
Il nous a été posé une question sur une citation faussement attribuée au Prophète Mohammed (que Dieu continue de nourrir son être, sa lumière et notre connexion à lui). Cette citation est la suivante : “Méfie-toi de celui qui n’a aucune faiblesse pour femmes et parfums”.
Voici notre réponse :
Apparemment, ce non sens circule sur internet. Cette phrase laisse à penser que notre Bien-aimé encourageait les hommes à convoiter les femmes pour leur sensualité, et que le parfum servirait à arriver à leurs fins, ou pour les plonger dans ce désir charnel. Cette parole est ridicule et ne peut aucunement être attribuée à l’être le plus accompli que la terre ait jamais porté, notre Bien-aimé Prophète Mohammed (que Dieu continue de nourrir son être, sa lumière et notre connexion à lui). Car si il a bien dit aimer femmes et parfums, il faut comprendre de quel angle il parlait, et ce qu’il cherchait de manière générale à travers les choses matérielles.
Dans la narration qui fait état de ce goût prophétique, il est dit que parmi les choses qui le réjouissaient dans ce bas-monde se trouvent le bon parfum, la compagnie des femmes (intelligentes et connectées à Dieu), ainsi que la prière méditative rituelle (salât).
Il s'agit là de trois choses dans cette dimension d’existence matérielle qui ont un impact profond sur l’âme, trois choses qui ouvrent le cœur et l’esprit et nous transportent du monde des cinq sens au monde du Sens.
LES PARFUMS
Pensez aux parfums comme le musc, le oud, l’ambre, l’eau de rose, etc… Qu’est-ce que cela réveille en vous ?
Bien sûr, j’ai conscience que beaucoup associeront les parfums à la sensualité, car malheureusement, la grande majorité des parfums auxquels nous avons accès de nos jours sont issus du commerce. Et il se trouve que l’industrie des senteurs a inondé le marché avec des parfums conçus spécialement pour enflammer la sensualité et non pas pour adoucir le cœur, pour alléger et faire voyager l’âme ou encore pour rappeler le monde de l’esprit…
C’est sans surprise que ces nouveaux parfums portent souvent des noms assez choquants comme “Animal”, “Sauvage”, “Démoniaque”, “Playboy”, etc… Les images utilisées dans les publicités de ces parfums sont aussi souvent hypersexualisées, elles évoquent beaucoup de sensualité et présentent ces nouveaux produits comme des accessoires de l’expérience purement charnelle.
"Nous pouvons faire de notre relation au parfum un rituel qui viendra nourrir le spirituel en nous".
Mais en réalité, les bonnes senteurs des parfums non transformés ont un pouvoir noble et spirituel. Elles possèdent indéniablement cette capacité de transporter l’âme et de la faire voyager dans un monde de souvenirs lointains voire même vers un souvenir au goût de pré-éternité, un souvenir des senteurs du Paradis.
D’ailleurs, nous sommes encouragés à nous présenter dans les cercles de développement de conscience avec nos plus beaux habits et notre parfum le plus raffiné, car ces cercles sont les jardins du Paradis sur terre. Nous y brûlons aussi de l’encens, car toutes ces senteurs procurent de la douceur. Ce sont des odeurs aimées des anges et donc de notre esprit, cette part angélique en nous qui est tournée vers Dieu par nature. Nous pouvons donc faire de notre relation au parfum un rituel qui viendra nourrir le spirituel en nous.
LA COMPAGNIE DES FEMMES
Là encore, lorsque notre Bien-aimé (que Dieu nourrisse sa lumière) disait aimer les femmes, il ne parlait pas d’en tirer un quelconque profit matériel ou physique. Rappelons-nous de qui nous parlons, nous parlons de l’être qui a atteint le plus haut degré d’accomplissement humain de tous les temps ! Chacune de ses paroles doit donc être reçue et lue à travers le prisme de cette connaissance afin que nous puissions voir les choses qui le concernent avec plus de justesse et de clarté.
"La compagnie des femmes spirituellement accomplies et la récitation de leurs paroles et de leurs biographies font jaillir des sources profondes d’amour de Dieu et de nostalgie pour Sa rencontre dans les cœurs des croyants."
Rappelons donc cette narration : le Prophète (que Dieu nous connecte à son être et sa lumière) nous parle de ce qu’il aime le plus dans le monde matériel. Il cite le parfum, et ensuite les femmes.
On peut voir un dénominateur commun entre ces deux premières choses : la douceur.
En effet, la douceur pure et angélique qui peut se dégager de l’âme et de la présence féminine a sur l'âme un effet similaire à celui du bon parfum. Ce n’est pas pour rien qu’il est dit que la première chose qui annoncera la bienvenue au royaume céleste est la voix des Houris chantant les louanges, annonçant la bonne nouvelle et souhaitant la bienvenue aux arrivants. Et il faut entendre et comprendre cette scène loin de toute sensualité, loin de notre dimension matérielle et physique.
La compagnie des femmes spirituellement accomplies et la récitation de leurs paroles et de leurs biographies font jaillir des sources profondes d’amour de Dieu et de nostalgie pour Sa rencontre dans les cœurs des croyants. Demandez à n’importe quelle personne au cœur vivant ce que provoque en lui la simple mention du nom de nos mères Marie, Fatima ou de la sainte Rabi’a (que Dieu nous connecte à chacune d’entre elles)… Les gens d’expérience spirituelle parmi les hommes savent bien que la compagnie des femmes saintes et accomplies spirituellement laissent des traces beaucoup plus profondes et marquantes que les rencontres avec les hommes de Dieu les plus accomplis. Ceci est un fait connu et indéniable.
D’ailleurs, notre Bien-aimé (que Dieu continue de nourrir son être, sa lumière et notre connexion à lui) a dit au sujet de sa fille : “Lorsque l’odeur du Paradis me manque, je respire l’odeur de Fatima”... Voilà le parallèle bien établi : certaines femmes, comme certaines odeurs, sont des brises du paradis ici-bas, sur terre. Leur compagnie nous permet d'avoir un avant-goût des délices spirituels du Paradis.
Et nous voyons bien que lorsque notre guide disait aimer les femmes, il ne faisait pas référence à la relation charnelle, puisqu’il dit une chose similaire concernant sa propre fille. Il était bien au-dessus de tous nos besoins et désirs physiques.
"Certaines femmes, comme certaines odeurs, sont des brises du paradis ici-bas, sur terre. Leur compagnie nous permet d'avoir un avant-goût des délices spirituels du Paradis."
LA PRIÈRE MÉDITATIVE (SALÂT)
Nous voici donc arrivés à la troisième des choses préférées de l’être le plus lumineux qui ait jamais existé : la salât, la prière méditative rituelle.
D’où nous vient cette prière méditative ? Elle nous vient des cieux. Elle est le cadeau que Dieu, dans Sa Grâce Absolue, a fait au Guide Suprême de toute l'humanité lors de son Ascension vers les cieux, que nous célébrerons bientôt d’ailleurs (le 27 du mois de Rajab).
Dans sa forme, la prière rituelle est riche en symboles. Par exemple, chaque unité de prière est constituée de sept mouvements, comme le paradis est constitué de sept niveaux. Comme si chaque mouvement nous rapprochait du plus haut niveau de connexion avec Dieu, du bonheur éternel, du septième ciel.
Et d’ailleurs, c’est ce que le Prophète a vécu lors de ce voyage. il a dit : “j’étais à la porte, et les portes m’ont été ouvertes les unes après les autres, jusqu’à la Porte Sublime. J’ai été accueilli au Royaume Suprême, et le Portier, qui n’est autre que Dieu Lui-même, m’a dit “Bienvenue mon Bien Aimé!” Chaque mouvement peut donc être vu comme une de ces portes à franchir, en vue d’arriver à la fin de la prière dans un état de vraie connexion, un moment de vraie Rencontre avec le Divin qui nous dirait “bienvenue, mon(a) bien-aimé(e)”...
Il se trouve que notre Bien-aimé n'a pas gardé ce cadeau pour lui, il n’a rien gardé pour lui de toute façon, toute sa vie a été offerte à sa communauté, à l’humanité toute entière. Et cet héritage auquel nous avons accès est l’exercice de méditation et de développement de présence qui permet d’ouvrir les portes du ciel. Un exercice qui se fait sur terre avec notre corps physique et nos sens, pour nous permettre de nous envoler dans une autre dimension, dans le monde du Sens.
Un exercice que nous sommes encouragés à effectuer… en étant parfumés.
CONCLUSION
Le Prophète (que Dieu nourrisse sa lumière et sa paix) était un homme, certes. Beaucoup aiment le répéter, peut-être pour légitimer leur difficultés à se libérer eux-mêmes de leurs passions… En réalité, c’était un homme, mais purifié de tout désir du bas-monde pour lui-même. S'il n'a pas mené une vie monastique, s'il a accueilli toutes les composantes de son humanité, tout fut investi et accompli dans la recherche de sa vie éternelle, de sa vie avec Dieu. Et de la nôtre également.
Son passage sur terre n’a eu qu’un seul but : Lui. Car il n’y a que Lui qui compte, au final ! Et tout ce que nous faisons, voyons, expérimentons ne doit nous mener qu’à Lui. Et c’est à cela qu’il n’a eu de cesse de nous inviter.
Et si nous essayions de marcher dans ses pas, pour de vrai ? Et si nous essayions de faire de tout ce qui nous ouvre les portes du ciel, de tout ce qui nous plonge au Paradis, dans la Présence Éternelle, nos choses préférées de ce bas monde ?
Aimer ce que Dieu aime, voilà le chemin.
Puissions-nous l’emprunter pleinement.
Amine