Qui est le Prophète Issa : la Voie (4/4)

développement spirituel issa marcher dans les pas des maîtres de la conscience Dec 25, 2022
Issa, la voie

Qui est le Prophète Jésus, celui que l’on nomme Issa en arabe ? Quelle est sa place et sa fonction en islam ? Cette série d'articles tirés de la conférence donnée à Paris le 23 décembre 2022 s'intéresse à la trilogie de Issa que l'on découvre dans sa célèbre parole : "je suis la Vérité, je suis la Vie, je suis la Voie". Après nous être penchés sur la notion de Vie dans l'article précédent, nous allons nous intéresser maintenant à la notion de Voie. Issa dit être la Voie, mais qu'est-ce que cela signifie ? 

 

 

Issa, le Maître du détachement

En nous intéressant à Issa en tant que Voie, nous allons découvrir que l'on retrouve toute la splendeur de l'héritage spirituel, notamment l’héritage spirituel islamique. Pourtant, dans la conception saine et juste des choses ('aqida), nous savons que les Prophètes n'ont pas besoin de cheminer : Dieu les crée dans une station déjà très élevée et par conséquent, ils n’ont pas besoin de fournir d’effort, de cheminer ni de progresser. Ils sont l’incarnation d'une Réalité Absolue qui est déjà aboutie, mais ont tout de même été ceux qui ont accompli les exercices d’ascèse ou liés au cheminement en général les plus durs qui soient... Ils l'ont fait, non pas par besoin, mais par amour. Car il ne s'agissait pas de réaliser quelque chose pour eux-mêmes, mais plutôt de servir d'exemple à ceux qui viendraient après eux. 

Ainsi, ils ont exprimé leur amour et leur dévouement au Divin dans des actes, des actions qui sont devenues, pour nous, des moyens de cultivation, des exercices de développement de conscience, de réalités intérieures et de vertus pour nous accompagner le long de notre cheminement. Parmi eux, notre Maître Issa était particulièrement extrême (et non pas extrémiste) et profond dans la manifestation de son amour et de son dévouement. Et c’est dans l’exercice de détachement de la matière et de la consécration à Dieu qu’il est devenu un summum, une référence. Voici, pour illustrer, une des citations qui lui est attribuée dans la tradition islamique à ce sujet :

 

“Ma nourriture est la faim, mon vêtement intérieur est la peur (ou la crainte). Mon habillement est de laine. Ma prière est quand le soleil se lève. Ma lampe est la lune. Ma monture est mes deux pieds. Ma nourriture est ce que la terre fait pousser. Je dors la nuit sans rien posséder et pourtant je ne vois personne sur terre plus riche que moi”. 

 

Bien naturellement, c’est dans la religion chrétienne, et aussi dans la religion hindoue, qu’on retrouve le plus cette idée de détachement de la matière comme vertu à atteindre. D’ailleurs, il existe une théorie scientifique qui a ses preuves, qui mérite d'être entendue et écoutée, qui dit que Issa, ou une personne qui aurait vécu exactement la même théophanie, aurait voyagé jusqu'en Inde. Il existe également une ressemblance frappante entre la façon d’être et de parler de Issa et la façon d’être et de parler du Bouddha. 

Mais ici, nul besoin de chercher à établir un lien de filiation historique. Car lorsque je vois Sidi Ahmed al-Alawi, mon bien-aimé, le maître de mon maître, celui qui m’a fait grandir dans la Voie en Tunisie (que Dieu nous connecte à leur héritage), qui a vécu au début du 20ème siècle, je comprends que l'esprit d'un Prophète peut s'incarner au-delà des rencontres physiques. D’ailleurs, on dit de lui qu’il était “‘issaoui”, c'est-à-dire qu’il manifestait et incarnait l’héritage et l’esprit de Issa, notamment dans sa pratique. De plus, la Voie spirituelle dans laquelle il a grandi enfant est la Voie “‘issaouiya”…

 

 

 Photo de sidi Ahmed al-Alawi

 

Ce sont les poèmes de Sidi Ahmed al-Alawi qui m'ont aidé à mieux comprendre certaines paroles de Issa ainsi que cette idée que les paroles de ce Prophète Bien-aimé sont Paroles de Dieu (kalamullah) Lui-même. En réalité, Sidi Ahmed al-Alawi parle un peu de la même manière que Issa, en parlant souvent sur la langue de l’esprit, avec une telle majesté... Dans ses poèmes, on peut lire “je suis la merveille de ce monde, je suis la lumière, je suis (...), je suis (...), je suis (...) !”.

Si c’était vraiment l'être humain Sidi Ahmed al-Alawi qui parlait dans ces poèmes, alors ces paroles seraient réellement graves, et relèveraient de la pire arrogance. Mais nous devons penser du bien des Amis de Dieu, et nous savons que Sidi Ahmed al-Alawi ne parlait pas de lui-même : c'est l'esprit qui s'exprimait en lui, alors qu’il s’était complètement effacé dans la Présence de son Seigneur.  

 

 

Retrouvez la partie précédente (3) de cet article ici.

 
Retrouvez la conférence dont est issu cet article dans notre Podcast Co-naissance : Issa, l'Homme et Prophète

 

 

Issa, le maître des maîtres spirituels

 

Notre Bien-aimé Issa était le maître de la connaissance de Dieu, le maître des maîtres spirituels. D'ailleurs, c'est à lui qu'on attribue la parole universelle : 

 

“Celui qui se connaît soi-même connaît son Seigneur”,

 

Cette parole est également attribuée au Prophète Mohammed et à notre maître ‘Ali… Qui lui aussi était “‘Issaoui”, qui était une incarnation spirituelle de Jésus parmi tous les compagnons. Comme lui, il portait toujours la même robe de laine, il marchait pieds nus, n’utilisait que très rarement de monture, qui ne mangeait que du pain sec et de l'eau une fois tous les trois jours, et ceci alors qu'il était le calife ! 

Il y a vraiment un parallèle à faire entre Ali et Issa, comme on peut faire un parallèle entre Maryam et Fatima, les deux portant le même titre "al-Batoul". Une très grande ressemblance, à tel point qu'on peut parler de réincarnation de l'esprit (et non pas de l'âme) de Maryam en Fatima, comme de réincarnation de l'esprit de Issa en Ali. Les deux, Maryam et Fatima, ont été appelées "Dames des femmes du Paradis"... L'une a donné naissance à Issa, l'autre a donné naissance aux enfants et héritiers de Ali. Aussi, on peut voir un parallèle entre le Houssein de Karbala et le Issa tel qu'il est présenté dans les histoires chrétiennes, sans chercher à savoir s'il a été crucifié ou non..

L’Imam Ali était celui qui, parmi les compagnons, se référait le plus souvent à Issa, citant ces paroles dont beaucoup sont rapportées jusqu’à aujourd’hui grâce à lui. On suppose qu'il avait entendu ces enseignements-là du Prophète Mohammed directement, comme il est possible qu'il les ait entendus de quelques moines ascètes qui vivaient en son temps en Arabie.  

D'ailleurs, il existe toute une tradition issue de ces pères du désert qui s'appelle la "philocalie", qui est pour moi la meilleure traduction du terme arabe "al-ihsan" : la recherche de la beauté intérieure, ou la recherche du secret de la prière intérieure. Plusieurs beaux livres de ce titre recueillent les paroles des maîtres chrétiens. Parmi eux, est cité le maître Basira ou Bahira, que le Prophète Mohammed a rencontré. Et lorsqu'on lit ces paroles de sagesse, et qu'on les compare aux œuvres soufies, cela nous laisse l'impression de lire une seule et même chose. Cela ne veut pas dire que les textes soufis ont été copiés sur la philocalie, mais plutôt qu'il s'agit du même esprit, qui donne forcément naissance à la même réalisation.

 

Pour aller plus loin sur la philocalie, visionnez la vidéo "La prière du cœur, sur les pas des pères du désert".

 

 

 

 

L'enseignement de Issa : simplement être et être simple

De quelle réalisation s'agit-il ? Qu’est-ce qui ressort, finalement, des enseignements de Issa ? Si on revient au tout début de sa vie terrestre, on constate qu'il a dit, et ce dès le berceau : 

“Je suis Abdullah : je suis le Serviteur de Dieu, je suis Son Elève, je ne m'identifie que par Lui et mon appartenance à Lui !” (Qor’an S.19 - V.30, Traduction méditative).

 

Issa se définit, il utilise le verbe "être". Comme s’il disait : “Je sais qui je suis : je suis celui qui appartient à Son Seigneur Bien-aimé. Je suis, tout simplement”. Il n'avait pas de question sur son identité, il savait déjà qui il était.  Nul besoin de cheminer vers l’être, il était déjà le Verbe de Dieu, et a proclamé son être haut et fort. 

Nous lisons aussi dans le Qor’an que Dieu a fait référence à ses apôtres. Dans le chapitre 61 que l'on appelle aussi chapitre de la victoire, Dieu s’est adressé aux compagnons du Prophète Mohammed et leur a dit : 

“Ô, vous qui voulez cheminer et développer votre perméabilité à la foi, ô, vous qui avez déclaré vouloir embrasser cette foi (al-ladhina amanou), vivez la réalité de la foi en étant des Instruments du Seigneur (ansar), comme lorsque Issa a dit à ses Apôtres : “Qui sont les Instruments de Dieu (pour m’assister dans ma mission) ? Les Apôtres ont dit : “nous sommes les Instruments de Dieu !” (S.61 - V.14)

 

Là encore, on voit qu’il est question d’être, car les apôtres emploient le verbe être à nouveau : “Nous sommes les Instruments de Dieu !”. C’est après l’avoir suivi, après avoir cheminé à ses côtés et fourni des efforts dans la Voie que ses disciples ont pu à leur tour employer le verbe être, savoir qui ils étaient et quelle était leur fonction dans ce monde, celle de devenir les instruments de Sa Paix. 

Voilà la victoire, voilà où mène la Voie de Issa, et toute voie spirituelle en réalité : tout simplement à être. Simplement être, et être simple. Comme nous le dit Shakespeare : “être ou ne pas être, telle est la question !”, célèbre phrase qui est une grande sagesse. Ce n’est pas pour rien que l’on attribue à Shakespeare le fait d’avoir embrassé la Voie de Dieu. Car seul un Maître peut écrire ce genre de sagesse, si juste et si bien résumée.  

La Voie se résume simplement à chercher à être. Et la méthode (tariqa) pour y arriver est d’être simple, de se débarrasser du superflu, pour aller à l’e-sens-ciel… Il s’agit de cultiver la pauvreté et la simplicité du cœur. Voilà ce à quoi appelle Issa : Vivez une vie simple, détachez-vous de la matière, lui qui n’avait de cesse de répéter :

 

“Venez avec des cœurs pauvres, avec des cœurs simples”. 

 

 

 

 

Sois simple, et tu vas être, tout simplement ! Toute l'œuvre de la Philocalie ou de la recherche d' “al-ihsan”, se résume à être simple. Manger simplement, boire simplement, se vêtir simplement, marcher simplement… Vivre simplement.



Pour finir, nous vous remercions d'avoir lu cet article ! Nous prions pour qu'il vous soit bénéfique et qu'il vous connecte à notre Bien-aimé Issa. Pensez à le partager autour de vous Et vous, êtes vous prêts à vivre simplement, et à simplement vivre ? A quoi vous est-il difficile de renoncer ? Partagez votre réponse en commentaire !

Puissions-nous marcher dans les pas du maître spirituel par excellence, notre bien-aimé Maître Issa, dans les pas de l’être humain le plus accompli de tout l’univers, notre Bien-aimé Mohammed. Et que Dieu continue de nourrir l'être, l'amour, la paix et la lumière de tous les Prophètes ainsi que notre connexion à eux et à leurs héritiers bénis aux cœurs sanctifiés.  

 

Retrouvez la partie précédente ici et la toute première partie de cette série ici. 

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