Prière de Rabi' al-Awwal (Habib Omar - 2020)

habib omar marcher dans les pas des maîtres de la conscience mawlid nourrir sa relation avec dieu et apprendre à lui parler prophète mohammed rabi' al-awwal Oct 08, 2021

 

 

Comme à son habitude pour presque chaque nouveau mois lunaire, et d’autant plus pour celui de Rabbi’ al-Awwal, mois de la naissance de notre bien-aimé Prophète (que Dieu continue de nourrir son être, sa lumière et notre connexion à lui), notre enseignant Habib Omar ben Hafiz (que Dieu nous connecte à sa réalité spirituelle et à son héritage de lumière) nous a offert en 2020 une prière de demande de connexion au Prophète que voici : 

 

 

En voici la traduction  méditative : 

 

 

 

LES PRIÈRES DES HOMMES DE DIEU

Lorsque les Hommes de Dieu partagent avec nous leurs prières, il faut comprendre que c’est plus qu’un partage de jolis mots : c’est un partage d’inspiration et d’énergie spirituelles. Le moment d’inspiration n’est pas un moment simple, on le voit ne serait-ce que pour le moment d’inspiration poétique, qui est pourtant bien en-deçà de ce qu’est un moment de véritable inspiration spirituelle. Le moment d’inspiration poétique est pourtant déjà un beau moment, un moment-maman, un moment de renaissance et de prise de vie, une expérience qui se vit. Et lorsque le poète partage sa poésie avec nous, il partage plus que des mots, il partage ce moment qu’il a vécu.

Que dire alors d’une inspiration spirituelle qui vient d’un homme de Dieu, une inspiration qui vient d’un cœur qui est parfaitement aligné avec le Prophète et sa lignée bénie ? Cette inspiration lui vient pour exprimer son amour, sa gratitude et son état spirituel face à ce contexte, en l'occurrence, l'entrée du mois de Rabi' al-Awwal dans les circonstances que nous connaissons.

Lorsqu’un homme de Dieu partage avec nous ses prières, que ce soit une demande de connexion au Prophète ou une demande de pardon (istighfar), il est en train de nous inviter à sa station et à son état spirituels, il souhaite partager avec nous la coupe qui lui est servie. Il nous invite à partager et vivre ce moment avec lui, et à goûter à cette expérience.

 

L’ESPRIT S’ADRESSE A L’ESPRIT

Le vrai poète, celui qui marche sur les pas des prophètes, parle de son cœur à nos cœurs. Le philosophe parle de sa raison et cherche à aligner et nourrir le rationnel en nous. Le menteur, lui, parle au mental.

L’héritier prophétique, quant à lui, parle de son esprit à notre esprit. Et l’esprit souhaite engager l’esprit en nous, cet esprit que l’on cherche parfois en vain, et dont très peu comprennent et parlent le langage. Car l'esprit est comme de l’or caché sous terre, et même parfois enfoui en nous. Les mines souterraines pour y accéder ne sont pas toujours creusées, et il faut commencer avant tout par un travail de sonde, pour savoir où il se trouve. Et comme on se servirait d’une sonde pour pour savoir s’il y a de l’eau ou des métaux précieux dans un terrain, les prières des hommes de Dieu qui viennent de leur esprit vivant viennent sonder nos esprits et agir comme un fertilisant en ciblant et activant les endroits en nous qui sont hôtes et réceptifs de vie.

L’esprit a la particularité de pouvoir engager tout notre être, toutes les composantes de notre conscience (qalb). Lorsqu’il parle, il va faire revivre l’esprit en nous, renforcer et engager notre cœur, clarifier notre rationnel et amener de la paix et de la sérénité à notre mental. La conscience est la totalité de toutes ces dimensions intérieures (esprit, cœur, rationnel, mental) qui constituent notre œil intérieur, notre intellect (le lecteur en nous). 

Le partage des prières vient donc d’un esprit généreux qui a vécu un moment avec Dieu. Il s’agit d’une expression naturelle et saine d’un cœur pur et perméable au Message Divin qui répond à l’Appel de son Seigneur tout en étant conscient et soucieux de son contexte et de l’état de l’humanité. Cela se manifeste sous la forme d'une prière, une braise chaude partagée avec nous afin qu’on la place dans nos cœurs pour les réchauffer.

 

A TOI QUI NE COMPRENDS PAS LA LANGUE ARABE

Nous proposons une traduction assez poussée et méditative en vue de permettre à tout le monde de se synchroniser avec l’esprit de cette prière et de cet homme de Dieu (que Dieu le préserve).

En revanche, ces partages ne doivent pas constituer un frein : s’il te semble difficile de réciter cette prière de par sa longueur et sa complexité pour un non-arabophone, alors sache qu’il suffit de l’aimer et d’être dans la gratitude pour se connecter avec son énergie spirituelle et bénéficier de ses bienfaits. Il suffit d’être reconnaissant et de remercier Dieu pour le fait qu’il existe encore des Hommes de Dieu bien vivants qui marchent sur terre et qui ont cette facilité de vivre en harmonie avec le passage des années et des mois, mais aussi avec les fluctuations du contexte.

L’essentiel, pour chacun d’entre nous, c’est que ce mois si particulier ne vienne pas comme n’importe quel moment de l’année, qu’il fasse vivre et vibrer nos cœurs. Il nous faut donc l’honorer en récitant le plus de demandes de connexion au Prophète (salât ‘ala Nabi) possibles, la formule de votre choix, celle qui vous est la plus facile sera la bonne. L'essentiel est d'en réciter le plus possible dans ces jours et ces nuits bénis, en permanence même, afin d’apporter à votre cœur cette joie et cette soif de la rencontre avec notre Bien-aimé (que Dieu continue de nourrir son être et nous connecte à sa lumière), mais aussi cet alignement avec le souci prophétique.

Car c’est cela aussi célébrer le Mawlid : c’est à la fois se réjouir de la naissance tout en se synchronisant avec la conscience prophétique, qui est dans le souci permanent quant à l’état de sa communauté, particulièrement en ces temps troublés, et la communauté du Prophète n’est autre que toute l’humanité à partir de la Révélation.

 

L’ART DE FORMULER UNE PRIÈRE

Dans cette prière, Habib Omar nous enseigne l'art de s'adresser à son Seigneur. Toute prière doit commencer par le chant des louanges, car si toute demande formulée à Dieu part d’un besoin, d’un sentiment de manque de quelque chose (que ce soit matériel ou spirituel) il est nécessaire de reconnaître dans un premier temps tous les autres bienfaits dont notre Seigneur nous a comblés. Et Dieu sait que Ses Cadeaux sont nombreux, et que notre gratitude doit être immense.

Entrer dans la prière en évoquant directement nos manques est un manque de savoir-vivre, un manque d’art et de goût. Dieu est le Roi de toute cette création (al-Malik), et comme on le ferait auprès d’un roi terrestre, il est nécessaire de connaître les règles de bienséance de la cour si l’on veut être entendu. Avant toute requête, commençons donc par remercier pour tout ce qui nous a été accordé, par pure Grâce, alors que s’Il nous traitait par Sa Justice, après tout le mal que l’être humain a commis, il n’y aurait certainement plus aucune vie possible sur terre.

Il nous faut remercier pour le manque en lui-même, qui est en réalité un grand bien. Car c’est grâce aux manques (et aussi grâce à nos manquements) que nous pouvons entrer dans une relation de dépendance avec Dieu et construire notre humilité. Enfin, il nous faut également remercier pour cette possibilité que Dieu nous a donnée de pouvoir nous adresser à Lui directement, de pouvoir vivre ne serait-ce qu’un moment dans Sa Proximité.

 

"C'est grâce aux manques (et aussi grâce à nos manquements) que nous pouvons entrer dans une relation de dépendance avec Dieu et construire notre humilité."

 

La deuxième étape avant d’adresser une prière à notre Seigneur est de formuler une demande de connexion au Prophète (que Dieu continue de nourrir son être, sa lumière et notre connexion à lui). Il s’agit de s’ancrer dans cette connexion afin d’accomplir cette démarche de prière avec une conscience prophétique et non avec une inconscience pathétique.

 

S’ENRACINER POUR TRANSCENDER

Ici, Habib Omar (que Dieu le préserve) demande à Dieu de nous connecter au Prophète “au nombre de Sa connaissance”. Il aurait pu utiliser un terme plus imagé ou poétique, mais n’a pas fait ce choix de manière anodine. Car pour une âme en détresse, la connaissance de Dieu est la consolation des âmes en souffrance, la source de tout réconfort. Il ne s’agit pas d’une prière romantique mais d’une prière issue d’un cœur qui se soucie de l’état du monde et de la communauté de son Prophète (que Dieu continue de nourrir son être, sa lumière et notre connexion à lui).

Voilà une leçon pour nous : il faut que notre poésie et nos prières poussent de ce contexte-là qui est le terreau fertile de la conscience. On ne va pas l’importer du passé, la conscience doit sortir et éclore à partir de ce que nous vivons ici et maintenant. Et si nous tenons à chercher des références et inspirations antérieures, il nous faut chercher les expressions de conscience qui ont été formulées dans des époques similaires à celle que nous vivons, celles que les Hommes de Dieu ont partagées dans des époques de difficultés (croisades, attaques des mongols, etc.).

Il ne faut jamais être déconnecté de notre contexte. Au contraire, notre prière doit être une prière organique qui pousse naturellement sur ce terrain, car Dieu ne nous place pas dans un contexte d’épreuves afin qu'on l’oublie ou pour qu'on en fasse abstraction, mais au contraire, pour qu'on le transcende.

 

"La conscience doit sortir et éclore à partir de ce que nous vivons ici et maintenant."

 

Et sache que pour transcender le contexte, il faut faire comme l’arbre qui transcende la terre. Car c’est bien ce que fait un arbre lorsque ses branches s’élancent vers le ciel : il transcende, non pas en refusant le terrain sur lequel il est planté, mais, bien au contraire, en s’y enracinant de manière toujours plus profonde.

De même, la graine de lotus dans son marécage sait pertinemment qu’elle va donner une fleur sacrée. Et pourtant, elle ne passe pas son temps à demander à Dieu de la libérer et de la semer plutôt dans une terre riche ou au pied d’une source d’eau pure. Elle accepte son contexte, mais refuse que ce marécage devienne sa cage : elle se plante et s’enracine, pour pouvoir pousser et manifester sa beauté sacrée.

Puissions-nous nous enraciner solidement afin de transcender ces temps de difficulté. Que Dieu vous protège.

Amine

 

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Enseignement donné à des étudiants après la récitation des litanies du soir après la prière du coucher de soleil (al-Maghreb) le Mardi 20 Octobre 2020.

 

 

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