Comme toute histoire, le souvenir de Kerbala doit être abordé comme étant une leçon pour nous… et non comme une histoire qui ne servirait qu’à nous faire choisir un camp. L’étude de ces événements historiques peut nous en apprendre beaucoup sur la condition humaine, et donc sur nous-mêmes.
En tant qu’êtres humains, nous sommes tous issus de la même âme : nous avons tous et toutes en nous-mêmes les différentes tendances qui ont pu se manifester au sein de l’humanité. On ne doit donc pas lire les histoires du passé dans le but de juger les différents protagonistes, mais plutôt en les voyant comme un rappel de la bataille intérieure qui sévit en nous-mêmes !
Car oui, la Vérité comme le faux sont en toi, en moi, en nous tous. La question à se poser est : à quelle partie, quelle dimension de moi-même vais-je donner ma voix ?
Chaque année, nous pouvons nous remémorer ces événements et les revisiter sous un angle nouveau, dans l’objectif de mettre ces histoires au service du développement de notre être et de notre personnalité. Un des angles par lesquels je vous invite à aborder Kerbala cette année est le suivant : il nous faut viser un développement d'une personnalité et non un perfectionnement de notre identité ou ou de notre image religieuses…
Pour découvrir qui était l'Imam Houssein, découvrez sa prière du jour de Kerbala dans cette vidéo :
Nous savons que les personnes qui ont été les contemporains de l’Imam Houssein étaient pour beaucoup des compagnons et fils de compagnons. Ce sont donc des gens qui ont côtoyé ou au moins vu le Prophète, ou qui ont grandi aux côtés de personnes qui ont côtoyé ou rencontré le Prophète une fois dans leur vie. Nul doute que ces personnes qui ont reçu leur religion directement de la source connaissaient bien leur “religion”... Ils avaient la “bonne pratique”, et la “bonne doctrine”... Qui mieux qu’eux connaissait le Qor’an ou les dires prophétiques ?
Ainsi, ma question est la suivante : comment des gens qui connaissaient si bien “leur religion”, se sont détournés de Hassan et Houssein (que Dieu continue de nourrir leurs êtres et nous connecte à eux) ? Comment se fait-il que nombre d’entre eux n’ont pas trouvé le courage, l’engagement, la motivation pour défendre la justice, pour s’interposer, pour prendre position en faveur de la vérité et offrir leur soutien à la bonne cause ?
Ce n’est pas à cause d’un manque d'orthodoxie ou d'orthopraxie religieuse qu’ils ont fait ce choix-là. Ces personnes avaient la “bonne doctrine”, et la “bonne pratique” ! Et pourtant, la voie Prophétique authentique a été abandonnée et rejetée si on considère bien…
Mais alors, qu’est-ce qui a fait défaut ?
Ce qui a fait défaut, c’est le développement de l’humain (insan) en eux... Ce qui a manqué, c’est le développement des vertus et valeurs saines et universelles dans leur personnalité si on lit bien les événements et si on médite bien l’histoire…
Ainsi, nous pouvons en tirer la leçon suivante : si nous voulons aujourd'hui une génération qui prendra position avec le beau, le juste, le bien, le grand… enseigner, apprendre et faire apprendre “la religion” comme on l’entend par “la bonne doctrine” ou “la bonne pratique” n’est pas suffisant et n’est pas la priorité à mon sens. Ce qui est absolument primordial et nécessaire aujourd'hui, c’est de faire prendre à nos jeunes (et de prendre nous-mêmes) le chemin authentique de développement de personnalité saine… Être et devenir une personne qui cherche et arrive à voir le bien, le beau, le grand comme tels et qui répond à leurs appels ; une personne qui ne change pas son opinion pour plaire aux autres ou de peur d’être rejetée par la masse ; une personne dont les choix ne sont pas impulsifs et les décisions ne sont pas motivées par la peur de quiconque ou de quoi que ce soit ; une personne fiable et honnête ; « une personne sur laquelle on peut compter ; une personne dont la parole a de l'autorité, qui fait preuve de réflexion et de considération, à qui l'on peut confier son secret ; une personne qui ne trompera personne, qui ne reviendra jamais sur sa parole ; une personne qui ira jusqu'au bout de ce qu'elle a entrepris »…
Pour aller plus loin, lire notre article : Ashoura : l'Imam Houssein comme modèle pour développer une personnalité saine
En résumé, nous pouvons dire que le récit de Karbala est bien plus qu'une simple histoire de conflit : il s'agit d'une leçon intemporelle sur la condition humaine et sur le développement personnel. En abordant ce récit, nous ne devons pas simplement chercher à choisir un camp, mais plutôt utiliser cette histoire comme un miroir pour examiner notre propre bataille intérieure entre le bien et le mal.... Chaque année, en revisitant les événements de Karbala, nous avons l'occasion de réfléchir à nos propres choix et à la direction que nous souhaitons donner à nos vies. La véritable question à se poser est celle de savoir quelle partie de nous-mêmes nous voulons nourrir : la vérité ou le faux ? Les contemporains de l'Imam Houssein, bien que connaissant leur religion et ayant côtoyé le Prophète, ont néanmoins échoué à défendre la justice et la vérité. Cela démontre que la simple connaissance de la doctrine et la pratique religieuse ne suffisent pas. Ce qui leur a fait défaut, c'est le développement des vertus humaines fondamentales. Ainsi, pour construire une génération capable de défendre le bien et la justice, il est essentiel de prioriser le développement de personnalités saines. Cela signifie élever des individus capables de voir et de répondre à l'appel du bien et du beau, de rester fermes dans leurs convictions malgré les pressions extérieures, et de prendre des décisions réfléchies et honnêtes. Le véritable enseignement de Karbala est donc un appel à un retour à l'humain, à soi-même, et à un éveil spirituel profond. En nous concentrant sur le développement personnel et spirituel, nous pouvons espérer former des individus fiables, honnêtes et courageux, prêts à défendre ce qui est juste.
Si cet enseignement vous a plu, pensez à le partager, et à me laisser un commentaire avec vos réflexions, méditations et retours !