L'amour ne peut être une obligation

amour prophète mohammed Jan 29, 2023

 

Certaines personnes ont été choquées ou du moins dérangées par une phrase issue d’un de nos récents articles intitulé “Obéir et suivre le Prophète, “LA” preuve d’amour ?” Dans cet article, nous nous posions la question : est-ce que suivre le Prophète est une condition essentielle pour être considéré comme un amoureux ? La phrase en question est la suivante : "Vous pouvez aimer le Prophète et ne pas approuver tout ce qu’il fait ou du moins tout ce qu’il est dit qu’il aurait fait ou dit.” Je comprends la gêne que cette phrase peut générer car, comme nous allons le voir dans cet article, nous avons été conditionnés à faire de l'amour une "obligation" qui impose "d'accepter” le Prophète de manière dogmatique, comme si ses actions et ses paroles ne s'adressaient pas à notre raison en premier lieu, ou comme s'il s'agissait de quelque chose que notre intellect ne peut pas comprendre. Naît de cette obligation une sorte de tyrannie de la masse qui ne tolère aucune question, et qui vient pourtant en opposition avec certains exemples concrets de compagnons qui aimaient le Prophète de tout leur cœur, et qui n'ont pas toujours été d'accord avec ses choix, ou en tout cas pas de prime abord. Tout cela nous permet de rappeler que l'objectif de la religion est de nous libérer de tout dogme tyrannique afin de pouvoir réellement embrasser pleinement la Voie de Dieu. 

 

 

L'amour comme obligation ? 

“Aimer le Prophète” est devenu une obligation, une contrainte, une injonction faite à notre cœur, ou plutôt à notre mental, car il est impossible de forcer le cœur à aimer, plutôt qu'une expérience authentique, réelle et belle à laquelle nous sommes invités. Puisque l’amour est présenté comme une obligation, les personnes qui ne trouvent pas cet “amour” dans leur cœur doivent forcer leur mental à adopter la posture, ou plus exactement l'imposture, de l'amoureux, afin de ne pas être perçus comme “non croyants”. L'amour a cessé d'être une émotion humaine que nous devrions reconnaître, recevoir et nourrir et est devenu une obligation religieuse…

Le fait “d’accepter” et “d’approuver” les actions et déclarations qui sont attribuées à tort ou à raison au Prophète, ou encore le fait d’adhérer à ces déclarations sans même en comprendre le sens, les nuances ou le fond, arrivant parfois même à des contresens vis à vis du message originel, est devenu une condition de validation de la foi. Et ce sous peine d’être taxé de “mécréant” ! Il ne s’agit plus d’une invitation faite à l'intelligence de l'élève d’étudier et de comprendre, et non pas d’adhérer et répéter aveuglément, de grandir par la réflexion et l'exercice, et de s'aligner avec son intelligence. Il est à noter que le doute et la remise en question méthodologiques sont des exercices très valorisés chez des experts comme Al-Ghazali. 

Quelle perte !

Quelle erreur !

Quel chemin dangereux que celui que nous avons emprunté !

Quelle misérable condamnation à la fois du cœur et de la raison que de priver le premier de son droit de naissance d'aimer sincèrement, et le second de son droit de naissance de réfléchir de façon rationnelle et de chercher à comprendre…

Quelle catastrophique et étrange façon de passer du chemin de ré-ception (re-ce-voir) au schéma de dé-ception (décevoir lorsqu’on se contente de seulement croire) !

Le droit de naissance de notre âme est de recevoir et nous la condamnons à croire et à rester à  l’état non fertile de croyance dogmatique et de certitudes non vérifiées…

Qui a dit que nous devrions être des “croyants” ? Alors que Dieu nous invite à “recevoir” Sa Présence, Sa Parole et Son Envoyé, et non simplement à "croire" ? Surtout avec le sens que nous donnons au terme “croire” aujourd'hui... On peut croire à un mensonge et finir déçu, alors qu’on ne peut que recevoir la Vérité. D'ailleurs, vous remarquerez que je préfère utiliser le mot “élève” plutôt que “croyant” afin de nous rappeler la nature première de la relation qui nous lie avec le Prophète. Car il s'agit pour nous d'apprendre en vue de nous élever, et donc d'aborder les narrations prophétiques non pas comme des dogmes mais comme des enseignements profonds qui viennent nous faire travailler sur nous-mêmes. 

En effet, une compréhension très limitée des mots “imane” et “yaqin” a conduit à des traductions très malheureuses. Le terme “imane” vient de “amana” et signifie “devenir perméable à”, “s'ouvrir à”, “absorber (l’eau pour la terre)”, “faire confiance”, “recevoir”… On le trouve pourtant majoritairement traduit par “croyance”. Le terme “yaqin” signifie “eau claire et pure”, et on le traduit pourtant trop souvent par “certitude”. 

La différence de signification est nette, et l'impact est colossal…

 

 

 Lire l'article Obéir et suivre le Prophète, "LA" preuve d'amour ?

 

 

Aimer ne rime pas forcément avec être d'accord sur tout

 

L'exemple de Omar ibn al-Khattab : l'amoureux qui remet certaines choses en question

Revenons à notre principal sujet de discussion en explorant quelques faits historiques. Il est dit que notre maître Omar, un des amoureux du Prophète par excellence, a questionné à plusieurs reprises la pertinence et la sagesse de certains choix prophétiques, notamment après Houdaybiya. Est-ce que cela signifie qu’il était devenu “mécréant” le temps de cette remise en question ? Est-ce qu’il est dit qu’il a dû “renouveler sa chahada et son attestation de foi” par la suite pour pouvoir à nouveau “rentrer” en islam ? Ou encore, est-ce qu’on dirait de lui que le fait qu’il continuait de “suivre le Prophète” et “d'obéir” à son commandement extérieurement tout en n'approuvant pas intérieurement faisait de lui un hypocrite à cet instant-là ? 

Mais enfin, qui peut penser cela ? Est-ce qu’on ne peut pas plutôt dire qu’il était toujours un véritable amoureux qui voyait juste les choses d’une façon différente à ce moment-là ? Un homme de foi qui ne parvenait pas à voir la sagesse derrière la décision de prime abord, et qui avait besoin de plus de temps et de preuves pour la comprendre ? Un soldat qui était tout de même obligé d’obéir aux ordres dans le contexte qui était un contexte militaire ? Car une désapprobation publique et une remise en question de l'autorité auraient pu à ce moment-là conduire à un grand chaos (fitna)… 

L'histoire dit qu'il est même allé voir le Prophète avec Abou Bakr en privé et qu’il a questionné la décision du Bien-aimé d'une manière qui serait considérée comme un blasphème aujourd'hui ! De plus, même après que le Prophète lui a donné une explication, il n'a pas réussi l'accepter. Il a pourtant obéi aux ordres et a même usé de son énergie et de son pouvoir pour s'assurer que tout le monde y obéissait… Tout en n’approuvant pas ce que le Prophète avait dit et fait ce jour-là !

Devrions-nous (et pourrions-nous) être meilleurs qu'Omar ?? Pourquoi les exigences que nous nous imposons aujourd'hui pour espérer rester dans le “clan des croyants”, ou pour espérer devenir un amoureux sincère, devraient être plus dures et sévères que ce que lui a traversé ce jour-là ? 

 

 

 

 

Dieu ne veut pas que nous soyons des "croyants" crédules ou le problème de certaines interprétations

Certains versets ont été mal interprétés lorsque certains idéologues prédicateurs et certains dirigeants sentimentalistes du soufisme moderne ont extrapolé leur sens pour leur faire dire ce qu'ils ne disaient pas à l'origine. C'est notamment le cas du verset suivant :

 

"Celui qui obéit au Prophète obéit à Dieu"  (S.4 - V.80)

 

Ou encore :

“Que ceux qui désobéissent à son commandement craignent qu'un chaos ou qu'un châtiment plus grand et plus sévère ne tombe sur eux en conséquence de leur désobéissance” (S.24 - V.63)

 

Lorsque nous nous intéressons au contexte de Révélation, nous voyons clairement que ces versets se réfèrent à un contexte militaire et/ou politique. Il s’agit d'une injonction à obéir au Prophète en tant que chef des armées à un instant T. Il s'agit, dans ce contexte militaire et politique, de signifier pour les soldats l'obligation d'obéir à l'autorité et aux ordres du chef une fois qu'une décision a été prise et ce que l'on soit d'accord ou non. Or, ce sont les bases de tout système politique et administratif d'une société civilisée : si le responsable ou le président consulte experts et autres parties prenantes avant de prendre ou de faire voter une décision, une fois qu'elle est prise, tout le monde doit y obéir et s'engager pleinement pour la mener à bien. Sinon, c'est une trahison…

Ces versets, qui sont venus à l'origine pour construire une société civile, ont été pris par certains pour prouver l'infaillibilité du Prophète et sa nature immaculée et pour faire de son suivi une condition de validité et de validation de la foi… Pourtant, bien que je sois à titre personnel convaincu de l’infaillibilité du Prophète, je ne pense pas que ce soit ces versets qui puissent prouver cette infaillibilité. Cette infaillibilité est plutôt une chose que nous pouvons déduire grâce à la connaissance née de l’expérience (“dhawq”), grâce à l'inspiration et à une réflexion rationnelle. Mais le Qor’an ne nous oblige ni ne nous invite même à y croire, et encore moins à en faire une condition pour l'Islam ou pour l'Imane. Tout simplement car Dieu ne veut pas faire de nous des “croyants” dogmatiques, crédules et stupides ! Il veut plutôt que nous devenions des récepteurs, des gens de “wa’i’ : des gens de réceptivité à la Vérité et à la Lumière de ce qui a été révélé…

L'autre verset mal interprété et souvent trop romancé par certains tout en étant utilisé comme arme par l'islam idéologique est :

 

"Je jure par le Nom de ton Seigneur, ils ne seront pas de vrais croyants et que leur foi ne sera pas authentique (leur foi ne sera pas complète et mature selon certains) tant qu’ils ne t'acceptent pas et ne te font pas confiance en tant que médiateur dans leurs divergences puis qu’ils n'acceptent pas ta décision sans douter de ta sincérité ni de ton impartialité et qu’ils n’obéissent pas à la procédure et à la décision… » (S.4 - V.65)

 

Ce verset concerne la procédure judiciaire et les règles de médiation. Et l'appel ici vise à obtenir une obéissance au Prophète en tant que juge et médiateur ! Ici aussi, on retrouve les bases de tout système judiciaire dans une société civile : le juge peut vous demander votre avis et vous consulter si vous travaillez avec lui. Il allouera du temps et de l'espace pour que chaque partie puisse apporter sa preuve et faire valoir son argumentation. Mais, en fin de compte, c'est lui qui décide et cette décision doit être exécutée. Le non-respect de la procédure ou la contestation de la décision est assimilée à un outrage au tribunal sanctionné par la loi…

 

 Pour aller plus loin, voir notre vidéo : 

 

 

 

Accepter une démarche rationnelle et rester un amoureux de Dieu et du Prophète

 

La peur de la tyrannie n'est pas l'amour

Le Qor’an n'est pas venu forcer les gens à obéir et à suivre le Prophète aveuglément. il ne les contraint pas à approuver chaque action qu'il entreprend et chaque mot qu’il prononce en les menaçant de tomber dans la non croyance et la perte de la foi s'ils ne le font pas. Il n’en fait pas une condition sinequanone pour qu’ils puissent être considérés comme des croyants par une autorité tyrannique ou par la tyrannie de la majorité, ou de la masse… Ce serait une absurdité, si l’on y réfléchit !

L'inconscience est une tyrannie en soi et les masses inconscientes constituent souvent la tyrannie la plus dévastatrice que même les dirigeants les plus tyranniques et les plus puissants craignent et essaient toujours d'utiliser comme bombe nucléaire contre leurs adversaires... Malheureusement, les masses dites musulmanes sont devenues cette tyrannie inconsciente aujourd'hui… Et le Prophète dit : "la meilleure action de l'homme de foi est de dire la vérité à un tyran !"

Alors disons la vérité à cette tyrannie. 

Le Qor’an nous invite plutôt à recevoir le Prophète et à suivre ses conseils en pleine conscience et avec une conscience mûre. C'est exactement ce que signifie l'expression “‘ala bassira" utilisée à plusieurs reprises dans la Parole Sacrée… Ainsi, si vous ne parvenez pas à approuver quelque chose que le Prophète aurait dit, sachez que cela ne vous fait pas tomber et sortir de l’amour ou de la foi !

Nous avons besoin de temps comme Omar avait besoin de temps… Nous devons nous questionner comme Omar a pu le faire et nous avons le droit de prendre le temps nécessaire pour réfléchir, poser des questions et prier. Car nous voulons recevoir le Prophète et témoigner de sa vérité, comme Omar a pu le faire, et pas simplement “croire” en lui de façon dogmatique ni “avaler” des choses à l’état brut par culpabilité ou par peur…

Nous devrions avoir plus de marge de manœuvre qu'Omar. Et en réalité, nous avons, de fait, plus de marge de manœuvre que lui quand on y pense. Tout simplement parce que nous ne sommes pas lui, en premier lieu. Nous sommes ici et maintenant, 15 siècles plus tard, dans un contexte complètement différent. Nous n'étions pas là, nous n'avons pas vu, nous n'avons pas entendu. L’histoire aurait pu nous parvenir altérée, déformée ou avec certains manques…

 

 

Chercher des pistes de réconciliation pour nourrir et conserver l'amour

Il est possible que vous entendiez ou lisiez une narration prophétique que vous ne parvenez pas à accepter. Prenons celle-ci par exemple : il est dit que le Prophète aurait dit : “J'aurais aimé pouvoir dire à telle ou telle personne de diriger la prière rituelle, prendre un groupe parmi mes compagnons et incendier les maisons de ceux qui ne se joignent pas à nous dans la prière”.

Si ce récit vous reste coincé en travers de la gorge, sachez que vous n'avez pas besoin de l'avaler pour être un "bon musulman". Le simple fait qu'il soit considéré comme un hadith authentique n'en fait pas une condition pour votre foi... Sachez aussi que vous n'avez pas non plus besoin d'aller à l'autre extrême et de vous sentir illégitime en tant qu’amoureux de Dieu et de Son Prophète à cause de cette histoire... Plusieurs choix s'offrent à vous pour vous permettre de faire face à cette situation :

 

  • concentrez-vous sur les narrateurs  qui rapportent ce récit, peut-être trouverez-vous un problème dans ce qui est souvent appelé “chaîne de transmission” dans les livres islamiques, c'est-à-dire le référencement du hadith… Peut-être trouverez-vous un narrateur qui aurait intérêt à inventer toute cette histoire pour justifier un autre fait. Un exemple de mensonge : l'histoire qui dit qu'Omar est allé avec des gens pour incendier la maison d'Ali parce qu'il ne rejoignait pas les cinq prières derrière Abou Bakr après le décès du Prophète ! Or, l'histoire nous enseigne que des centaines de mosquées et de maisons d'érudits ont été incendiées à l'époque de Hajjaj parce qu'ils ne venaient pas prier derrière l'imam et le dirigeant désignés par son autorité… Qui avait donc intérêt à faire circuler ce hadith mensonger afin de justifier son comportement ? 
  • intéressez-vous au contexte de ce récit. Peut-être parviendrez-vous ainsi à la conclusion que la position prophétique dans ce cas-ci ne concerne pas simplement tous ceux qui manquent des prières de groupe dans le masjid de manière générale, mais qu'elle ne concerne que ceux qui refusaient de se joindre à l'assemblée à ce moment-là : des gens qui complotaient contre le Prophète, qui se sentaient supérieurs aux pauvres esclaves nouvellement libérés qui étaient ses élèves et ses ministres, et qui refusaient de prier à leurs côtés. Ces personnes réfractaires ont fini par construire une autre mosquée pour provoquer une division dans la jeune ville civile musulmane de Médine, société basée sur la richesse et le statut… Certains narrateurs rapportent que le Prophète aurait fini par mettre le feu à cette mosquée. Le Qor’an ne fait pas état de ce fait mais nous informe que Dieu a ordonné à Son Messager de ne jamais prier dans cet endroit bâti sur de mauvaises intentions…
  • essayez de relativiser, contextualiser et comprendre que rejoindre le Prophète dans des sessions d'enseignement quotidiennes et s'unir dans la prière et la communion avec lui et le reste de la communauté était d'une grande importance de son vivant. Négliger cette bénédiction ne peut être ainsi comparé au simple fait de prier chez soi plutôt que dans la mosquée de nos jours, alors qu'elle est le plus souvent réduite à son rôle le plus superficiel : celui de lieu de prière collective…
  • vous pouvez tout aussi bien ne pas comprendre, ne pas vouloir accepter aucun des éléments ci-dessus. Vous pouvez trouver le raisonnement ci-dessus comme étant apologétique, pauvre, peu convaincant, tiré par les cheveux, illogique ou relevant d’une théorie du complot. Vous pouvez tout aussi bien le juger dangereux et inutile… Vous pouvez choisir de ne pas remettre en question cette situation en tant que fait historique, et ne pas comprendre que le Prophète agisse de cette façon que vous trouvez dure, impulsive, intransigeante, pouvant conduire à ou justifier la violence sociale… Alors d’accord. Qu’il en soit ainsi. Ce récit ne vient ni résumer ni réduire tout ce que le Prophète a dit ou fait au cours de sa vie. Ce que vous pensez être une “erreur” ne devrait pas effacer tout le bien qu'il a dit ou fait… Peut-être prendrez-vous la décision de voir le Prophète comme un humain qui pouvait commettre des erreurs puis se repentir comme le font tous les humains. Vous l'aimez pour ce qu'il était et pour le bien qu'il avait dit et apporté comme vous aimez beaucoup de penseurs, de sages et de philosophes simplement pour une bonne phrase qu'ils ont pu dire ou une bonne position qu'ils ont pu adopter…

 

 

L'objectif de la religion : la libération 

Penser cela ne vous fait pas "sortir de l'islam". Pourquoi la religion devrait-elle devenir un “système de croyances” qu'il faut adopter dans son entièreté et auquel on devrait adhérer (et non embrasser) dans son intégralité pour être un croyant sincère ou pour simplement obtenir le statut de “croyant” ? N'est-ce pas ainsi que fonctionnent les sectes idéologiques ? Pensez-vous que Dieu souhaite proposer "l'islam" en tant que culte idéologique comme un autre ? L'islam est-il, aux Yeux de Dieu, un club, un groupe de personnes toutes formatées de la même manière et contrôlées par la peur du jugement de l’autre, par la culpabilité, par la pression des pairs, et autres ruses de la tyrannie des masses ?

Nous savons que même pour viser un objectif aussi superficiel et mondain que de faire durer un groupe, bâtir une masse ou une nation ou encore construire un état fort, cela n'est ni efficace ni intelligent … On sait par expérience que ça ne marche pas et que si ça marche, ça ne dure pas…

Encore moins si le Dessein de Dieu à travers l'envoi de Son Dernier Messager est de libérer les gens de "la tyrannie des religions", citant ici l'un des premiers ambassadeurs du Prophète en Perse ! C'est-à-dire de libérer les gens de la tyrannie de l'esprit dogmatique contrôlant les systèmes religieux ! C'est-à-dire de libérer les gens des “croyances” paralysantes et des “certitudes” aveugles et non vérifiées qui les soumettent à une autorité qui utilise la religion comme moyen de les soumettre à leur autorité ! C'est-à-dire de donner aux êtres humains les moyens de penser, de réfléchir et de méditer afin qu'ils puissent recevoir leur mission et leur kitab avec une conviction et une détermination totales !

L'islam est venue comme une toute autre alternative à ce qui était disponible à l'époque, et non comme un simple ajout d’un autre système du même genre… Malheureusement, c'est ce qu'il est progressivement devenu durant et sous le règne des empires omeyyades et abbassides…

Lorsque la religion devient une question d'identité religieuse, elle devient une religion morte… Elle ne permet pas la croissance ou la vie. Elle devient incapable de donner naissance à des hommes et des femmes de Dieu. Au contraire, elle devient une machine qui fabrique des statues de croyants tous semblables, d'une qualité et d'une forme très médiocres, sans aucune vie… Ce n'est que de l'air qui entre par une cavité et qui ressort par une autre et qui donne un “bruit religieux”… et non pas une belle musique…

Quelle tragédie dans l'histoire de l'islam… ou dans notre histoire avec l'islam ! Qu'en avons-nous fait, et que lui avons-nous fait… ? Une religion qui a commencé comme une spiritualité vivante avec une force de vie renforcée et super puissante (Qor’an/Jibril) associée à une intelligence spirituelle humaine remarquable (Mohammed). Tous les ingrédients étaient réunis pour nourrir et renforcer l'intelligence spirituelle de l'humanité afin qu'elle puisse recevoir la Grâce Divine, fusionner avec elle, provoquer cet éveil spirituel mondial et l'aider à devenir une conscience spirituelle universelle... Pour nourrir, renforcer et libérer l'homme ! Ceci afin qu'il puisse découvrir qui il est, afin qu'il puisse partir en quête de son véritable potentiel en tant que création modelée avec toute l'Attention Divine dans l’objectif qu’il puisse, à son tour, donner toute son attention au Divin… Cette création touchée par le Divin... afin qu'elle puisse à son tour toucher le Divin... Cette création dans laquelle le Divin a planté ses graines afin qu'elle puisse porter les qualités du Divin… !

Cette grande religion, qui était autrefois une grande spiritualité, nous l'avons réduite en cendres... A de simples formes et à des formalités vides...

Prenons l'exemple de la prière méditative (salat), qui était à l'origine une méditation en vue de nourrir et renforcer l'âme et l'esprit. Elle a finalement été réduite à un simple "devoir" ou à une "obligation" que nous nous devons d’accomplir pour ne pas tomber en disgrâce… Ce qui a commencé comme un rituel conscient et un exercice de développement de conscience pour permettre à l'intelligence humaine de voir le sens dans la forme et de trouver dans et à travers le matériel fini une porte et un portail menant au monde infini de l'esprit, est devenu pour beaucoup une impasse, une routine morte et mortelle qui ne nourrit pas l'âme, ne renforce pas l'énergie et en guérit pas le corps...



Notre conseil lecture pour vous permettre d'améliorer votre expérience de la salat : Méditation - La petite fille et le tapis imprimé cœurs

Que Dieu nous permette de marcher dans les pas de notre maître Omar, et de s'autoriser à penser sans avoir peur de remettre en question notre amour pour le Bien-aimé. 

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