
La salat ‘ala Nabi est une prière, une formule de développement de conscience. Nous sommes invités à la pratiquer quotidiennement et de manière abondante, et notamment la veille et le jour de vendredi. Il en existe de nombreuses, qui sont toutes des dérivées de la formule la plus courte “Allahoumma salli ‘ala Mohammad wa ala alih”. Nous allons voir dans cet article que bien qu’il s’agit d’un des outils les plus importants pour notre cheminement spirituel, sa signification est souvent mal comprise, et son sens est souvent maladroitement traduit en français.
Salat 'ala nabi : un problème de traduction ?
Cette prière est souvent traduite par Ô mon Dieu, envoie paix et salut sur Mohammed” ou le plus terrible “Que Dieu prie sur le Prophète Mohammed”. Mais le Prophète n’est pas un tapis de prière ! Et Dieu ne prie pas… Il suffit de regarder dans un dictionnaire le sens des mots pour voir que quelque chose ne va pas dans cette traduction. C’est une traduction qui n’est ni complète ni juste et qui bloque l’accès de nombre d’entre nous à cette bénédiction qu’est la “salat ‘ala an-nabi”.
Ce que nous cherchons à travers la salat ala nabi
Afin de traduire le sens de cette prière, il est essentiel de se pencher sur la fonction qu’elle occupe, sur sa réalité, sur ce qu’elle tend à nous faire vivre et expérimenter.
1) Prier pour le Prophète
Le mot “salat” renvoie certes à l’exercice de la prière rituelle, mais il veut dire aussi “connexion”, “lien”. Il porte en lui le sens du rapprochement, c'est-à-dire que l’on demande à ce que l'Assistance Divine se rapproche sans cesse de l'esprit et de la lumière de Mohammed pour venir le renforcer, le nourrir. En célébrant nos “salat ‘ala an-nabi”, nous sommes donc en train de demander à Dieu de :
- continuer cette multiplication de la lumière de Mohammed, de continuer de la nourrir ;
- de renforcer Sa connexion à lui ;
- de continuer de l'assister dans le monde spirituel.
En effet, la provision spirituelle (c’est-à-dire sa connaissance de Dieu, le bonheur, le dévoilement, l’accomplissement…) du Prophète ne fait qu’augmenter à chaque instant, car il est en ascension continue. De plus, Dieu a dit, en faisant référence aux martyrs :
“Ne pense pas que ceux qui ont été tués dans la Voie de Dieu sont morts. Au contraire, ils sont bien vivants auprès de leur Seigneur qui les comble de Ses Subsistances” (S.3 - V.169)
ou encore :
“Et ne dites pas de ceux qui sont tués dans la Voie de Dieu “Ils sont morts”. Non, ils sont vivants, mais vous en êtes inconscients”. (S.2 – V.154)
Or, il va sans dire que les Prophètes ont une vie après la mort beaucoup plus évoluée que celle des martyrs, et que le Prophète Mohammed ne doit pas être réduit à sa dimension de personnage historique. Il nous faut chercher le Mohammed éternel, l’âme consciente, l’invitation au bonheur réel, le voile ultime dont on cherche à s’approcher, jusqu’à espérer fusionner un jour en lui.
Par ailleurs, une tradition authentique nous dit que :
“Les Prophètes sont vivants dans leur tombe, investis dans l’exercice de développement de connexion avec Dieu (salat)”.
2) Se connecter au Prophète
A travers cette “salat ‘ala an-nabi”, on demande également à Dieu d'intensifier notre connexion à nous avec le Bien-aimé car le Prophète Mohammed (que Dieu continue de nourrir son être, sa lumière, la force de son âme, son héritage spirituel ainsi que notre connexion à lui et à ses hétitiers bénis aux coeurs sanctifiés) a dit :
"Celui qui souhaite être au rang le plus proche du mien, qu’il demande à Dieu plus de connexion avec moi". (littéralement : qu’il s’investisse le plus dans l’exercice de “salat ala nabi”)
Nous demandons donc à Dieu de nous connecter au Prophète, de nous rapprocher de lui, de nourrir un lien réel entre lui et nous, de raccourcir la distance entre nous et lui.
En effet, le Prophète reçoit de Dieu la vision de la Vérité Divine (tawhid) ainsi que les réalités des qualités humaines qui en découlent, comme la patience (sabr), la gratitude (choukr), l’entière confiance en Dieu (tawakkoul) et le contentement avec Dieu (hamd). Il est le premier réceptacle de l’énergie de départ qu’il est seul à pouvoir prendre de Dieu Lui-même, pour ensuite la transmettre à la création.
Son passage sur terre a créé un momentum et un élan. La personne qui cherche à se rendre perméable à Dieu est appelée à préserver et investir ce capital à travers la cultivation de bonnes intentions et du bel agir. Ces derniers sont une continuité et une résonance de l’énergie reçue par l’initiateur qui est le Prophète, comme s’il jouait le rôle d’une centrale électrique dans laquelle circulent toutes les énergies, ou d’un lac central duquel ruissellent les multiples rivières. Il nous faut donc chercher une connexion à cette centrale, ou trouver le canal pour recevoir l’eau du lac. C'est en cela que la “salat ‘ala an-nabi” peut nous aider.
Investissez-vous dans l'exercice de salat 'ala nabi en visionnant notre vidéo dédiée :
Comment je traduis la salat ala nabi en français dans mes écrits ?
Cette prière est souvent traduite par Ô mon Dieu, envoie paix et salut sur Mohammed” ou le plus terrible “Que Dieu prie sur le Prophète Mohammed”. Mais le Prophète n’est pas un tapis de prière ! Et Dieu ne prie pas… Il suffit de regarder dans un dictionnaire le sens des mots pour voir que quelque chose ne va pas dans cette traduction. C’est une traduction qui n’est ni complète ni juste et qui bloque l’accès de nombre d’entre nous à cette bénédiction qu’est la “salat ‘ala an-nabi”.
C’est pour toutes ces raisons, j'ai fait le choix de ne pas suivre la mention du nom du Prophète par la calligraphie arabe ﷺ ou par les acronymes rattachés à la version phonétique de cette prière qui se retrouvent dans plusieurs ouvrages (ex: “s.a.w.s.” pour "Sallallahu aleyhi wa Salam"). En effet, l’usage de telles méthodes ne semble pas aider le lecteur francophone. Bien au contraire, elles semblent être devenues une sorte de code auquel le lecteur s’habitue, qu’il répète sans lui donner sens, et qui vient ainsi priver le cœur d’être réellement touché par la sacralité d’une telle prière.
Ainsi, pour ne pas tomber dans une sorte d’automatisme ou de prise pour acquis de cette formule, vous trouverez l'alternance de plusieurs traductions du sens de cette prière dans nos textes, comme les suivantes :
- Que la Paix et la Bénédiction de Dieu continuent de nourrir l’être de notre Bien-Aimé, notre Intercesseur, Mohammed, ainsi que notre connexion à lui et ses héritiers bénis aux cœurs sanctifiés ;
- Que la Paix et la Bénédiction de Dieu continuent de nourrir l’être de notre Prophète Mohammed ainsi que notre connexion à lui ;
- Que Dieu continue de nourrir son être, sa lumière, la force de son âme, son héritage spirituel et notre connexion à lui ;
- Que Dieu nous connecte à sa lumière et nous nourrisse de son amour ;
- etc.
Il arrive aussi que je m'abstienne d’écrire une formulation, non pas par oubli (que Dieu nous permette de toujours être attentif et attentionné), mais encore une fois par souci éducatif, afin d’inciter le lecteur à faire cet exercice de conscience par sa propre volonté.
Mon intention générale derrière tous ces choix est d’éveiller nos consciences quant à la sacralité et l’importance de cette prière.
Pour aller lus loin, lire notre article Quel est le sens de la salat ala nabi ?
Ô Mon Dieu Adoré, plus Proche de moi que mes proches, Nourricier des âmes et des consciences, Créateur des liens d’amour et Celui qui les maintient le plus, que Ta Paix et Ta Bénédiction continuent de nourrir l’être de notre Bien-Aimé, notre Intercesseur, Mohammed, ainsi que notre connexion à lui et ses héritiers bénis aux cœurs sanctifiés.