Qui est le Prophète Issa : la Vérité, la Lumière (2/4)

développement spirituel issa jésus marcher dans les pas des maîtres de la conscience Dec 25, 2022
Issa, la vérité, la lumière

 

Qui est le Prophète Jésus, celui que l’on nomme Issa en arabe ? Quelle est sa place et sa fonction en islam ? Nous avons conclu la première partie du présent article par la parole qui lui est attribuée : "je suis la vie, je suis la voie, je suis la vérité". C'est cette "trilogie de Issa" que nous allons étudier dans la suite de cet article, en commençant par la notion de Vérité. Nous allons voir la différence entre Issa et les autres Envoyés de Dieu, et comprendre qu'en tant qu'Esprit de Dieu sur terre, il ne voyait que la réalité absolue des choses. N'ayant jamais quitté la matrice de l'Éternité, Issa n'est que Vérité, et ne voit donc que la Vérité en toute chose. Nous conclurons sur la notion de lumière, qui est en réalité un synonyme de Vérité. En effet, on ne peut pas lire ni s’ouvrir à la Vérité sans Lumière. 

 

 

Issa, l'Esprit de Dieu

 

Quelle différence avec les autres Prophètes ? 

Notre Maître Issa est l'Esprit de Dieu. Au niveau spirituel, il est une révélation frappante de la nature primordiale de tous les Prophètes et de tous les saints, de ceux qui l'ont précédé comme de ceux qui l'ont suivi. En ce sens, il n’est pas le seul à être l'Esprit de Dieu, car l'Esprit de Dieu est présent et manifeste en chacun des Prophètes qui ont été envoyés sur terre. Cependant, cet Esprit a agi en lui de façon plus frappante que chez les autres. 

Certes, tous les Prophètes ont apporté avec eux des théophanies, des manifestations de la Présence de Dieu que nous avons déjà définies plus haut. Par exemple, notre Maître Moussa a, entre autres, vu sa canne devenir un serpent devant Pharaon, ou encore vu la mer s’ouvrir devant lui pour le sauver. Notre Bien-aimé Mohammed quant à lui a reçu de nombreuses manifestations de cette Présence, de nombreux miracles dont le plus frappant est le Qor’an. Chez lui, c’est la Révélation, le Texte en lui-même, l’enseignement spirituel qui est sous forme miraculeuse. Le Qor’an a cette particularité d’avoir une double fonction : il porte en lui l’enseignement et il est également une théophanie en lui-même, tandis que la venue au monde du Prophète qui l’a reçu s’est faite de manière naturelle par la rencontre d'un père et d'une mère. 

Pour Issa, c’est l’opposé : son enseignement n’avait rien de miraculeux dans sa forme, il enseignait de la façon dont tous ses contemporains pouvaient s’exprimer et enseigner, sans qu’il y ait quelque chose de frappant dans la structure, dans le tissu, dans la poésie de son enseignement. En revanche, sa création humaine était une théophanie en elle-même, comme Dieu nous l’a enseigné dans Son Livre en disant qu’Il a fait de lui “un signe pour tous les hommes”. Issa avait ainsi, comme le Qor’an, un double rôle : celui de porter un enseignement, mais aussi celui d’être un signe clair pour frapper l’esprit des gens, et même de ceux qui refusent d’être frappés par la Présence de Dieu. 

Dans sa première fonction, celle d'enseignant, de porteur du Message et d’incarnation de celui-ci, on peut le comparer aux autres Prophètes, et notamment à notre Bien-aimé Mohammed. Mais dans le fait d’avoir une double fonction, Issa est plutôt comparable avec la Dernière Lettre Divine parvenue à l’humanité, le Qor’an. Car, comme le Qor’an, Issa avait cette double fonction d’enseigner, d’expliquer, mais aussi d’être ce miracle, ce signe clair de Vérité. 

 

 

Le Qor'an, un miracle à la fonction double

 

 


Retrouvez la conférence dont est issu cet article dans notre Podcast Co-naissance : Issa, l'Homme et Prophète

 

Le parallèle entre Maryam et Mohammed

D’ailleurs, un parallèle entre Mohammed et Maryam peut être fait, venant confirmer cette affirmation. Nous avons évoqué plus haut la nécessité d’être vierge pour recevoir le Saint Esprit. Or, notre Maître Mohammed avait l'esprit vierge, dans le sens qu’il était “oummi”, que l’on traduit communément par “illettré”, et qui renvoie en réalité à une notion plus large de préservation de la nature première humaine, une notion d’universalité. Il était donc vierge de toute prétention et de toute attente. 

C’est pour cela qu’il a été surpris lorsque lui a été donné le rôle de guide dans la grotte de Hira. Il était alors en retraite spirituelle, totalement absorbé par sa quête, non pas une quête de quelque chose pour lui-même, mais un quête mue par un amour si intense pour Dieu qu’il recherchait de plus en plus de proximité... A tel point qu’il ne parvenait plus à vivre une vie de tous les jours entouré de simples mortels. Certes, il était déjà, à cette époque, un être humain développé et conscient. C'était un Ami de Dieu qui cherchait à être guidé sur les traces de la religion de son arrière grand-père et dont le cœur était embrasé par cette quête et cet amour. Ce qui ne l'a pas empêché d'être surpris par la venue du Saint-Esprit lorsqu’il lui est apparu.  

Ici, on voit facilement le parallèle entre notre Bien-aimé Mohammed et notre mère Marie : comme Mohammed, elle avait tourné le dos à son peuple, et s’était isolée d’eux afin de se consacrer à la méditation. C'est dans cette retraite spirituelle que le Saint-Esprit est venu la surprendre, alors qu’elle ne cherchait qu’à aimer Dieu et Lui parler. Comme Mohammed, elle ne s'attendait pas à être investie d’une mission ni à devenir la mère d'un Prophète ! 

C’est dans une retraite spirituelle que Mohammed à l'âme et l'intellect vierges de toute attente reçoit le Saint-Esprit. C’est également dans une retraite spirituelle que la Vierge, notre mère Marie, a reçu le Saint-Esprit.

Mohammed a reçu la Révélation que l’on appelle le Verbe de Dieu (kalimatullah), cette connaissance qui était déjà en lui sous forme de potentiel et qui a commencé à parler et jaillir de par la présence du Saint-Esprit. Maryam a reçu la bonne nouvelle, celle de la venue miraculeuse d’un enfant béni porteur de l'Esprit de Dieu (Ruh Allah), dont le potentiel était aussi déjà en elle depuis toujours. 

 

 

Retrouvez la première partie de cet article ici

 

 

Issa : l'esprit qui ne voit que l'Absolu et la Réalité intérieure

 

En ce qui concerne Issa en tant que Lumière et Vérité, nous avons vu dans le précédent article que le nom Jésus renvoie étymologiquement au soleil. Il est vrai que Jésus est le symbole du soleil, de la lumière intérieure. D’ailleurs, ce symbole est confirmé par un autre signe que l'on trouve dans la Parole Sacrée en la mention du nom du Prophète qui lui allait lui succéder, le Prophète Mohammed (que Dieu continue de nourrir son être, sa lumière, la force de son âme, son héritage spirituel et notre connexion à lui). 

 

Issa annonce la venue d'un Prophète nommé "Ahmed"

Nommé à cinq reprises dans le Qor’an, notre Bien-aimé est mentionné à quatre reprises par le nom Mohammed, et une seule et unique fois par le prénom Ahmed. Or, il se trouve que cette seule fois où il est mentionné par le prénom Ahmed, c’est sur la langue de Jésus, qui annonce la bonne nouvelle : un Prophète, le seul qui restera après lui, qui “s'appellera Ahmed”

Pourquoi ne l’a-t-il pas nommé Mohammed, qui est son prénom avec lequel Dieu Lui-même le nomme ? Ce choix de prénom nous dit quelque chose de Issa, quelque chose de très important. Le Prophète Mohammed a bien plusieurs noms, qu’on peut aussi considérer comme des titres, qu’il a lui-même énumérés. Les deux premiers sont bien Ahmed et Mohammed,  Ahmed venant en premier. Les deux noms ont la même racine “hamada”, la différence venant du fait que le nom “Ahmed” est à la forme absolue, superlative, alors que le nom Mohammed est à la forme relative, progressive. 

 

 

Ainsi, Ahmed désigne un aboutissement, une réalisation, une vérité absolue, alors que Mohammed indique un mouvement, une progression, un cheminement. Ahmed veut dire “le réalisé”, “l'accompli”, “celui qui est dans la station suprême de l'accomplissement, de l'aboutissement de la réalisation et du raffinement''. Je le traduirais par “le fin” : il est le fin, et la fin. Quant au nom Mohammed, il veut dire “celui qui est train de se raffiner”, “le raffinement”, “celui qui s'apprête à être aimé, qui se rend aimable et qui est aimable, louable”. Ainsi, Mohammed est une vérité relative que l'on peut porter relativement sur soi.

Pour comprendre la relation entre ces deux noms et ce à quoi chacun renvoie, nous pouvons lire dans un des poèmes de Sidi Ahmed al-Alawi que Ahmed est la racine, et Mohammed, la branche, ou que, comme dans un arbre de vie qui a plusieurs branches, Ahmed est le tronc, et Mohammed, les branches. Encore, dans une autre image très courante dans la spiritualité islamique, il est dit que Ahmed est le soleil, et que Mohammed est la lune qui reflète la lumière de soleil. 

On remarque également que le verset qui mentionne le nom de Ahmed est très bref, sans aucun détail donné sur ce Prophète à venir, alors que les versets nommant Mohammed sont riches en descriptions. Tout simplement car ces derniers viennent nous expliquer les piliers de la personnalité mohammadienne afin que l'on entreprenne ce processus de développement, de cultivation, alors que le verset de Ahmed vient exprimer la Réalité Absolue du Prophète. 

 

 

Issa ne voit que Ahmed

Ce qui nous intéresse ici, c'est de comprendre la manière dont Jésus voyait le monde. Lui ne voyait que Ahmed en Mohammed : que la Réalité Absolue dans le manifesté. Et il était comme cela en toute chose :  il ne voyait que la Réalité Absolue en tout, et ne parlait que la langue de l'Absolu, la langue de l'esprit. 

Son lien avec le monde relatif, le monde des causes, le monde de relativité est très amoindri par rapport aux autres êtres humains. Comme nous l’avons vu précédemment, même ses besoins matériels et physiques étaient très minimes, lui qui était dans un état de consécration à Dieu et de recherche de détachement (sawm) quasi-perpétuel. D’ailleurs, même sa mère lui a donné naissance alors qu'elle était dans un état d’abstinence de la parole, une forme de consécration et de détachement que Dieu lui avait prescrite.

Lui aussi était connu pour ne parler et ne manger que très rarement, ne pas porter de souliers sauf exceptions, ne pas utiliser de monture et se déplacer à pieds, mais également pour avoir conservé le même et unique vêtement de laine de son jour d’arrivée à Jérusalem jusqu’au jour où il en est parti.. Son lien avec le monde de la matière était extrêmement minime. 

 

 

 

Le Prophète Issa : resté dans la matrice de l'Eternité

 

Issa est né sans l'intervention d'un père

On ne peut imaginer d'être humain ayant un lien plus ténu avec cette dimension, et il est facile de comprendre pourquoi. Enfanté d'une mère sans l'intervention d'un père, c’est comme s’il était resté dans la matrice de l'Éternité.

En effet, si la règle commune veut qu’il soit impossible d’entrer dans le monde de la manifestation sans l'intervention d'un père, qu'est-ce que cette naissance miraculeuse implique ? Prenons un instant pour y réfléchir... Où se trouve l’être humain avant de devenir un fœtus ? Il est un œuf dans le ventre de la mère, car lorsque la femme naît, elle porte déjà en elle tous les ovules qu'elle va produire au cours de son existence. Chaque mois, nous savons qu’un œuf se présente pour être fécondé, à un moment bien précis. Si l’homme se présente au bon moment, l'ovule va alors sortir de la matrice pour entrer dans le monde de la manifestation. Il va alors commencer à voir et appréhender le monde autour de lui et apprendre à se repérer dans l'espace et le temps.  

Sans intervention masculine, on ne peut pas sortir de la matrice. Or, aucun mâle n’est intervenu pour la naissance de Issa... On peut donc dire qu’il est toujours dans la matrice, mais pas dans la matrice matérielle du cosmos, non, mais dans la matrice-mère, dans la vraie matrice : celle de l'Éternel ! 

 

Issa ne voit que le Un en tout et partout

Par conséquent, dans son goût et son jugement des choses, il ne voit pas les choses comme le commun des mortels. Il n'appréhende pas le monde de la même façon et n'a pas le même rapport au temps et à l'espace. Lui qui ne voyait pas les directions, il est dit qu'il était en voyage perpétuel, un voyage sans boussole… C’est pour cela qu’un de ses noms est al-massih : le voyageur, le pèlerin, le touriste dans le vrai sens du terme, et non pas comme on l’entend dans notre société de consommation. Il n'a jamais mis sa tête sur un oreiller, il n'a jamais eu de drap ni en dessous ni au-dessus de lui. Le ciel était sa couverture, la terre était son lit. Il se servait d’une roche ou de la paume de sa main comme oreiller… C'est de cette façon que notre Prophète Mohamed l'a décrit.

En tant qu'homme resté dans la matrice de l'Absolu, Issa voyait le Un en tout et partout. Car si dans le monde relatif, nous sommes dans le "tawhid", dans la nécessité de fournir l'effort de développer et de conserver notre conscience de l'Unicité de Dieu, dans le monde de l'Absolu, il n'y a plus de développement, plus de cheminement. On se trouve alors dans ce que l'on appelle "al-ahadiya" : le fait de ne plus voir et ressentir que Dieu. Et Jésus vivait sur terre dans cet état-là de “ahadiya”.

Lorsque j’étais enfant, mes grands-parents me racontaient une histoire populaire au sujet de notre Maître Issa, une histoire que je n'ai pas trouvé depuis dans les livres. Je ne sais pas où ils l’ont apprise, mais c’est une histoire que les soufis populaires en Tunisie racontent et chantent même, puisqu’il existe un chant qui lui est dédié. 

L’histoire se passe en Egypte où Maryam et Issa ont vécu un temps. Maryam a envoyé son fils chez un maître teinturier pour apprendre le métier. Ce dernier lui aurait montré comment faire : il fallait à l’époque plonger les tissus dans des bassines différentes selon la couleur que l’on souhaitait obtenir. Il y avait donc une bassine par couleur : une pour le rouge, une pour le vert, une pour le jaune, une pour le noir etc. Il lui a confié un tas de vêtements en coton naturel à teindre avec des instructions claires sur les couleurs de chaque habit.

Le lendemain, lorsque le maître teinturier est venu vérifier le travail de son apprenti, il a trouvé tous les vêtements plongés dans la bassine de couleur noire…Il faut savoir que le noir n’est pas une couleur à proprement parlé, c’est une “non-couleur” ou plutôt il s’agit de la couleur absolue. En arabe, le mot noir se dit “as-swad”, terme qui a pour autre signification “maître”. Un Nom de Dieu est même formé sur cette même racine : le Nom as-Sayid. Ce Nom signifie “le Dominant, Celui qui domine tout”. 

Effrayé de voir ces habits gâchés, et son argent avec, il s’est tourné vers le jeune Issa pour lui demander des explications. Le jeune garçon a alors fait sortir les habits un par un de la bassine… Chaque habit était de la couleur demandée à l’origine ! Il a fait sortir de la couleur noire, de la couleur absolue, toutes les autres couleurs… 

Cette histoire est très symbolique et nous montre comment Issa voyait la multiplicité dans le Un, et le un dans le multiple. Pour ma part, je crois en cette histoire, je pense qu'elle a vraiment pu se produire. Je pense qu’un enfant touché par la grâce et par l'esprit, un enfant qui a une compréhension des choses qui dépasse la compréhension des gens autour de lui de plusieurs années lumières peut agir ainsi, et que le miracle peut se produire. Il était lui-même, nous l’avons vu, une “aya li-nnass” : une théophanie, un signe pour les hommes.

 

 

Le Prophète Issa, lumière dans les Evangiles

 

EEn arabe la lumière se dit “an-nour”. Nous l’avons vu, Dieu introduit Issa comme étant “un signe clair pour tout le monde et une expression d'amour, une Grâce venant de nous” (S.19 - V.21). Il introduit également les Evangiles en disant que l’on peut y trouver “houda wa nour” : une guidance et une lumière. (S.5 - V.46)

De nombreux passages des Evangiles viennent appuyer cette notion de Issa venu en tant que lumière. Nous allons en partager quelques-uns ici, qui ne sont pas exhaustifs certes, mais qui illustrent bien notre propos. Dans un passage du Nouveau Testament, il est dit que Issa aurait dit : 

“Pendant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde et ce jugement est que la lumière étant venue dans ce monde, les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière” 

 

Pourquoi dire que les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière ? Parce que leurs œuvres étaient mauvaises. Car en réalité, le fait de dire que Issa est lumière revient à dire qu’il sert de révélateur. Exposé à sa présence, à sa lumière, le bon va se trouver bon, et le mauvais va vouloir se cacher, et agir dans le noir. Se cacher de sa lumière révélatrice. Les gens mal intentionnés vont vouloir travailler dans le noir, agir en se cachant sous la table… 


Dans un autre passage des Evangiles, il est dit :


“Jésus leur parla de nouveau et leur dit :”je suis la lumière du monde, celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres mais il aura la lumière de la vie.” Là-dessus, les pharisiens lui dirent : “Tu rends témoignage de toi-même ? Ton témoignage n'est pas vrai.” Jésus leur répondit : “Quoi que je rende témoignage de moi-même, mon témoignage est vrai. Car je sais d'où je suis venu et où je vais. Mais vous, vous ne savez pas d'où je viens ni où je vais”.”

 

Dans une autre version, il répond : 

 

“Si c'est moi qui rend témoignage de moi-même, mon témoignage n'est pas vrai.” 

 

En d’autres termes, il nous dit : “ce n'est pas moi qui parle, c'est Lui qui parle en moi et à travers moi !”

Certains seront surpris que nous puissions nous appuyer sur des passages de l’Evangile, mais je les considère comme des recueils de narrations prophétiques, certaines narrations étant plus fiables que d’autres. Dans la prochaine partie de cet article, nous nous intéresserons à la notion de Vie que porte en lui notre Maître Issa. 

 

Retrouvez la suite de cet article dans notre post Le Prophète Issa : la Vie

 

Restez connectés à nos publications !