Arafat, un endroit spirituel

pèlerinage/hajj témoignage originel vivre en harmonie avec le divin Jul 19, 2021

Plusieurs choses ont été dites au sujet de la Montagne de Arafat. Il est dit que c’est l’endroit où notre bien-aimé Père Adam (que Dieu continue de nourrir son être, sa lumière et notre connexion à lui) a été pardonné, ou encore l’endroit où il est descendu après avoir été pardonné au paradis. Certains disent que c’est le lieu où il a rencontré notre mère Ève, parce que le mythe biblique dit que Adam est descendu sur une montagne et que Ève est descendue sur une plaine, puis qu’ils ont commencé tous deux à courir sur terre jusqu'à ce qu'ils se rencontrent sur la montagne de Arafat. C’est une histoire qui peut interroger, certes, mais on la trouve dans les livres. Il est dit aussi que la montagne de Arafat est l'endroit où notre maître Ibrahim a formulé beaucoup de prières (que Dieu continue de nourrir chacun d'entre eux et augmente notre connexion à eux).

 

 

L'endroit du témoignage originel qui n'appartient ni au temps ni à l'espace

 

Le lieu où tous les êtres humains ont témoigné

Parmi toutes ces histoires, la plus marquante est celle de notre témoignage originel. Dans le monde physique, la montagne de Arafat renvoie à un sens spirituel profond, elle correspond à cet "endroit spirituel" où nous avons pris ce pacte avec Dieu, lorsque nous étions des êtres spirituels.

Notre Doux Seigneur nous a parlé sur une "plaine spirituelle", dans cet "endroit spirituel", et le miroir, le reflet ou l’incarnation de cet endroit et de ce moment spirituels dans le monde physique, c’est la montagne de Arafat le neuvième jour du mois lunaire de Dhoul Hijja. Il s’agit du moment où Dieu nous a demandé : "Me reconnaissez-vous comme votre Seigneur ?", et nous avons toutes et tous répondu : "Oui, nous Te reconnaissons".

À partir de là, Dieu a décidé de nous envoyer en voyage dans un bateau qui s’appelle "corps" tout en nous permettant de nous rappeler de ce moment qui restera au fin fond de nous-mêmes, dans nos cœurs, de la même manière que la Ka’ba se trouve au cœur de cette vallée désertique.

 

 

 Pour aller plus loin, visionner notre vidéo sur le meilleur jour de l'année

 

 

 

Un lieu en dehors du temps et de l'espace

Certes, la Ka’ba elle-même est un endroit, une bâtisse, une forme physique qui correspond en réalité à une « forme spirituelle », la Ka’ba Céleste (bayt al-ma’mour). 

De la même façon, est-ce que l’esprit a une forme ou un espace ? Non. Le temps et l’espace ne s’appliquent pas à l’esprit, comme ils ne s’appliquent pas au monde des rêves par exemple. Lorsque tu rêves, tu ne voyages pas physiquement dans le temps et dans l’espace, mais tu vois des moments et des endroits qui correspondent à une mémoire, à quelque chose qui n'est pas palpable.

Certains rêves sont très symboliques. Je peux voir ma mère qui me sourit en rêve, mais est-ce j’ai vraiment vu ma mère me sourire, ou plutôt est-ce le symbole d'une chose qui s'appelle "espoir", une chose qui a un sens spirituel, qui n’a pas de corps, mais qui va prendre cette forme, celle de ma mère qui me sourit ? Je peux donc me réveiller tout heureux après avoir vu le "bonheur" dans mon rêve, ou après avoir vu l’ "espoir" ! On peut même voir Dieu dans notre rêve. Et pourtant, Dieu n’a pas de corps.

Il faut donc comprendre cette réalité qui veut qu’il y ait des moments et des endroits physiques sur terre qui sont déterminés par leur position géographique mais qui reflètent en réalité la lumière d’un endroit spirituel ou d’un moment spirituel qui eux sont en dehors du temps et de l’espace. Il s’agit d’un moment ou d’un endroit qui nous rappellent Dieu.

C’est pour cette raison qu’on lit dans le Qor'an : « rappelle-leur [ô Mohammed] les jours de Dieu », ou encore dans la Bible le fait que Dieu a créé telle chose le lundi, une autre le mardi, etc. Mais comment Dieu aurait-Il créé le soleil le mercredi par exemple, alors que le mercredi est lui-même déterminé par le soleil ? Qu'est-ce qui fait du mercredi, un mercredi ? Le scientifique dirait : « Mais vous êtes fous ! ». Et il aurait raison si on le comprenait de cette manière littéral, car les jours résultent du fait que la terre tourne autour du soleil et non l’inverse.

Mais là, on comprend, avec cette explication que l’on vient de donner, qu’il y a des endroits et moments physiques qui incarnent des "moments spirituels" qui dépassent le temps et des "endroits spirituels" qui dépassent le temps et l'espace. 

 

 

 

 

Qu'entend-on par "endroit spirituel" ?

 

Un endroit qui correspond à un état spirituel

L’endroit spirituel n’a pas de situation physique ou géographique, il n’existe pas physiquement. En l’occurrence, la montagne de Arafat correspond à cet état spirituel de « Arafat » qui est la connaissance et la reconnaissance. De la même manière que chaque être humain a un corps unique, des empreintes uniques et donc une identité physique unique, qui pourtant n’est pas sa vraie identité. L’identité physique ne fait que refléter l’identité spirituelle, tout comme un sourire n’est pas la joie en elle-même, la joie est quelque part à l'intérieur du cœur mais le sourire sur la bouche l’exprime, la manifeste. 

Ainsi, comme le sourire reflète la joie intérieure, l’identité physique reflète l’identité spirituelle sans la contenir pour autant, car l’esprit est au-delà du physique. Lorsque cet être humain physique, mais dont l’identité spirituelle dépasse le physique, se rend au pèlerinage et visite cet endroit physique (la montagne de Arafat), qui elle aussi correspond à une réalité spirituelle qui dépasse le physique, alors le physique rencontre le physique et le spirituel rencontre le spirituel.

C’est alors l’esprit de l’être humain qui rencontre l’esprit de la montagne. L’être humain va alors réaliser ce qu’on appelle "Arafat" : la connaissance de Dieu (ma’rifa), à condition qu'il soit conscient du fait qu’il existe en lui un esprit qui le dépasse. Mais s’il ne le fait que par son physique et qu’il voit la montagne comme une simple montagne, alors il ne va rien en retirer, car on ne bénéficie d’une chose qu’en fonction de notre conscience de celle-ci.

 

Des projections, comme sur une carte

Et la même chose s’applique avec les événements de notre calendrier. Que ce soit le Ramadan ou les jours comme le vendredi, toutes les occasions sont des réalités spirituelles. On célèbre le vendredi car Dieu dit que c’était le vendredi qu’Il a créé Adam, à l’heure de midi. Est-ce que Dieu a vraiment créé Adam à l’heure du midi un vendredi ? Est-ce qu’il y avait un soleil dans le paradis ?

En réalité, c'est un corps physique qui correspond à une réalité spirituelle. Cet univers physique dans lequel nous vivons doit être considéré comme une télévision. Tout ce qu'on y voit n’est pas “là”, dans l’écran, ce sont juste des projections. C’est la même chose avec un tableau ou une carte. Est-ce que la carte du Québec est le Québec ?

Ainsi, l’univers dans lequel nous vivons est donc comme une carte, alors que l’univers réel est ce à quoi renvoie la carte, ce qu’elle ne fait que représenter. Tout point dans ce monde correspond à une réalité spirituelle qui se situe au-delà de l’espace.

C’est la même chose avec les êtres humains. Il y a des gens qui ont une existence physique qui correspond à une présence spirituelle particulière. Lorsque tu te trouves en leur présence, ce n’est pas leur physique qui t’accompagne, mais c'est plutôt l'Amour Divin et l’Assistance Divine. Lorsqu’ils t’embrassent, c’est Dieu qui t’a embrassé. Lorsqu’ils t’amènent un cadeau, tu vois que c’est Dieu qui t’a amené un cadeau. Lorsqu’ils te donnent un conseil, tu vois que c’est Dieu qui t’a donné ce conseil. Non pas parce qu’ils seraient l’incarnation de Dieu, que Dieu nous protège de telles idées, mais plutôt parce qu’ils sont le reflet de l’Assistance Divine, ils sont le reflet des Qualités Divines sur terre, dans le monde physique.

 

Pour aller plus loin, lire notre article Connaître notre vraie identité pour pouvoir vivre le voyage du Hajj 

 

 

S'ouvrir à la grâce du moment

Ainsi un endroit spirituel correspond à une station spirituelle, et un homme spirituel reflète une Qualité Divine que Dieu veut nous montrer. Et un moment spirituel est un momentum !

Par exemple, ceux qui s'ouvrent à la réalité spirituelle du vendredi que l'on appelle "jumu'a" en arabe (ce qui signifie littéralement "se rassembler") vont vivre quelque chose au-delà du sermon et de l’Imam qui parle. Ils vont vivre ce qu’on appelle un rassemblement du cœur. Pas des cœurs, mais du cœur. Un rassemblement intérieur de leur cœur, de leur esprit, de leur pensée, de leurs émotions. Ils deviennent un. Et là, ils peuvent vraiment communiquer avec Dieu.

Encore un exemple : lorsqu’on dit que Jérusalem est la porte du ciel, doit-on imaginer une vraie porte physique qui mène au ciel ? Et d’ailleurs, qu'est-ce que le ciel ? Ce ciel que nous voyons au-dessus de nos têtes est une création, une direction. On dit qu’il est en haut, mais on pourrait aussi dire qu'il est en bas, car la terre est ronde et de fait, le ciel entoure la terre. C'est juste que de là où l’être humain se trouve, il lui semble que le ciel est en haut et que la terre est en bas, parce qu’il a les pieds sur terre et la tête vers le ciel. Ainsi, lorsqu’il lève la tête, il voit le ciel.

Mais est-ce que cela signifie que cette direction vers le haut, est la direction de Dieu, que Dieu habite en haut ? Non, cela signifie plutôt que c'est une direction qui incarne et reflète l’endroit spirituel de Dieu, la manière dont on se situe par rapport à Dieu, avec nos émotions par exemple. Car Dieu est bien au-dessus de nous, spirituellement parlant et c’est pour cette raison qu’on regarde vers le ciel lorsque l’on recherche le Secours Divin, non pas parce que Dieu habiterait dans les nuages, mais parce que le ciel est un endroit spirituel qui correspond à Dieu.

 

Puissions-nous bénéficier de ce jour si précieux, le jour de Dieu le plus important de l’année et accéder à la hauteur spirituelle à laquelle notre Seigneur nous invite.

 

 

Restez connectés à nos publications !