La salât est l'ascension de l'âme

amour ascension marcher dans les pas des maîtres de la conscience prières/méditations vivre en harmonie avec le divin Feb 27, 2022

 

Nous demandons à Dieu de nous donner la “baraka” du souvenir de la Nuit de l’Ascension, ce moment qui est par définition le porteur par excellence de cette “baraka”. Car en effet, le terme “baraka” veut dire “le rapprochement du ciel et de la terre”, ou encore “le fait que le ciel se rapproche de la terre” et a pour effet, dans la manifestation, la multiplication du bien et des bienfaits. 

Or, c’est exactement ce qui s’est passé durant cette Nuit, qui a été un moment de rapprochement du ciel et de la terre. La terre s’est connectée au ciel, et le Prophète a ramené sur terre la science qu’il a reçue dans les cieux, comme si la terre et le ciel étaient devenus un pour le Prophète Mohammed (que Dieu continue de nourrir son être, sa lumière et notre connexion à lui). 

 

 

Ce qui nous lie à cette “baraka”, c’est la prière méditative rituelle avec laquelle le Prophète est revenu sur terre, cet exercice de ressourcement et de renforcement spirituels, cet exercice de développement de connexion et de présence qui s’appelle en arabe “as-salât”. Il s’agit d’un enseignement que le Prophète a reçu dans une dimension transcendante d'existence qui s’appelle le ciel, et qui est devenu un exercice que nous pratiquons ici, sur terre afin de retrouver et de renforcer notre connexion au ciel. 

Cette prière rituelle a pour objectif d’être une ascension de l’âme, une sorte de façon de revivre l’expérience d’ascension que le Prophète (que Dieu continue de nourrir son être, sa lumière et notre connexion à lui) a vécue lors de cette Nuit bénie. D’ailleurs, il a lui-même dit que :

“La prière rituelle (salât) est l’ascension du croyant.”

 

 

L'ÉTAT D’ESPRIT DE LA SALÂT

 Il existe un chant qui nous vient d’une autre tradition religieuse mais qui résume de la plus belle des façons l’état d’esprit de la prière rituelle. Vous connaissez peut-être ce chant, qui s’intitule “Oh prends mon âme” : 



Oh, prends mon âme / Prends-la, Seigneur

Et que ta flamme / Brûle dans mon cœur

Et que tout mon être / Vibre pour toi

Sois Seul mon Maître / Ô Divin Roi

 

Source de vie / De paix et d'amour

Vers toi, je crie / La nuit et le jour

Entends ma plainte /Sois mon soutien

Calme ma crainte / Toi, mon seul Bien

 

Du mal perfide / Oh, garde-moi

Viens, sois mon guide / Chef de ma foi

Quand la nuit voile / Tout à mes yeux

Sois mon Étoile / Brille des cieux

 

Source de vie / De paix et d'amour

Vers toi, je crie / La nuit et le jour

Entends ma plainte / Sois mon soutien

Calme ma crainte / Toi, mon seul Bien

 

Voici l'aurore / D'un jour nouveau

Le ciel se dore / De feux plus beaux

 

Source de vie / De paix et d'amour

Vers toi, je crie / La nuit et le jour

Entends ma plainte /  Sois mon soutien

Calme ma crainte / Toi, mon seul bien



 

 S’OFFRIR À DIEU

Les prières rituelles ont lieu à des moments bien précis que l’on ne choisit pas mais que Dieu Lui-même a choisis. Bien sûr, on peut décider de venir se présenter devant Dieu à d’autres moments, mais ces cinq moments de prières rituelles sont “obligatoires” : ce sont des moments où Dieu nous réclame. Ce sont des intervalles de temps plus ou moins courts, mais durant lesquels il nous faut répondre à l’Appel Divin. Il faut s’exécuter, se ramener, se livrer, se présenter devant Lui, le “Divin Roi”, “Chef de notre foi”... 

Nous venons nous offrir à Lui, entièrement, au moment où Lui l’a décidé, et on Lui confie nos âmes, en Lui demandant : “Prends mon âme, prends-la Seigneur, et que Ta Flamme brûle dans mon cœur". D’ailleurs Dieu nous dit : 

 

réussira (dans la salât, sans cette connexion avec Moi) celui qui se révèle entièrement, qui se donne qui s’offre et se consacre complètement à Moi celui qui vit dans le Rappel de Son Seigneur, qui pense beaucoup à Lui et qui atteind ainsi la connexion “salât” (“fasalla”)” (Chapitre 87, Versets 14 et 15 du Qor’an)

 



Voilà l’état d'âme de la prière méditative : offrir son âme. On demande à Dieu de prendre nos âmes et de les nourrir. Pour imager cette demande, on peut la comparer à un nouveau-né qui serait malade et hospitalisé. Les premiers jours, le personnel soignant va travailler d’arrache-pied pour le soigner, mais il y a des moments bien précis où ils devront le ramener à sa maman afin qu’elle puisse le nourrir. Voilà ce que sont ces moments de prière rituelle, ces moments de rendez-vous et de rencontre avec Dieu. 



UN PARALLÈLE AVEC LE CHAPITRE DE L’OUVERTURE

Ce chant semble être à certains endroits une vraie paraphrase de la méditation à laquelle le Chapitre de l’Ouverture (al-Fatiha) nous invite. Ainsi, peut-être que la méditation sur les paroles de ce chant avant notre prière rituelle, mais aussi avant toutes les prières que l’on peut faire avant et après le rituel, pourrait nous aider à nous mettre dans cet état d’âme. 

D’ailleurs Dieu Lui-Même a appelé le Chapitre de l'Ouverture “as-salât” selon une tradition prophétique sacrée dans laquelle le Prophète rapporte une Parole de son Seigneur (qudsi), où Dieu dit :

 

“J’ai divisé ou partagé “as-salât” entre Moi et celui qui chemine vers moi, celui qui est en quête de Ma Proximité. Et je répondrai à la demande de celui qui se tourne vers Moi. 

Lorsque Mon Serviteur dit : “Mon Dieu, Seigneur des univers, Je T’offre toutes mes louanges qui Te reviennent de droit”, Dieu dit : “Celui qui chemine vers Moi est satisfait de Moi et M’a choisi pour être le centre de son attention, la direction de son coeur”.

Lorsqu’il dit : “L’Éducateur et Nourricier des âmes et des consciences, plus Proche de moi que moi-même”, Dieu dit : “Mon serviteur a bien parlé de Moi”.

Puis lorsqu’il dit : “Roi de mon cœur, Chef de ma foi”, Dieu dit : “Mon Serviteur M’a glorifié” ou “Mon Serviteur s’est soumis à Ma Puissance”.

Et lorsqu'il dit : “C’est vers Toi que nous cheminons, en Toi que nous puisons force et soutien”, Il dit : “Ceci est entre Moi et Mon Serviteur, et Je répondrai à cette demande”.

Et lorsqu’il dit la dernière phrase de la prière : “Inspire-nous et guide-nous sur ton Chemin Droit, Cette Voie empruntée par Tes Bien-Aimés (...)” , Dieu dit : “Ceci est en faveur de Mon Serviteur, et Je répondrai à cette demande”.



On voit que dans cette narration, Dieu parle de la “salât” en faisant référence au Chapitre de la Fatiha. Dieu a fait que la récitation de ce chapitre qui doit obligatoirement être célébré avant chaque prosternation de la prière rituelle soit un dialogue, une conversation entre Dieu et nous. Ce n’est pas un monologue, ce qui veut dire que nous devons laisser de l’espace pour la Réponse Divine. Souvent, lorsqu’on prie, on fait cette erreur de parler sans s’arrêter, sans tendre l’oreille à ce que Dieu dit. Alors que Dieu nous le dit pourtant: Il répond. 

Voyons comment les paroles du chant “Prends mon âme” peuvent venir nous aider dans la méditation de ce chapitre de l’ouverture…

Tout d’abord, nous avons déjà clarifié que la prière rituelle en elle-même est un exercice de développement de force spirituelle. En ce sens, on voit le parallèle avec le fait de demander à Dieu : “et que Ta Flamme brûle dans mon cœur”.  Aussi, lorsque l'on dit à Dieu "Roi de mon cœur et de ma religion", cela revient au terme "chef de ma foi", ou encore "oh Divin Roi". 

Nous pourrions continuer ce parallèle avec toutes les paroles, l'objectif étant d'en faire un outil afin de mieux vivre et célébrer la prière rituelle.

 


UN PAS DANS LE MONDE CÉLESTE

On dit à Dieu : “Oh prends mon âme”... Car qu’est-ce que l’Ascension ? C’est une sorte de mort physique. Et la mort elle-même peut être une ascension. Lorsque Dieu prend l’âme d’une personne qui a vécu en harmonie avec Lui, lorsqu’Il prend l’âme d’un amoureux, d’un bien-aimé, d’une personne consciente qui a un vrai lien avec lui, alors cette mort est une Ascension. 

Et la prière rituelle en elle-même est censée être un premier pas fait dans l’autre monde, dans le monde de l'après-mort, qui n’est autre que le monde céleste. 

Tout d’abord, on sait que la prière rituelle est un cadeau que Dieu a fait au Prophète alors qu’il avait dépassé le Lotus de la limite (sidrat al-muntaha), qui est la limite de la création, la station d'observation ultime à laquelle même le Saint-Esprit n’a pas accès. Son origine est donc entièrement céleste.

Ensuite, les mouvements que nous effectuons dans cette prière méditative sont des mouvements célestes : des mouvements inspirés par ce que le Prophète (que Dieu nous abreuve de son amour et de sa lumière) a vu et témoigné des mouvements des Anges dans les cieux, et qui sont restés imprimés dans son imaginaire. 

Les paroles que l’on prononce durant la prière rituelle aussi sont célestes. Il s’agit uniquement de Paroles issues du Qor’an, lui-même révélé et descendu des cieux. On ne peut pas remplacer ces Paroles par d’autres, même par la plus belle poésie terrestre. Et même les mots que l’on prononce durant les mouvements, sont en réalité inspirés du Qor’an, et ont été prescrits dans les cieux, par Dieu Lui-même. 

On voit donc que tout est céleste dans la prière rituelle : origine,  mouvements, paroles… Cette prière est donc céleste en elle-même. Et l'état d'âme du prieur qui veut vraiment cultiver la présence avec Dieu doit être celui qu’exprime le chant “prends mon âme…”




UN EXERCICE DIFFICILE SAUF POUR CEUX QUI ONT CULTIVÉ LA PRÉSENCE

Dieu nous dit dans le Chapitre 2 de Son Livre Sacré : 

 

“... certes, maintenir et vivre cette prière rituelle (salât) comme il se doit, lui donner son droit en tant qu’exercice est une chose difficile, sauf pour ceux qui ont cultivé la Présence de Dieu dans leur vie et qui Lui sont perméables, 

ceux qui ont développé la conscience de la Rencontre avec leur Seigneur, ceux qui savent qu’ils vont Le rencontrer” (Chapitre 2, partie du Verset 45 et Verset 46)

 

On peut comprendre le passage : “ceux qui ont cultivé la conscience de la Présence de Dieu” de plusieurs façons : cela peut vouloir dire “ceux qui ont cultivé la présence à travers le développement de conscience qu’ils vont rencontrer leur Seigneur après leur mort”, mais aussi “ceux qui sont conscients que la prière rituelle en elle-même est une rencontre avec le Seigneur”. De même, le passage “ceux qui savent qu’ils vont le rencontrer” peut faire référence à ceux qui se rappellent de la mort physique, mais aussi à ceux qui vivent la mort physique pendant la prière rituelle. 

Car oui, Il y a eu (et il y a) des êtres humains comme nous qui, pendant la prière rituelle, perdent complètement leur sensibilité physique. Nous avons tous entendu des histoires qui relatent que tel grand compagnon a demandé qu’on lui coupe sa jambe malade durant la prière car il ne sentait rien dans sa méditation, que tel autre descendant du Prophète n’a pas ressenti l’effondrement de la mosquée dans laquelle il était en train de prier, ou que tel autre homme de Dieu n’a pas entendu les cris d’alerte de gens qui venaient lui annoncer la mort de son fils alors qu’il était plongé dans sa prière rituelle. 

En réalité, ces situations sont des cas extrêmes, des exceptions que Dieu a créées afin d’éveiller quelque chose en nous, afin de nous enseigner quelque chose sur la nature de la prière rituelle. Il ne s’agit pas d’en faire des modèles à suivre, ni de dire que la prière méditative doit être ainsi pour être une “vraie “prière, mais plutôt de nous éveiller au fait que la prière est céleste par nature, et que sa réalité spirituelle est l’ascension de l’âme. Mais cette réalité peut être vécue de différentes manières. 

 

 

 

D’ailleurs, certains grands hommes de Dieu la vivaient à l’opposé avec une prolifération de sensibilité matérielle, non pas d’une sensibilité basse, mais qui relève plutôt d’une augmentation soudaine d’intelligence accrue. Par exemple, notre Maître Omar ibn al-Khattab (que Dieu nous connecte à lui et à son héritage) disait que lorsqu’il était en inclinaison dans sa prière rituelle, il voyait les positions de l’armée et ordonnait à ses lieutenants de tenir leur position. 

Ainsi, on constate qu’il y a plusieurs manières de vivre cette ascension de l’âme. Mais ce qui compte, c’est que l’on soit dans cette démarche, dans cette recherche lors de nos prières rituelles. 




NOTRE HÉRITAGE

Voilà ce qui nous reste de cette expérience spirituelle de l'Ascension. Bien sûr, il s’agit d’un grand signe, d’une Manifestation de l'Amour que Dieu a pour son Prophète, un miracle qui parle beaucoup, qui montre la Haute Estime dans laquelle Dieu le tenait. C’est un signe de l’intelligence et de la station spirituelles du Prophète, et aussi une consolation pour l’âme peinée, chagrinée et martyrisée du Prophète après les événements de Ta’if (cf article ici), et de nombreux enseignements spirituels sont à retirer de ce moment historique. 

Mais en ce qui nous concerne, au-delà de tout ça, la part que l’on doit aller chercher dans l’anniversaire de ce souvenir de rencontre entre la terre et le ciel, c’est de faire revivre en nous cette réalité que la prière rituelle est l'ascension de l’âme. Et lorsque on parle d’ascension, on parle de lutter contre la gravité, de lutter contre le poids de la mort pour viser la soumission complète, l’abandon total entre les Mains de Dieu. 

Et sachez que celui qui lève les mains vers Dieu et qui Le laisse faire Son travail s’élève… Celui qui laisse Dieu être Dieu, celui qui Le laisse faire Son Travail Divin en lui-même, c’est à dire qu’il se présente comme Dieu L’a demandé, quel que soit son état, quel que soit le contexte, en toute humilité devant son Seigneur et lui dit : “je sais que j'ai beaucoup de retard et beaucoup de travail à faire sur moi encore. Mais le moment est venu de notre rencontre, rencontre que Tu as décidée, alors viens regarder en moi, viens faire les comptes. Si Tu vois du bien en moi, augmente-le, et si Tu vois du mal en moi, aide-moi à m’en défaire !” 

 

Que Dieu nous donne et vous donne cette ascension dans chacune de nos prières rituelles. 

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