Migrer de sa zone de confort - Les cinq prières de Moïse - 1 (introduction)

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Parmi tous les événements de la vie du Prophète Mohammed (que Dieu continue de nourrir son être, sa lumière et notre connexion à lui), l’Hégire, hijra, sa migration de la Mecque vers Médine, est celui qui a été perçu par les historiens comme le plus important. D’ailleurs, cet événement a été choisi pour marquer le début du nouveau calendrier islamique. Il a ainsi marqué le début d’un nouveau cycle, d’une renaissance, d’une nouvelle ère.

Sur le plan physique et historique, il s’agit de ce moment où le Prophète, afin de mettre un terme aux persécutions infligées à son cercle d’élèves et sympathisants, a organisé leur départ de la Mecque, devenue invivable et dangereuse pour eux, vers la ville de Médine. Quelques semaines auparavant, durant le mois de Dhoul Hijja, à l’occasion des jours du Pèlerinage, il avait conclu un pacte avec les médinois qui s’étaient engagés à les accueillir et à les protéger. Il a donc profité du mois sacré de Mouharram, mois où les combats et attaques étaient interdits dans la coutume arabe préislamique, pour que chaque âme dont il se sentait responsable puisse quitter la Mecque en sécurité. 

Quant à lui, il attendra le mois suivant, celui de Safar, qui veut littéralement dire “voyage”, pour quitter la ville à son tour. Ce mois-là n’étant pas un mois sacré, les attaques étaient de nouveau autorisées dans la culture mecquoise, et il fut d’ailleurs poursuivi. En faisant ce choix extrême de quitter en dernier, quasiment seul et dans une période où on pouvait l’attaquer, il souhaitait envoyer un message clair : que sa sécurité ne dépendait pas de la paix relative qui découle d’un pacte entre les hommes, et qu’il se plaçait entièrement sous la Protection du Un, Source de Paix Véritable. 

Nous pouvons voir dans ce choix de marquer le début de l’ère de l’islam par ce moment de départ et de délaissement du monde connu pour se déplacer vers un horizon inconnu, une invitation à comprendre la portée symbolique et spirituelle de cet événement. D’ailleurs, on retrouve l’événement du voyage et de la migration dans quasiment toutes les biographies des Prophètes et Maîtres de la Conscience. 

La hijra, ce n’est pas simplement quitter la terre où l’on vit pour trouver une autre terre où les choses seraient plus faciles à vivre et où l’on pourrait satisfaire ses envies. Un enseignement prophétique nous apprend : “La hijra véritable consiste à délaisser ce que Dieu nous dit de délaisser”. Il s’agit donc de délaisser tout ce qui est faux pour s’orienter complètement vers La Vérité. De quitter sa fausse identité, le petit “soi”, pour retrouver sa vraie réalité, celle du Soi. Il s'agit donc d’un voyage vers Soi…



Pourquoi le voyage ? 

L’homme est l’être qui détient le plus grand potentiel de développement et d’accomplissement de toute la création. Il s’agit d’une créature qui se démarque par cette capacité que l’on appelle libre arbitre : cette capacité à faire des choix, à s’ouvrir ou se fermer à la Vie, à la Vérité et à la Lumière. 

L’homme doit donc comprendre ce qu’il est : un Projet Divin qui est voué à se développer et à croître tout au long de sa vie terrestre. Comme un arbre, c’est à partir d’une simple graine qu’il doit commencer sa croissance en vue de devenir un être fort et bien enraciné. La graine contient tout le potentiel de l’arbre à son apogée, mais pour que ce potentiel puisse s’exprimer, elle doit être plantée, nourrie et entretenue dans la terre de la Conscience. Elle doit être cultivée dans un milieu favorable à son développement, exposée à la lumière et arrosée d’une eau venue des cieux pour croître, et révéler son potentiel unique. Elle doit surtout être ultimement confiée à Celui qui prend soin du développement de toute la création, son Rabb, sa Source et son Origine.

Une fois mature, cet arbre puisera directement dans la Source de la Connaissance de Dieu et donnera les fruits des belles valeurs humaines, les valeurs prophétiques universelles, celles de la personnalité saine qui sait aimer, donner, pardonner, partager, prier pour tous et construire un monde de Paix et d’Harmonie. 

La croissance nécessite donc un enterrement et un effacement, une confiance totale dans ce Développeur, ce Cultivateur des âmes (Rabb), et aussi une adaptation au contexte. Il n’y a qu’à observer la croissance d’une graine pour voir à quel point la germination ne peut se faire sans pression, sans un travail profond et intense, sans douleur même. Ainsi, Dieu va nous mettre face à des situations de développement, que nous appelons épreuves. Des situations qui nous semblent difficiles à vivre, mais qui s’avèrent être des tremplins de croissance et des invitations au rapprochement pour celui qui accepte de les vivre et qui refuse de les subir, celui qui accueille ce travail de développement et qui se rend façonnable et malléable dans les Mains du Divin. 

Malheureusement, l’être humain a une tendance à vouloir rester figé, statique, bloqué. Avant d’engager son cheminement, il est à l’état que l’on appelle “âme figée”. Il est alors dans l’autosatisfaction, souvent persuadé que tous ses problèmes viennent de l’extérieur, et qu’il n’a pas besoin de grandir ni d’évoluer.

L’âme figée est bloquée dans des zones de confort souvent très inconfortables, ces fameuses zones où l’on se trouve mille et une excuses pour toutes ses erreurs. Dans cet endroit, le pardon n’existe pas, avouer ses fautes est inenvisageable. Cette âme figée dépense toute son énergie à se défendre en blâmant les autres et jouer le rôle de la victime. Elle s’accroche à une image d’elle-même, des autres et de ce que devrait être la vie selon sa perception du moment. Elle subit son existence comme si elle était un objet, et non pas comme un être vivant constamment prêt et appelé à évoluer. L’âme figée reçoit les preuves d’amour de son Seigneur, que sont les invitations à la croissance et au développement, comme on reçoit des coups : avec résistance, souffrance et ingratitude. 

Au fond de l’âme figée, la graine de Vie est négligée, ignorée, niée, et par conséquent, la croissance inexistante. Et cela est bien normal, car les objets sont par définition inanimés, sans vie. 

Lorsqu’un objet chute, il se brise en mille morceaux. Voilà pourquoi l’âme figée est obsédée par l’idée de perdre son équilibre et tomber. Elle finit par avoir peur de tout mouvement, de tout changement et devient paralysée, tétanisée. Cette quête de maintenir “l’équilibre” lui coûte énormément, et sa vie est gaspillée dans un travail d'équilibriste vain, alors que seul l’arbre vivant bien enraciné peut trouver un équilibre pérenne et sain. Une fois bien enraciné dans la terre, il peut grandir, s’épaissir, et s’élancer vers le ciel en toute confiance, offrant ses plus belles fleurs, et ses plus beaux fruits. 

Le problème s’avère donc essentiellement être un problème de perception de soi-même. L’équilibre d’un objet mort est beaucoup plus fragile et difficile à atteindre que celui d’un arbre vivant. 

L’être humain qui n’est pas conscient de sa nature vivante et évolutive se sent toujours menacé par le changement de contexte. Cherchant coûte que coûte à maintenir le statu quo, il est nécessairement dans un travail d'auto sabotage de sa propre croissance et de son propre Projet Divin. 

La Sagesse de l’Intervention Divine chamboulant notre contexte vise à nous pousser hors de notre zone de confort pour nous permettre de pousser, et de devenir plus forts. Le voyage, le mouvement, le changement, ne sont pas des menaces, mais plutôt des opportunités afin de nous aider à déployer notre potentiel. 

 

 

 

 

 

Sur les pas des Maîtres de la conscience

Le chemin qui mène à Dieu n’est autre que le chemin des Maîtres de la Conscience, les Prophètes et les Hommes de Dieu après eux. Suivre ce chemin revient à rentrer en relation avec nos Maîtres à travers une recherche d’alignement et d’harmonie avec eux, afin de tendre vers le même objectif que le leur : Dieu, et seulement Dieu. 

La religion (du mot latin  “religare”, qui signifie “relier”) est l'art d'être en relation, en interaction avec Dieu, de créer et entretenir un lien, une relation avec Lui. Briser les idoles, refuser le faux revient à “personnifier” Dieu, à le rendre plus Réel et moins abstrait, à Le voir pour ce qu’Il est : un Dieu Vivant et Veillant qui nous invite à vivre une Vraie Vie en Sa Compagnie. Pas un Dieu objet de discussion ou d’adoration, un “Dieu idée” autour de qui on se construit sa propre image de religiosité… 

Ainsi, notre intention dans tous nos actes doit être d’entrer en relation avec le Prophète (que Dieu nous connecte à sa lumière), avec les Hommes de Dieu, mais aussi avec tous les symboles de Dieu, et même toute la Création en réalité, parce que tout vient de Lui, et en chaque chose se trouve une porte qui mène à Lui. 

Nous avons également pu observer combien l’être humain a peur de sortir de sa zone de confort. Ce travail intérieur dans les profondeurs de son être lui met une pression, le bouscule et le sort de sa torpeur ainsi que de son confort. Se dresse alors une résistance nourrie par la peur, qui se traduit par cette tendance à figer les choses et à objectifier tout ce qui l’entoure. 

Il est important d’observer que la modernité dans laquelle nous vivons renforce en nous ces mécanismes : les personnes et les choses autour de nous sont présentées comme des images inanimées, des objets, des biens consommables, et donc jetables. Les relations ne sont plus des vraies relations où l’on s'engage de tout son être, mais des rapports conditionnés basés sur la consommation de l’autre et les intérêts personnels du moment. L’être humain moderne, qui est habitué à ce mode de fonctionnement, peut donc d’autant plus facilement se rassurer faussement et trouve les arguments pour se maintenir dans sa zone de confort : “si tout est figé, je dois l’être aussi” ! Il peut facilement se persuader que rester figé, c’est la “normalité”, c’est ne courir aucun risque, être en sécurité. 

En perdant de plus en plus la conscience des choses, l’homme finit par consommer la religion comme il consomme la matière : il se rassure en se constituant ses petits objets spirituels, devenus objets d’obsession et de passion. Dieu devient un objet de discussion, un objet d’abstraction et de pensée théorique, un objet de querelle, et même un objet de division… Les enseignements prophétiques, les enseignants, et le Prophète lui-même (que Dieu continue de nourrir son être, sa lumière et notre connexion à lui) ont été transformés en objets figés pour apaiser des âmes figées, tétanisées par la peur de quitter leur zone de confort.

Dieu nous invite donc à développer notre conscience pour sortir de ces pièges, et nos maîtres sur cette voie sont les Prophètes - Maîtres de la conscience -  ainsi que tous ceux qui marchent devant nous sur leurs traces. 

 

Sur les pas de notre Maître Moussa

Notre Maître Moussa (que Dieu nous connecte à sa lumière et à son héritage) est un des Maîtres de la conscience dont l’Hégire physique comme spirituelle est détaillée dans le Livre de Dieu. Ce passage fut révélé au Prophète Mohammed alors que lui-même se mettait en marche pour sa propre hégire, alors qu’il quittait la ville de la Mecque. 

Si Dieu nous partage souvent dans Sa Sainte Ecriture des passages de l’histoire de notre Moussa et des enfants d'Israël, c’est parce qu’en tant que communauté, nous sommes très semblables aux enfants d’Israël. Et le chemin de notre Maitre Mohammed (que Dieu continue de nourrir son être, sa lumière et notre connexion à lui) est très semblable au chemin de notre Maitre Moussa (que Dieu nous connecte à sa lumière et à son héritage). Et l’exemple de notre Maître Moussa est un exemple de patience et de ténacité qu’il convient de suivre pour celui qui aspire à vivre avec son Seigneur.

Si vous lisez la sourate 28, vous trouverez le récit qui relate les cinq prières de Moussa, ces cinq piliers de l’Hégire. Ces prières sont importantes, car comme toutes les prières que nous trouvons dans le Qor’an ou qui nous viennent des Hommes de Dieu, ce sont plus que de simples mots, ou que des simples litanies à réciter. Ce sont les expressions de l’état d’âme d’un Homme de Dieu, en l'occurrence d’un grand Prophète, à un instant T, que Dieu nous offre pour nous permettre de nous aligner avec cet Homme de Dieu. Ces expressions deviennent pour nous des exercices de développement de conscience que nous sommes invités à vivre afin de pouvoir suivre ses pas, accéder à ce même état d’âme, accéder à l’expérience qu’il a pu goûter avec Dieu (toutes proportions gardées). 

Ainsi, nous allons voir dans une série d’articles à venir que chaque prière de Moïse est en réalité un pilier de l’hégire intérieure comme physique, une des cinq étapes qui permettent de sortir de soi, un niveau de conscience, ou encore un pont qui permet de dépasser un horizon. Chaque prière permet de gagner une lumière dans son cheminement et une ouverture vers la libération.

 

 

Les cinq piliers de l'hégire spirituelle

Nous allons donc dans les publications prochaines détailler le contexte de notre bien-aimé Moussa, et l’état d’esprit qui a vu naître chacune des prières qui l’ont accompagné sur son chemin de migration intérieure et physique. Dans l’attente, voici les cinq prières que nous allons étudier :

 

 

 Etape 1. La prise de conscience 

 

رَبِّ إِنِّي ظَلَمْتُ نَفْسِي فَٱغْفِرْ لِي 

"Mon Seigneur, mon Enseignant, mon Développeur, c’est moi qui ai commis la plus grande injustice, c’est moi qui me suis moi-même trahi. 

Couvre-moi donc du manteau de Ton Amour Inconditionnel et de Ta Grâce" 

S.28 - V.16

 

La prise de conscience de nos manques et de nos péchés afin de nous en libérer est le point de départ de toute Hégire : il s’agit de réaliser le tort que l’on se fait à soi-même et combien on se maintient dans les ténèbres par nos propres fautes, combien on se maintient dans l’inaction, combien on maintient nos âmes loin du service de Dieu, ou encore dit autrement : combien nous nous trahissons nous-mêmes. 

 

 Etape 2 - La décision du départ 

 

رَبِّ بِمَآ أَنْعَمْتَ عَلَىَّ فَلَنْ أَكُونَ ظَهِيرًۭا لِّلْمُجْرِمِينَ

« Mon Seigneur  ! Grâce aux bienfaits dont Tu m'as comblé,

je ne serai plus jamais l'allié des criminels ». 

(dans S.28 - V.17)

La décision de départ et une décision de séparation, c’est le refus d’être ou le refus de rester l’instrument de l’ennemi, qu’il soit intérieur ou extérieur, pour aspirer à devenir l’Instrument de Dieu. 

 

 

 Etape 3 - Se placer sous la Protection de Dieu

 

“Moïse sortit de la ville inquiet et regardant de tous côtés en disant : 

رَبِّ نَجِّنِى مِنَ ٱلْقَوْمِ ٱلظَّٰلِمِينَ

 “Mon Seigneur qui veille sur moi et qui me fait grandir, sauve-moi des personnes qui se sont investies dans les ténèbres de l’injustice et de l’ingratitude” 

(dans S.28 - V.21)

 

Après avoir pris la décision de bouger, de quitter sa zone de confort, après avoir décidé de ne plus être un instrument de sa propre chute, on réalise très vite notre faiblesse, notre besoin de Dieu et la présence de dangers extérieurs comme intérieurs qui sont des épreuves, des tests à passer. L’islam est un chemin d’humilité, et Dieu nous fait très vite réaliser que ce n’est pas par nos forces que l’on parviendra à honorer cette prise de conscience, mais bien en cherchant Sa Protection et en s’accrochant à Ses Forces à Lui. 

 

Etape 4 - Espoir, clairvoyance et confiance (yaqin) que l'on est sur le bon chemin 

 

“Tandis qu'il se dirigeait vers Madyan, il dit :

عَسَىٰ رَبِّي أَن يَهْدِيَنِي سَوَآءَ ٱلسَّبِيلِ

"J’ai le sentiment fort et la confiance pleine et complète que très prochainement, 

mon Seigneur et Maître qui veille sur moi va me guider sur le chemin droit."

(dans S.28 - V.22)

 

Comme nous l'avons vu, la peur cherche à nous maintenir et à nous faire revenir dans la zone de confort que nous venons juste de quitter. Mais une fois que l’on s’est placé sous la Protection de Dieu, on sent naître l’espoir et la confiance qui viennent apaiser les peurs, et donc permettre la reprise de la dynamique de l’Hégire en soi. 



Etape 5 - L’arrivée : le service 

 

“Moussa quitta l’ombre sous laquelle il se reposait pour servir à boire aux bêtes de deux femmes qui craignaient d’approcher un puits entouré d’hommes, puis il s’écarta de nouveau à l’ombre et déclara : 

رَبِّ إِنِّى لِمَآ أَنزَلْتَ إِلَىَّ مِنْ خَيْرٍۢ فَقِيرٌۭ

"Mon Seigneur, plus Proche de moi que moi-même, Nourricier de mon âme et Enseignant de mon cœur, mon état réclame Ta Générosité : je suis dans le besoin le plus grand et le plus total. Je ne peux laisser passer aucune opportunité, si petite soit-elle, de me connecter à Toi. Je m’ouvre à tout bien que Tu puisses me faire parvenir, à tout bienfait que Tu envoies dans ma direction."

(dans S.28 - V.24)

 

Moussa est enfin parvenu à l’ombre, en sécurité. Il s’abrite un instant et s’adresse à Dieu. Il Lui confie à nouveau son besoin, Lui demandant une opportunité, un bienfait. Là, l’opportunité s’ouvre à lui : il voit deux femmes qui ont besoin de son aide. Alors il sort de l’ombre pour aller puiser de l’eau pour abreuver leurs bêtes.

Notre bien-aimé Moussa a donc quitté l’ombre (la phase 1) pour cheminer jusqu’à la dernière phase, celle où il se met au service des autres (la phase 5 de l’Hégire spirituelle) : ces deux jeunes femmes qui le conduiront jusqu’au Prophète qu’il servira pendant 8 ou 10 ans (phase 5). 

Cette métaphore de l'ombre que l’on a quitté en phase 1 et retrouvée en phase 5 nous montre qu’il s’agit aussi du renouvellement d’un cycle, d’un retour à une possible zone de confort. On en déduit que l’arrivée est toujours suivie d’une nouvelle zone de confort dans laquelle on ne doit pas se figer, mais qu’on doit faire suivre par un nouveau départ. En effet, Moussa ne reste pas à l’ombre quand il s’agit de servir Dieu, il n’y revient que pour se ressourcer et mieux le servir encore. Cette métaphore est riche de méditation et de sens : la zone de confort ne sert pas de station définitive, elle ne doit être que passagère.

 

 

Ce que l'on peut déjà comprendre du cheminement de Moïse

 

Des hauts et des bas

L’enchaînement de ces prières nous montre à quel point il peut être contre productif, voire même dangereux, de s’arrêter à l’une de ces étapes, à l'un de ces niveaux de conscience. Car après avoir connu une prise de conscience et un début d’envol, si on rate l’étape suivante, on se retrouve en chute libre, et on retourne à notre point de départ… c’est ainsi qu’il est courant de rencontrer des personnes qui, après avoir connu un vrai éveil, sont retombées dans leur état initial, dans leur zone de confort pourtant si inconfortable. Après avoir vécu un état très haut, après avoir connu une vraie fête, ils se retrouvent en défaite, que Dieu nous protège. 

Certes, vivre des hauts et des bas dans nos vies est inévitable. Cependant, il existe deux types de hauts et bas. Si on reste sur place, nos hauts et nos bas sont toujours les mêmes, ce sont des montées qui peuvent parfois aller très haut, mais qui sont suivies par des chutes libres, comme si on rebondissait sur un trampoline. Alors que si l'on s’engage à suivre les pas de nos Maîtres, les pas des Hommes qui ont vécu et expérimenté le chemin avant nous, si on migre hors de chez soi et hors de soi, si on décide de vraiment quitter notre zone de confort, alors ces hauts vont devenir des décollages qui nous emmènent très loin, vers de nouveaux horizons. Et les bas seront non plus des chutes libres, mais des atterrissages dans un endroit supérieur au niveau de départ. 

 Puis de nouveaux cycles d’évolution vont survenir dans nos vies, et cet enchaînement de décollages et d’atterrissages va nous permettre de nombreux voyages, de nombreuses avancées dans notre cheminement spirituel qui deviendra un chemin toujours ascendant. 

 

Comment vivre des hauts et des bas profitables

 

Ce cycle de décollage, voyage, atterrissage est un passage à traverser avec des pas sages. Mais le problème réside dans le fait que nous ne sommes pas sages… Alors nous avons besoin de suivre les pas des sages, les pas des Maîtres de la conscience, afin de poursuivre la même quête que la leur, et d’arriver à destination. 



Passer de la zone de confort à la zone de croissance

Comme nous l’avons vu, nous avons tendance à rester bloqués dans notre zone de confort parce que la peur nous y maintient. Nous craignons alors d’aller vers la zone extérieure à la zone de confort et de peur, qui, nous allons le voir dans nos prochains articles, n’est autre que la zone d’apprentissage. 

Différentes raisons (qui ne nous donnent pas pour autant raison) peuvent expliquer ce blocage : le manque de confiance en soi, le fait de se laisser affecter par l’opinion des autres, le fait de se trouver des excuses… Le mental de manière générale nous maintient figés à travers les traumas, les fausses croyances, les mauvais paradigmes, la nécessité de garder une bonne image de soi et l’incapacité à se remettre en question. Et lorsque le mental gouverne l’humain, son œil intérieur est complètement voilé, il ne voit donc pas la Réalité telle qu’elle est, mais s’accroche à ses illusions. Il est aussi beaucoup plus à l’écoute des voix négatives et maléfiques qui sont placées sur son chemin, que Dieu nous protège. 

Aussi, l’éducation moderne encourage aussi une attitude néfaste que j’appelle souvent :paresse/mollesse, princesse, tristesse” : l’être humain et surtout nos jeunes sont trop souvent encouragés à la fatalité et à la facilité, à ne plus faire d’effort, à se voir comme des victimes et des consommateurs... Et on ne rend service à personne en laissant cette situation perdurer.  

Alors qu’il y a une autre voie, celle des Prophète et des Hommes de Dieu. Dans cette voie, il faut accepter l’effort, la remise en question, et le mouvement. Et dès lors qu’on dépasse la zone de peur, on devient un apprenti qui aspire à la sagesse. Notre regard sur nos maîtres change également, on devient plus prompt à observer et reconnaître leur sagesse. C’est ainsi qu’on rentre dans la zone d’apprentissage, où l’on devient un apprenti-sage. Enfin, ce cheminement naturel nous amène de la zone d’apprentissage à la zone suivante qui est la zone de croissance, dans laquelle on va commencer à vivre pleinement.

Ce cheminement peut être résumé dans le schéma suivant : 

 

  L’Hégire vers l’Agir : cheminer de sa zone de confort vers sa zone de croissance

 

A noter que ce schéma est une proposition d'adaptation du schéma bien connu sur les différentes étapes de la sortie de la zone de confort que l'on peut trouver sur internet qui est le suivant : 

  

 

Agir à la lumière de ses valeurs

Il est important d’observer que la première et la seconde prière de notre Maître Moussa sont émotionnellement connectées à ses valeurs qui lui commandent de partir et de ne plus tolérer d’être l’instrument de qui que ce soit hormis Dieu.

Car c’est ainsi que cela fonctionne : quoi que nous entreprenons, il nous faut toujours partir de nos valeurs, qui vont nous donner une vision claire, et cette vision va par la suite déterminer notre mission, qui elle-même va déterminer l’action juste à entreprendre qui se détaille en objectifs à poursuivre.

Et on retrouve là les mêmes étapes que nous venons de voir précédemment : les valeurs amènent la prise de conscience, et la vision amène quant à elle une décision. Une fois la mission définie, on se place sous la Protection de Dieu, et une fois l'action entamée, on la poursuit avec espoir et certitude. Enfin, les objectifs visés doivent nécessairement répondre à un besoin à travers la notion de service. 

 Le schéma suivant illustre ce propos :

 

Cheminer à la lumière de nos valeurs de l’inspiration vers l'accomplissement

NB : Ce schéma est également une proposition d'adaptation

 

Ainsi, on peut se représenter nos valeurs comme une lampe ou une lumière : la lumière se propage de proche en proche, en forme d’un abat-jour, et éclaire en premier lieu notre vision. Une fois notre vision plus claire, le faisceau de lumière s’élargit un peu plus et nous permet de mieux définir notre mission en fonction du besoin qu’on remarque autour de nous, qui est forcément celui que Dieu nous invite à combler. Puis le spectre de lumière devient encore plus large et permet alors d’éclairer notre potentiel, nos capacités d’action. Et alors on passe à l’action, ce qui nous permet de voir clairement notre objectif.  

Lorsque notre action n’est pas dirigée vers Dieu et lorsque l’objectif est purement mondain, nous avons tendance à raisonner en sens inverse : d’abord nous définissons notre objectif, ensuite nous posons des actions pour les atteindre, puis nous incluons éventuellement ces actions dans une mission, qui elle-même rejoindra peut-être une vision, qui éventuellement répondra à des valeurs.

Il est donc important d’observer que lorsque Dieu est notre Objectif ultime et que nous souhaitons poser des actions pleinement enracinées, ou pleinement en conscience, nous devons toujours quitter notre zone de confort à partir de nos valeurs, de ce qui enflamme notre cœur et le fait vibrer. 

 

Retrouvez le deuxième article de cette série où nous détaillerons plus en profondeur cette première étape de la sortie de la zone de confort dans notre article intitulé Prière de la prise de conscience

 


Article issu d'une série d'enseignements donnés en Août 2020 auprès d'un cercle d'élèves, à l'occasion de la nouvelle année hégirienne.

 

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