Désigner Dieu par le pronom Hou, un pronom au-delà du genre

connaître dieu pour mieux l'aimer Jul 12, 2023
calligraphie adab ya hou

 

Voici une calligraphie que l’on peut voir sur de nombreuses portes de mosquées, de dergahs, de zawiyas et autres "centres de développement spirituel" dans le monde islamique, notamment en Turquie et en Iran. Cette écriture est composée de deux parties : 

  1. Le mot Adab, souvent traduit par "bonnes manières", mais que je préfère traduire par “art de vivre” ou “savoir vivre avec le cœur”.
  2. L'expression “Ya Hou”, qui peut être traduite de deux façons : "Oh Toi !" ou encore “Oh Lui/Elle !" 

 

"Hou" parle au secret Divin au fond de chaque être humain 

En effet, “Hou” est un pronom sans genre, voire même "au-delà du genre". Je pense d'ailleurs qu'il serait bon d'enrichir la langue française d'un pronom de ce genre  pour ne plus être limités aux seuls “lui” et “elle”. Nous avons certes le “cela/ça” qui est neutre au niveau du genre, mais qui ne s’utilise que dans certaines situations, et uniquement pour des situations ou objets sans conscience. L’anglais quant à lui utilise plus volontiers le “it”, mais là encore, de manière réduite aux choses inconscientes. On constate que, dans les deux langues, il manque un pronom pour le conscient ou le supraconscient sans genre qui permettrait de mieux désigner Dieu, la Conscience suprême ou l'Esprit.

C’est intentionnellement qu’il n’est pas écrit sur ces affiches d’entrée “Ya Insan” (Ô être humain) ou encore “Ya Mourid” (Ô Elève ou Disciple). Le terme “Hou” est utilisé à la place afin de transmettre la signification profonde et subtile de : “Ô Toi qui es le secret de Hou dans le Soi Profond de toute personne !”.

Cela vise à nous rappeler que nous portons en nous le Secret du Divin, ou dit en d'autres termes : honorez ce secret en vous, et laissez votre comportement extérieur refléter et exprimer ce trésor intérieur. Soyez un homme ou une femme qui vit avec art, soyez un homme ou une femme de cœur ! 

Celui qui manifeste Le Secret Divin qu'il porte en son sein vit en harmonie avec la Manifestation Extérieure du Divin.

 

 

 

Le pronom Hou pour honorer la notion du Divin qui est au-delà des genre

En arabe, “houwa” est le pronom couramment utilisé à la 3ème personne du masculin (l'équivalent de il en français). Le fait est que ce même pronom a été utilisé pour désigner Dieu dans le Qor’an et la tradition prophétique. Pourtant, on sait que la notion du Divin est "asexuée", ou plutôt qu’elle est au-delà de tout genre.

Les soufis, qui sont toujours à la recherche de cohérence et qui ne se contentent pas de problèmes spirituels non résolus ni d'explications superficielles des choses, ont ressenti le besoin de trouver une réponse à cette question. C’est pourquoi nous les voyons souvent utiliser à la fois les pronoms "houwa" et "hiya" (il et elle) pour parler de Dieu ou de la Présence Divine et de l'Esprit, ou encore pour évoquer l'âme profonde ou le Secret intérieur.

Certains résistent même à l'idée que l'Intelligence Divine la Plus Sage ait utilisé le pronom masculin pour décrire l'Essence Divine qui, se traduit et se manifeste nécessairement dans et à travers les attributs aussi bien masculins que féminins. 

Ceux-là défendent l’idée que le pronom “Hou” est différent de “houwa” : si “houwa” signifie il” ou “lui”, “Hou” serait un pronom complètement différent qui n'est utilisé que pour l'Essence Divine Profonde sans genre ou au-delà du genre. Ainsi, lorsqu’ils récitent le Qor’an, ils ne disent pas "houwa Allah", ils préfèrent le prononcer "Hou Allah" ! 

La question ici, n'est pas de savoir si l’on est d'accord ou pas… Car ce sujet dépasse la science en réalité”. C'est une question d'art, et l'art est une question d'expérience et de goût… 

La seule conclusion scientifique que l’on peut tirer de cela, c'est que l'utilisation du pronom masculin pour désigner Dieu n'a pas été une question ignorée dans la pensée islamique.

Certains penseurs musulmans ont essayé de trouver une solution ou une explication pour éviter que certains esprits ne glissent dans la confusion d'imaginer Dieu comme étant un homme avec une barbe blanche, à l’image des représentations bibliques, de peur que nous fassions de Dieu uniquement un “Père” ou un “Grand-père” et non une “Mère” ou une “Grand-mère”... Chose qui peut avoir des conséquences psychologiques dévastatrices dans notre connexion au Divin.

 

Pour aller plus loin sur l'importance de l'imagination, lire notre article : Méditation guidée et islam ? 

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