh Bawa Les gens qui ont de la sagesse

 

  1. “Honore Moi, sois reconnaissant envers Moi”

Le conseil est en tout premier lieu de reconnaître et d’honorer Dieu en tant que Rabb, en tant que “Mourabbi” : celui qui s’occupe de toi, de ta croissance, de ton développement en tant qu’être humain, et ce sur tous les plans. 

“Honore et reconnais ton Enseignant, Celui qui nourrit ton être, qui développe ta personnalité, Celui qui a dit “sois”, pour que tu puisses être manifesté dans la dimension matérielle d’existence ! Honore ton Rabb, sachant qu'il est toujours là, toujours Présent”. Or, comment honorer quelqu’un ?

On honore quelqu’un en lui faisant confiance. Ainsi, honorer le Rabb se fait à travers la confiance dans le plan du Rabb. En d’autres termes, voici l’invitation divine ici : “Fais-Moi confiance, Je suis là, Je suis en charge de toute chose”. 

Voilà ce qu’est le “choukr”, la reconnaissance ou la gratitude. C’est la confiance, et donc l’opposé du “koufr” : de la mise en accusation, du manque de gratitude ou de l’ingratitude.


Pour aller plus loin, lire notre article La gratitude, la bonne adresse pour recevoir les Cadeaux Divins

 

  1. “Honore tes deux parents”

Dieu continue par cette injonction à reconnaître et honorer “tes deux parents”, les deux manifestations de Sa Présence qui donnent naissance à l’être humain. En d’autres termes, “honore ton père et ta mère”, certes, mais aussi, comme nous l’avons précisé plus tôt, “ton passé et ton futur”. 

Ton passé est ton père, ton futur est ta mère, car des deux viennent le présent. Nous devons donc donner au passé ses droits : faire le deuil, reconnaître et accueillir la douleur, tout cela est important. Mais nous devons aussi donner au futur ses droits, car les deux sont des manifestations du Présent. 

L'Éternel Présent ne connaît ni passé, ni futur, mais pour être sur la Voie Intelligente (“sirat al moustaqim”), la Voie vivante qui donne vie, la voie qui, d’elle-même, se corrige, nous redresse vers la lumière, la voie qui ne perd jamais son objectif de vue, la voie de la concentration, la voie de la quête éternelle (taqwa), nous avons absolument besoin des deux. La douleur seule peut nous plonger dans le désespoir et l’immobilisme. L’espoir seul, en revanche, peut mener à l’arrogance, au contentement de soi, à l’illusion de l’auto suffisance…

Honore ton passé : ne l’accuse pas de tous les mots, accueille, accepte, guéris… Honore ta peine et ta douleur en faisant quelque chose de bien, quelque chose d’utile pour ton développement. 

Honore ton futur : autorise-toi à rêver en grand ! Et ne dis pas que sont que des rêves “idiots” ! On doit s’autoriser à rêver car sans cela, comment continuer à vivre ? Ne dis jamais que ces rêves sont trop grands. Rêve grand, et rêve en grand ! Et dans le même temps, guéris. Fais le deuil, donne toi ces deux espaces, un pour la guérison et un pour le rêve… Car c’est dans le mariage de ces deux espaces que tu trouveras l’espace des espaces, qui est la Présence. 



Pour aller plus loin, visionner la vidéo en partenariat avec Mizane TV Garder l'espoir dans la difficulté

 

  1. “Et sache qu’il y a un “massir”.”

Je choisis ici de traduire “masir” par “devenir”, ce qui est à différencier du “futur”. 

Voilà la question que je dois me poser si je veux vraiment parvenir à vivre le moment présent : “Que suis-je en train de devenir ?”. A noter que cette question concerne le temps présent,  et non le futur auquel correspondrait une toute autre question qui serait : “qu’est-ce qu’il va m’arriver ?”

Répondre à la question : “Qu’est-ce que je deviens” revient à faire le simple constat du moment présent ! En effet, je dois m’interroger : si je continue sur cette voie (à faire ou penser telle ou telle chose) que suis-je en train de devenir ?”. C’est la question qui nous garde concentrés et nous ramène sans cesse à notre cheminement. 

En revanche, la question “qu'est-ce qu’il va m’arriver” montre et relève d’un manque de confiance en Dieu ! Elle revient à désirer dévoiler l’invisible que Dieu a voulu invisible et voilé. C’est très différent ! 

“Qu’est-ce que je suis en train de devenir”, voilà une question qui doit nous habiter. Je dois prendre le temps de scruter mon cœur pour y voir les ténèbres que j’ai autorisées à s’y installer… Et me poser la question : “que suis-je en train de devenir en laissant cette noirceur grandir en moi ?” De même face aux petites pousses de bien et de gentillesse que je néglige en mon for intérieur, que j’oublie d’arroser encore et encore… Qu’est-ce que cela fait de moi ? Que suis-je en train de devenir ? 

La réponse est simple : je deviens chaque jour de plus en plus sec, et je suis en train de mourir. Oui, “en train de” : c’est du présent progressif, qui sert à exprimer quelque chose qui est actuellement en cours, et non du futur. D’ailleurs, ce temps est le présent de l’être humain, on ne comprend notre vie que dans cette forme progressive.

Dieu nous dit donc qu’il y a une progression. un devenir… Sous-entendu que ce devenir est dans nos mains ! Lui est la Destination, mais c’est à nous de choisir notre devenir…  




Puissions-nous nous poser les bonnes questions, et en accepter les réponses !

 

Pour aller plus loin dans votre méditation à l'occasion de cette page qui se tourne, vous pouvez consulter notre article de l'année passée à l'occasion du nouvel an. L'enseignement est toujours d'actualité !

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