Le Pèlerinage, cinquième pilier de l'islam

marcher dans les pas des maîtres de la conscience pèlerinage/hajj vivre en harmonie avec le divin Jul 19, 2021

Nous chantons les louanges de notre Créateur, qui, par Sa grâce, nous invite à entreprendre ce voyage dans le monde intérieur du Pèlerinage, cinquième “pilier” de l’islam. En réalité, les cinq “piliers” sont plus que des piliers de la religiosité de celui qui veut cheminer vers son Seigneur : chaque pilier est, de manière indépendante des autres, une opportunité complète et parfaite pour celui qui chemine vers Dieu de manifester sa dévotion, son dévouement et sa sincérité envers Dieu ainsi qu’une opportunité parfaite de s'accomplir en Dieu.

 

LES "PILERS" DE L'ISLAM

Nous pouvons aussi visualiser ces “piliers” comme étant des angles qui nous donnent chacun une nouvelle perspective, une nouvelle dimension, une nouvelle approche du Divin. Tout converge vers la même chose : notre lien, notre relation avec Dieu et le témoignage originel. “La ilaha illAllah, Mohammadoun Rassouloullah” : il n’y a de Dieu que Dieu, et Mohammed est le Messager de Dieu (que Dieu continue de nourrir son être, sa lumière et notre connexion à lui). Chaque pratique de l’islam, chaque acte de dévotion (‘ibada), revient à ce témoignage et nous donne une opportunité différente d’expérimenter l’Unicité de Dieu (Tawhid).

Les cinq piliers sont donc des voyages qui nous ramènent au Témoignage, des voyages qui nous invitent à vivre ces mots que nous prononçons : « je témoigne, j'atteste et je vois que Dieu est Un, et que Mohammed est le Voyageur et le Messager ». Notre bien-aimé Prophète (que Dieu continue de nourrir son être, sa lumière et notre connexion à lui) est à la fois le Voyageur, celui qui a atteint la destination et qui est revenu avec la bonne nouvelle, et aussi le Messager, celui qui nous apporte le message, ce message qui nous encourage, nous, créatures éphémères dont le corps n’est fait que d’eau et d’argile, à sortir de notre zone de confort pour commencer ce voyage vers cette quête de l’Absolu, cette quête de l’Eternel.

 

"Les cinq piliers sont des voyages qui nous ramènent au Témoignage." 

 

 

LES "ACTES D'ADORATION"

Ainsi, l’ensemble des "actes d’adoration" que nous effectuons dans le chemin qui mène à Dieu (‘ibada), est à la fois l'expression de notre appartenance à Dieu (‘ouboudiya) et en même temps la cultivation de ce sentiment d’appartenance. Car l’islam est une voie parfaite, une voie dans laquelle tout se fait et tout communique dans les deux sens. Dieu n’est pas en monologue, bien au contraire, Il est en dialogue, en communication parfaite avec nous. On Lui parle et Il nous répond.

Ainsi, dans le premier sens, nous exprimons notre dévotion, notre dévouement à travers les mouvements de la prière méditative (salât), à travers le rituel de l'illumination (woudhou) à travers l’aumône purificatrice (zakât), à travers le jeûne, à travers le pèlerinage. Et en même temps, dans l’autre sens, on cultive notre conscience de la Présence de Dieu (taqwa), à travers cette même prière, ces mêmes ablutions, cette aumône, ce jeûne et ce pèlerinage.

 

"Dieu n’est pas en monologue, bien au contraire, Il est en dialogue, en communication parfaite avec nous. On Lui parle et Il nous répond."

 

Ce que l'on appelle les actes d’adoration sont donc des expressions d'un amour présent au fond du cœur et d'une réalité spirituelle qui dépasse de loin toute forme d'expression. Et en même temps, ce sont des opportunités de cultiver cette même réalité intérieure. On peut se les représenter comme l'eau que l'on utilise pour arroser une plante : d’un geste extérieur, on nourrit quelque chose d’intérieur, ici l’amour et la sincérité, en lui permettant par la suite de se manifester à l’extérieur dans toute sa splendeur.

Ces "actes" sont donc des expressions de la servitude et de l'appartenance à Dieu, du fait d’être un serviteur (‘abd), une personne qui reconnaît pleinement et embrasse cette appartenance et qui vit en fonction de cette réalité : j’appartiens à Dieu, donc j’exprime cette appartenance à travers ce rituel. Et c’est de cette manière que le rituel devient l’accomplissement et le fruit du spirituel.

D'ailleurs, c'est ainsi que cela a commencé. Par exemple, en ce qui concerne la prière méditative (salât) le Prophète (que Dieu continue de nourrir son être, sa lumière et notre connexion à lui) n’a pas forcé son cœur à se prosterner. Au contraire, son cœur était déjà en prosternation permanente et c'est pour exprimer sa prosternation qu’il s’est prosterné physiquement ! Ceci pour faire goûter à son corps une goutte de la coupe qui a été servie à son cœur… Voilà comment l’histoire de ces actes a commencé, comme une manifestation de l’appartenance à Dieu en toute splendeur. Comme une sorte de danse, de chorégraphie. Comme un ballet.

Tout a donc commencé par cette quiétude céleste qui s'est manifestée sous cette forme terrestre. Puis cette forme descendante est devenue une corde de sauvetage pour nous permettre de monter au ciel. Et là, nous prenons conscience que nous sommes trop injustes envers notre propre religion, que nos traductions de la notion de “‘ibada” en mots tels que “actes d'adoration”, ou “obligations”, nous font perdre beaucoup de monde en quête de Vrai, et perdre aussi la connexion avec les Anges qui ne se sentent pas du tout “obligés” d'adorer leur Seigneur et d'exprimer leur Amour en toute splendeur !

 

RACINES ET FRUITS

Dans les appellations arabes réside un secret : une communication entre les racines et les fruits. Les fruits ont un noyau en eux qui, une fois planté, devient racines, et les racines donnent des fruits à leur tour. Car les graines sont dans les fruits. Si on les plante, ces graines vont pousser et devenir des racines, qui vont ensuite former des arbres qui donneront des fruits, eux-mêmes porteurs de graines… Et ainsi de suite.

 

"Le mot “Hajj” signifie la vérité parfaite, complète, la preuve ultime, et aussi la quête de cette vérité."

 

Racines, fruits, fruits, racines : c’est le miracle du cycle de la vie. La vie est faite de cycles, c'est une roue qui tourne sans cesse. Ainsi, Dieu nous enseigne que peu importe la profondeur de la nuit, le jour viendra. Et peu importe la froideur de l'hiver, le printemps fleurira ! Donc, lorsque vous vous sentez désespérés, gardez en mémoire que la roue tourne en permanence, et que la joie reviendra.

Les mots arabes ont donc des sens bien plus profonds que leurs traductions françaises classiques. Le mot “salât” a un sens beaucoup plus profond que celui de “prière”. Il renvoie à la fois à la connexion parfaite et à la quête de cette connexion. “Zakât” veut dire à la fois pureté parfaite (qui est le fruit de la zakât) et la quête de cette pureté. “Sawm” n’est pas que le fait de jeûner, le mot évoque la balance ou l'équilibre parfait, et la quête de cet équilibre. Et le mot “Hajj” signifie la vérité parfaite, complète, la preuve ultime, et aussi la quête de cette vérité.

Et ainsi, chaque acte est devenu un exercice de développement de conscience pour nous. Alors qu'à l'origine ce n'était pas des exercices mais des expressions d'amour, des expressions de reconnaissance de notre appartenance à Dieu. Du haut vers le bas, le Prophète et tous les autres Prophètes avant lui ont manifesté ces fruits de leur accomplissement spirituel, comme une aumône en vue de développer sa sincérité envers Dieu (sadaqa) qu'ils ont donnée au corps humain. Et à notre tour, nous effectuons ces mêmes gestes en sens inverse, du bas vers le haut afin de cultiver notre conscience et de nous élever vers Dieu.

 

 

TEMOIGNER DES BIENFAITS

Dieu nous a donné l’objectif visé par chaque exercice, par chacun de ces "actes". En ce qui concerne le Pèlerinage, Dieu nous dit que les pèlerins s’y rendent "afin qu'ils puissent témoigner des bienfaits". De quels bienfaits s’agit-il selon vous ?

Le bienfait de l’islam évidemment. En d’autres termes, les croyants effectuent le pèlerinage afin de pouvoir témoigner et revenir au cycle des cinq piliers de l’islam. C’est pour cela que j’imagine les cinq piliers disposés dans un cercle : l’attestation de foi donne sur la prière rituelle, qui elle-même donne sur l'aumône, qui va donner sur le jeûne, qui donnera enfin sur le pèlerinage. Pèlerinage qui, à son tour, nous ramène au témoignage, à l’attestation. Et le cycle se répète, de manière continue.

D'ailleurs, aucune des personnes qui a effectué le Pèlerinage d’adieu avec le Prophète (que Dieu continue de nourrir son être, sa lumière et notre connexion à lui) n'a connu de doute dans sa foi après cela. Le Prophète a regardé les dix à douze mille compagnons présents et leur a dit, en s'exprimant dans la langue du Divin : "aujourd'hui, J’ai accompli pour vous votre religion, et J’ai complété mes faveurs et mes bénédictions envers vous. Et Je suis content de vous et de votre Islam. Aujourd'hui vous êtes complets et accomplis, vous êtes dans un état de perméabilité parfaite à la Lumière Divine (mouslimine)”.

 

Voilà donc l’objectif du cinquième “pilier” de l’islam.

Littéralement, le mot "Hajj" renvoie au fait d’atteindre un degré de foi et de certitude élevé, un point de non-retour. Il s’agit donc d’atteindre un niveau de foi qui ne régressera plus jamais après cela, une certitude qui ne laissera plus jamais place à la résistance à la Lumière.

 


 

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