Nous avons vu  dans notre article précédent que les compagnons et la génération qui leur a succédé (at-tabi’ine) ont donné naissance à la science de chama’il. Mûs par la force de leur désir de nourrir et renforcer leur amour du Bien-aimé (que Dieu continue de nourrir son être, sa lumière, la force de son âme, son héritage spirituel et notre connexion à lui et à ses héritiers bénis), ils n’ont eu de cesse de poser des questions afin d'apprendre à mieux le connaître. Mais qu’est-ce que cette science peut nous apporter à nous, quinze siècles plus tard ? Pourquoi l’étudier ? 

L’étude des chama’il pour guérir et accepter le Bien-aimé

On ne peut pas prétendre avoir moins besoin que la première génération de connaître le Prophète. Je dirais même plus, cela paraît encore plus important pour nous, de nos jours, de nous plonger dans cette étude. Mais contrairement à nos prédécesseurs, il ne s’agit pas seulement de l'aimer davantage, mais, je dirais plutôt, de pouvoir l'aimer, tout court ! 

En toute transparence, en toute humilité, en toute vulnérabilité et en toute sincérité, j’irais même plus loin : nous, notre génération, avons besoin de comprendre des choses par rapport au Prophète (que Dieu continue de nourrir son être et nous connecte à sa lumière), afin de pouvoir l'accepter. L’accepter avant de pouvoir prétendre que nous l’aimons…

Oui, je parle bien de nous qui mettons notre tête sur un tapis 5 fois par jour, nous qui bougeons selon un mouvement social qui s'appelle “salat”, nous qui évoluons dans ce monde en portant l'étiquette de “musulmans”. Dieu sait combien de cœurs sincères qui aiment Dieu et aspirent à se rapprocher de Lui sont à la recherche d’une réconciliation avec Mohammed… Il faut le dire sans honte ! Il faut l'avouer, et répondre à cela. 

Ceci car l’étude de la “personne” du Prophète peut laisser des séquelles ! Je fais ici une distinction entre l’étude de la personnalité, que l’on appelle chama’il, et l’étude de la personne du Prophète Mohammed (que Dieu continue de nourrir son être, sa lumière, la force de son âme, son héritage spirituel ainsi que notre connexion à lui et à ses héritiers bénis aux cœurs sanctifiés) qui est sa biographie, son histoire (as-sira). Nombre d’ouvrages sur le sujet ont pu soulever des questions à leurs lecteurs, et ce même parmi les meilleurs ouvrages sur le plan littéraire…  En les lisant, certains passages laissent très interrogatifs… On se dit : “vraiment ? Est-ce qu’il a vraiment fait cela ? Et si oui, pourquoi ?”

On nous dit : “Le Prophète était amour pour tout le monde” (rahmatan li-l’alamine). Ce qui est vrai. Puis quelques lignes plus tard, on peut lire : “Il a tué untel, il a fait assassiner tel autre, il a envoyé une armée pour prendre les femmes de telle tribu, il a assassiné 999 juifs en une seule journée (!!!)…” Ce qui est en totale contradiction avec le propos précédent… Mais si, par malheur, vous questionnez, on vous rétorque avec virulence et force : “Non, on ne parle pas de ça ! On vous dit qu’il est amour pour tout le monde !”

Est-ce du déni ? De la pure incohérence ? Tellement de questions ont besoin d’être posées !  

Certes, les mœurs et les traditions d'aujourd'hui ne sont pas celles de l'époque. Il est vrai que cet écart entre le système de valeurs ancien et le système de valeurs moderne peut causer un manque de confort ou une incompréhension… Mais que dire des ajouts et des omissions ? Que dire des choix de garder le silence lorsqu'il aurait fallu parler ? Que dire des choix de parler lorsqu'il aurait fallu garder le silence ? Que dire des histoires manquées, ou des versions qui n'ont ni queue ni tête ? Car il y en a, oui…

Ces histoires nous laissent face à un Mohammed mosaïque avec beaucoup, beaucoup de pièces manquantes… Un puzzle qui nous laisse tel un puzzle : perturbés et morcelés. 

Pour aller plus loin, visionner notre vidéo une Rahma pour les univers

Avant d’étudier les chama’il, reconnaître la maladie pour chercher la cure

Seules les personnes très romantiques ou celles à qui Dieu a donné la grâce d'avoir un esprit simple et une tête qui ne cherche pas trop à comprendre les choses, peuvent accepter ces incohérences et continuer à voir les choses en rose (et à voir même le sang en rose !). De telles personnes existent ! Je les aime et je les envie. Je prie pour eux et je prie à travers eux, car je crois qu’ils sont une grâce, ils sont le sel de la terre. Dieu leur a épargné tant de maux de tête !

Mais Dieu a aussi voulu que je n'en fasse pas partie. En ce qui me concerne, depuis l'âge de 5 ans, je pose des questions, et pas des moindres. Des questions qui donnent le vertige et font tourner la tête à mon entourage. Et je pense que si vous êtes ici, en train de suivre mes publications et de lire cet article, c’est que c’est là un point commun entre nous. Car ici comme ailleurs, la loi d'attraction fait son travail. Par la force des choses, ceux qui se ressemblent, s’assemblent. 

Je pense qu’il y a un dénominateur commun entre nous, simples êtres humains qui ne prétendent pas être des héros gréco-romains, et qui n'aspirent pas à poser des questions froides à la manière des philosophes. Comme moi, vous avez peut-être une tête qui pose des questions parfois brûlantes, elles-mêmes propulsées par un cœur chaud qui aime, qui s'impatiente, qui veut la réconciliation, qui cherche vraiment à aimer… Mais qui ne peut pas aimer comme ça, sur commande ! Un cœur qui a besoin de comprendre pour pouvoir aimer. 

Je sais que certains s’approchent des chama’il avec cette idée d’entendre “des belles histoires sur notre Bien-aimé afin de voir des cœurs, des cœurs… Et mon cœur en fleurs !!” Mais comment faire pousser des fleurs dans un cœur qui souffre d’enflure ? Il nous faut reconnaître la maladie, pour demander et se mettre en quête de guérison. Je ne prends pas beaucoup de risques en disant même que pour beaucoup, le lien que nous avons avec le Prophète a été tout simplement rompu ! 

Pour aller plus loin, écouter notre podcast Quel est le sens de la salat ala an-Nabi ? 

Ainsi, il me semble que pour nous, aujourd'hui, le besoin d'étudier la personnalité du Prophète (que Dieu continue de nourrir on être, sa lumière, la force de son âme, son héritage spirituel ainsi que notre connexion à lui et à ses héritiers) est encore plus important et encore plus grand que pour nos ancêtres, car il s’agit d’un besoin de guérison. Nous avons besoin de guérir des séquelles des blessures occasionnées par les histoires qu'on nous a racontées sur la personne du Prophète, sur les conséquences qu’aurait sa marche dans le temps et l'espace telle qu’on nous l’a narrée. 

Cet article est extrait de notre formation en ligne Etude de la personnalité prophétique.