Profiter du Mawlid pour chercher à voir le Prophète Vivant

Rabi' al-Awwal signifie littéralement “le premier printemps” ou plutôt “le printemps primordial” : le printemps qui a précédé tous les autres printemps, le printemps qui est devenu la source de tous les printemps, ou encore la source qui est devenue la source de toutes les sources, la saison de floraison qui est devenue la source de toute floraison…C’est ce mois-là que l’Intelligence Divine a choisi pour être le mois de la naissance du Prophète Mohammed (que Dieu continue de nourrir son être, sa lumière, la force de son âme, son héritage spirituel, la force de son âme et notre connexion à lui et à ses héritiers bénis aux cœurs sanctifiés), l’Esprit Guide venu pour nous enseigner qui nous sommes vraiment, mais aussi comment nous connecter authentiquement, vraiment et réellement à la Source de nos êtres. 

Pourquoi célébrons-nous le Mawlid et quelle est notre quête ? 

Face à cette naissance et à la façon dont elle est célébrée, un questionnement ne cesse de m’animer chaque année : dans quelle mesure est-ce que nous avons besoin des célébrations du Mawlid ? De fêter l’anniversaire de la naissance du Prophète ? Je veux dire : dans quelle mesure est-ce que la célébration du Mawlid contribue à bâtir en nous la personnalité d’un authentique et véritable amoureux du Messager ? Si c’est là notre quête, notre but, notre objectif… Dans quelle mesure est-ce que ces célébrations nous aident à bâtir une personnalité saine de l’amoureux qui vit avec intention et attention, qui vit avec art et en toute beauté pour son Bien-aimé…?

C’est la même question que je ne cesse de poser de façon plus générale : dans quelle mesure est-ce que ce qui est appelé communément nos “actes de dévotion” ou “actes d’adoration” (et que je préfère nommer par leur réalité “exercice de développement de conscience”) contribuent vraiment à développer en nous l’être que l’Être Suprême veut que nous devenions ? Ce Grand Soi qu’Il souhaite nous voir embrasser, celui qui est la cause de notre création en réalité… 

Nous avons besoin de réactiver ou de provoquer cette naissance et cette renaissance de la guidance dans notre vie spirituelle, et même dans notre vie collective. C’est là notre besoin, et c’est donc ce que doit être notre focus, notre cause, et non juste le fait de célébrer en soi-même avec nos tambours, nos chants, le fait de montrer que “nous sortons nos drapeaux, et chantons pour la naissance du Prophète”... Cette forme culturelle et artistique peut être belle, et ces célébrations peuvent avoir leur place, mais elles ne seront pertinentes que si elles réactivent et entraînent cette renaissance de la guidance en nous, que si elles nous permettent de construire une vraie relation avec la guidance, une vraie connexion avec l’Esprit Guide… Que si elles nous amènent à faire partie et devenir membre de ce que j’appelle son “entreprise de guidance” ou de “son projet prophétique”, de sa cause (“noubouwa”)...

Nous devons regarder et considérer le Prophète comme une cause, comme un message, et non comme une simple image…. Mais malheureusement, dans l’islam populaire ou le soufisme populaire, la majorité est plus invitée à chercher une connexion avec l’image du Prophète qu’autre chose… Nous cherchons à “voir le Prophète dans nos rêves”... Mais c’est une fausse route, ce n’est pas de cette façon que nous allons vraiment réussir à le “voir”... Ce n’est pas cela le but…

Certes, voir quelqu’un dans nos rêves peut venir comme une expression d’amour, mais notre quête devrait être de voir le Message du Prophète, et non son image. D’ailleurs, son image faisait en réalité partie de son message… C’est une chose que nous étudions d’ailleurs dans les deux formations en ligne d’étude de la personnalité prophétique qui sont disponibles sur notre site : il n’était que le message, il n’était que la Grâce D’Amour Universel et Inconditionnel Divin personnifié et envoyé comme Cadeau à tout l’univers (“Rahmatan lil-’alamine”), il n'était que l'Esprit Guide... Il était complètement fondu, dissout et annihilé dans sa cause… A tel point que même son image est devenue son message.

Nous devons donc développer une connexion avec le message du Prophète, et non avec son image Mais comment faire ?

_{Pour aller plus loin, visionner notre vidéo L'art d'accueillir la lumière de l'Esprit Guide}

Les quatre conseils que mon enseignant m’a donné

Un jour, j’ai demandé à un de mes enseignants : “Je veux voir le Prophète Mohammed dans mes rêves (que la Force Divine continue de nourrir son être, la force de son âme et notre connexion à lui et à ses héritiers) ... Peux-tu me donner un conseil ?” Il m’a donné quatre choses à travailler, quatre choses sur lesquelles se concentrer pour y parvenir, quatre choses que je souhaite partager avec vous en ce mois de la naissance du Bien-aimé.

Ces conseils pourront bénéficier à tous, à ceux dont le désir est de rêver du Messager bien sûr, mais aussi et surtout ceux dont le but n’est pas de juste “voir le Prophète en rêve”, c’est-à-dire ceux qui ne souhaitent pas juste se connecter à son image, mais qui aspirent à se connecter à son message, à sa réalité (haqiqa), au vivant, au présent, et non au Prophète passé, au Prophète historique qui a vécu 63 ans dans le désert d’Arabie… Ceux qui cherchent l’Esprit présent et éternel de Guidance qui est toujours là, que l’on peut voir dans un enfant joueur et enjoué, dans un époux fidèle, dans une épouse loyale, dans un enseignant attentionné.... Cet Esprit de Guidance éternellement présent qui est partout autour de nous...

-> Pour aller plus loin, lire notre article Cherche le Dieu Vivant

Voici donc les quatre conseils que mon enseignant m'a donné : “Si tu veux parvenir à voir le Prophète, alors tu dois : 

• Développer plus de “rahma” (c’est-à-dire plus d’amour, plus d’engagement, plus de préoccupation, plus d’accueil) envers “la oumma” du Prophète

Et qui est cette “oumma” ? Beaucoup pensent que la “oumma” est composée des seuls “musulmans” au sens où nous l’entendons aujourd'hui de groupe religieux… Pourtant l’Intelligence Divine ne dit pas que l’Esprit Guide a été envoyé sur terre pour les “musulmans, plutôt elle dit, en s’adressant à ce dernier : “Nous ne t'avons envoyé que comme manifestation de notre Grâce et de notre Amour inconditionnel pour tout l’univers” (S.21 - V.107)... “Pour tout l’univers”, c’est-à-dire pour tout le monde… Pour tous les humains, et même tous les êtres conscients. 

Il s’agit donc de développer plus d’amour, plus d’engagement, de préoccupation, de capacité à accueillir envers tout le monde, ainsi que la volonté de servir les autres, tous les autres.  

• Développer plus de souci pour “la da’wa du Prophète” 

Qu’est-ce que le “souci” ?

Nous avons besoin de redéfinir les termes, car nous avons cette tendance de romantiser les mots… Par exemple, le “souci” est devenu “peur” pour nous : puisque j’ai un souci pour quelqu’un, j’ai peur pour lui, et je deviens parfois une source de stress supplémentaire dans sa vie… Or ce n’est pas cela, le souci.  

Cela me fait penser à une remarque qu’un thérapeute m’a faite dans le cadre de soins liés à un mal de dos. J’avais un nerf coincé, qui me faisait vraiment souffrir. Le thérapeute m’a offert un si beau conseil qui m’a fait méditer et comprendre beaucoup de choses sur notre façon de fonctionner… Il m’a dit de parler à mes muscles, de leur dire de ne plus s’inquiéter, que le message était bien passé, qu’ils avaient bien joué leur rôle qui consistait simplement à sentir la douleur à l’intérieur et à envoyer le message à mon cerveau afin que je devienne conscient qu’il y avait un problème, et que je puisse agir… Que maintenant leur devoir accompli, ils pouvaient se relaxer, ils n’avaient pas besoin de continuer à me harceler et à me triturer : “Tu as un problème ! tu as un problème !”... 

Car finalement, c’est à cause de cela que l’on souffre tant, jusqu’à ne plus trouver le sommeil parfois, parce que ce qui était censé sonner l’alerte devient un plus gros problème dans nos vies que le problème de base… De la même façon, nous risquons de devenir le plus gros problème dans la vie des gens que l’on aime, et souvent celui de nos enfants notamment, sous ce prétexte de “je me soucie de toi, je me sens concerné par ce que tu vis”... Alors que notre rôle consistait simplement à être un messager, à les rendre conscients si quelque chose, peut être, ne va pas ou pourrait mal tourner dans leur vie, afin qu’ils se mettent en quête de solution… Notre rôle ne devrait jamais être d’harceler la personne en tout cas, ni de devenir plus problématique que le problème initial. 

Le “souci”, n’est donc ni du harcèlement, ni de la peur. Le souci, c’est le fait de se sentir concerné, de vouloir le bien, et par conséquent méditer, prier, étudier ce pour quoi nous avons cette préoccupation… Et lorsque je parle “d’étudier”, je ne pense pas que nous ayons besoin de plus de personnes diplômées en “sciences islamiques”, contrairement à ce que le réflexe populaire dicterait : “Je veux m’investir dans la “da’wa” donc je dois étudier les “sciences islamiques”... Je ne pense pas que ce soient là les outils dont nous avons besoin aujourd'hui… Je crois avec force que ce dont nous avons le plus besoin, c’est de beaucoup de psychologie, de sociologie, d'économie, ou encore le développement personnel… Équipons-nous si nous voulons vraiment prendre ce conseil de “développer un souci pour la da’wa du Prophète”, c’est-à-dire intéressons-nous aux gens, aux difficultés qu’ils traversent,   quels sont leurs problèmes, et voyons comment nous pouvons les aider là où ils sont… 

Qu’est-ce que la “da’wa” ?

Maintenant, reste à définir le terme “da’wa du Prophète”... Est-ce que sa “da’wa” consitait à recruter les gens pour faire partie d’un club ou d’un groupe nommé “islam” ? Alors que cette “da’wa” a elle aussi été définie par l’Intelligence Divine dans Sa Lettre pour l’humanité : “Dis (Mohammed) : “Ceci est mon chemin : j’invite à Allah” (S.12 - V.108)... J’invite à Allah… à Allah : au Tout et Un, à la Source de toute existence, à l’Être Suprême, et non pas à à un club, ni à une secte… À Allah, et non à groupe, que celui-ci soit petit ou grand d’ailleurs… Il invite à Allah, et seulement à Allah, et c’est pour cette cause que nous devons développer un souci… 

Mais est-ce vraiment là le souci que l’on a pour nous-mêmes, pour nos enfants, pour nos voisins, pour tout le monde ? Est-ce que ce qui nous préoccupe vraiment, c’est d’inviter tout un chacun à embrasser la Vérité, à rencontrer le Réel et Éternel Présent, à rencontrer Allah ? De souhaiter que tous puissent trouver la connexion avec ar-Rahman, ar-Rahim, le Créateur de toute chose par Amour, la Mère-Veilleuse Grâce et Force d’Amour qui est plus Proche de nous que nous-mêmes, le Créateur et Nourricier des liens d’Amour et de toutes les relations sur terre ?

Je crois que c’est là vraiment ce sur quoi nous devons travailler si on veut vraiment développer une connexion forte et authentique avec le message de l’Esprit Guide qui est ce présent toujours présent… 

• Multiplier les “as-salat wa salam aleyhi”, ce qu’on appelle “salat ‘ala nabi”

Notre premier réflexe en entendant ce conseil est sûrement de vouloir multiplier les prières de développement de connexion au Prophète à l’oral. Cependant, demander à nos langues de communiquer à nos cerveaux le message que l’on désire une plus grande et plus profonde connexion au message et à l’essence de l’Esprit Guide, à cette “entreprise prophétique", à la cause et à la lumière du Messager Universel, n’est qu’une forme parmi d’autres de s’investir dans cette démarche… 

La “salat ‘ala nabi” peut prendre différentes formes en réalité. Elle peut prendre la forme d’actions. Elle peut prendre la forme de l'exercice d’expression et de cultivation de sincérité par le don (sadaqa).. Elle peut prendre la forme de l’aide offerte aux autres sans attente de contrepartie… Elle peut prendre la forme de réellement se connecter aux autres, de chercher à atteindre (c’est d’ailleurs ce qu’est la salat : atteindre, toucher, se relier, se connecter) ceux qui sont dans le besoin quel qu’il soit et quels qu’ils soient… 

Tout cela est expression de “as-salat wa salam ala nabi Mohammed” ! 

-> Pour aller plus loin, lire notre article Quel est le sens de la "salat 'ala Nabi" ?

• Contempler les “chama’il” et la “sira” du Prophète

Les “chama’il” sont les récits qui évoquent la personnalité du Prophète, ses qualités, sa beauté, et la “sira” relate son histoire, son passé. 

Il est très important de contempler le passé du Messager, ces quelques années durant lesquelles la Réalité et l’Esprit de Guidance se sont manifestés sous une forme humaine… Non pas qu’il soit le seul à être concerné par cela, nous sommes tous dans cette même situation : nous sommes nés un certain jour, et mourrons un certain jour, mais ce n’est là qu’une courte phase de nos vies. Dans notre réalité, nous sommes des êtres éternels, nous ne sommes pas des êtres mortels mais bien immortels. Donc cette vie physique mortelle que nous avons dans la manifestation cosmique est une chose, et c’est à cela que correspond l’étude de la “sira” du Prophète, à contempler l’aspect mortel du Guide Universel de l’humanité, admirer comment cette âme s’est manifestée dans ce corps et observer le mouvement de ce corps sur terre… Voir comment il donnait, comment il recevait, comment il souriait, comment il parlait, comment il marchait, comment il regardait, comment il embrassait les gens, comment il les invitait au Vrai… 

C’est important, même si lire et contempler la "sira" est un challenge aujourd'hui, et que nous avons besoin de le faire de façon intelligente et accompagnés de personnes intelligentes pour ne pas tomber dans les extrêmes que sont la sur-romantisation d’un côté, et la démonisation de l’autre… Nous avons besoin de tout cela aussi pour comprendre ce qui s’est vraiment passé, ce qui a été ajouté, ce qui n’était pas authentique, ce qui était authentique, comment nous pouvons lire les choses… Pour apprendre à lire entre les lignes ou encore apporter les pièces manquantes du puzzle… 

Car les meilleurs livres de biographie que nous avons aujourd'hui sont à l’image d’un puzzle hérité par le dernier enfant d’une fratrie… Vous savez, les petits derniers récupèrent souvent les jeux et autres affaires de leurs aînés… On peut imaginer ce petit frère qui se voit donner un puzzle où manquent 160 pièces sur 200 ! A lui d'essayer, avec les 40 pièces qui restent, de reconstituer et d’imaginer les pièces manquantes, de peut-être essayer d’en fabriquer et d’en colorier une partie pour pouvoir avoir un puzzle entier… 

Et pour être assez humble et réaliste, je pense que c’est la situation dans laquelle nous sommes face au meilleur des livres de biographies du Messager que l’on peut trouver… Je dirais même que l’on est plutôt à 40 pièces disponibles sur un puzzle de 500 pièces aujourd’hui, au maximum… Nous avons donc 460 pièces manquantes… Il nous faut donc imaginer, essayer de lire entre les lignes ce qui s’est passé ici ou là, de devenir intelligent spirituellement et de s’entourer de personnes intelligentes lors de notre apprentissage… Et avant toute chose il nous faut adopter la posture de l’étudiant et non du juge qui veut se placer au-dessus de tout le monde et tout spécialement au-dessus des gens du passé parce que lui serait beaucoup plus évolué ou développé qu’eux… 

Chose que j’essaie d’initier dans les deux formations en ligne “Etude de la personnalité prophétique”. Je vous invite d’ailleurs, si ce n’est déjà fait, à profiter de cet élan du premier printemps pour vous inscrire à cette formation, et étudier avec moi la personnalité prophétique.

En tout cas… Je prie pour que ce mois soit un mois de développement de connexion avec le Message de l’Esprit Guide…

Que ce mois soit un mois de développement et de renforcement de notre amour pour toute l'humanité

Que ce mois soit un mois de contemplation de la personnalité et de la vie du Guide et Messager Mohammed…

Que ce mois soit un mois de recherche toujours plus active de développer un lien et une connexion plus forte et plus profonde avec lui…

Et que ce mois soit un mois de développement du souci authentique pour sa mission d’invitation de l’humanité à cette réconciliation avec son Créateur...

Amine

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Article issu d'un prêche de la Grande Assemblée de Vendredi donné le Vendredi 22 septembre 2023, à Ottawa, en anglais