La prière de reconnaissance et de décision du départ - Les cinq prières de Moïse - 3 - partie 2

développement personnel hijra/hégire les 5 prières de moïse marcher dans les pas des maîtres de la conscience mouharram Jul 07, 2024

Suite de l'article sur la deuxième prière de Moïse que vous pouvez lire ou relire ICI.

DE LA PRISE A LA MAÎTRISE

La seconde prière de notre Maître Moussa nous enseigne que prendre conscience de ses défauts et de ses torts n’est pas suffisant. Il nous faut intégrer et incarner cette conscience qui nous vient avec cette remise en question afin que cette prise de conscience devienne une maîtrise de conscience, qui elle-même deviendra une matrice dans le monde de la conscience : une matrice de laquelle on renaît de nouveau dans un nouvel horizon de conscience. 

Il y a une grande différence entre la simple prise de conscience et le fait de vivre une vraie renaissance dans un nouvel horizon de conscience. Car il est possible qu’après avoir pris conscience, on finisse par lâcher prise, par perdre le fil et donc lâcher la corde que Dieu nous avait lancée. Alors que si l’on va au bout du processus de prise et maîtrise de conscience, et que l’on vit une vraie renaissance dans un autre niveau de conscience, c’est pour toujours, c’est sans retour. On n’a jamais vu un nourrisson revenir dans le ventre de sa mère ! Une fois sorti, c’est pour toujours, le cap est passé, c’est une toute nouvelle vie qui s’offre à lui. 

Nous avons tous un jour de naissance, et nous allons tous avoir un jour de mort. Et entre ces deux moments, Dieu nous envoie des interventions spirituelles, nous fait vivre des épreuves ou nous donne des moments-mamans qui ont le potentiel de nous faire vivre de vraies renaissances. Et c’est durant ces moments qu’il faut travailler fort, saisir les prises de conscience et les amener jusqu’à la maîtrise de conscience en posant des actions qui nous font croître. Il nous faut saisir le plus d'opportunités possibles de vivre des renaissances durant notre passage sur terre, avant que ne vienne le dernier moment de renaissance, ce Jour après lequel aucune évolution ne pourra s'opérer. 

 

 

Alors, tant que l’évolution est possible, essaie de vivre le plus de renaissances possible ! Travaille sur toi, et renais dans un meilleur état. Et même parvenu à cela, ne te contente pas de cet état, parce que chaque état n’est qu’une étape. Vis renaissance sur renaissance, passe d’un état à un autre jusqu'au jour de ta mort. Il n’y a rien de ferme dans le fait de simplement prendre conscience, car cette prise, tu peux la perdre demain. Et d’ailleurs, combien de fois as-tu pris conscience de quelque chose sans faire suivre cette prise de conscience d’un changement ? Combien de fois as-tu fini en crise à cause de ces prises de conscience qui n’ont jamais atteint le stade de la maîtrise ?

Les prises de conscience restent parfois sans suite parce qu’elles sont devenues un jeu et un objet de célébration de notre inconscience. C’est ce qui se produit chaque fois que l’on se félicite soi-même pour toute prise de conscience. Mais ce n’est pas encore le jour des félicitations ! Le Jour Dernier sera le jour des félicitations, le jour de la révélation de la réalité avec laquelle tu as pu vivre ces moments-là. Les gens du Paradis vont passer leur vie dans un moment présent à se remémorer de ces instants qu’ils ont vécu sur terre. 

 

"Combien de fois as-tu pris conscience de quelque chose sans faire suivre cette prise de conscience d’un changement ? Combien de fois as-tu fini en crise à cause de ces prises de conscience qui n’ont jamais atteint le stade de la maîtrise ?"

 

Tu vois bien que prendre conscience n’est pas suffisant. Alors, si tu prends conscience de quelque chose, prends cette prise de conscience avec force, et travaille à faire de cette prise une maîtrise et de cette maîtrise une matrice de laquelle tu renaîtras dans un nouvel horizon pour ne plus jamais revenir à l’état d’inconscience ou à l’état de conscience inférieur dans lequel tu étais auparavant. 

 

 

POUSSE !

Que dit la sage-femme à la future mère lorsqu’elle est en train de donner naissance ? Quel est le mot d’ordre ? C’est “pousse” ! Pousse si tu veux que ton bébé sorte, et si tu veux qu’il pousse ! Parce que si tu le gardes à l’intérieur, il va juste mourir étouffé. Alors pousse, et pousse ! Pousse-toi de cet état figé et pousse dans la lumière de Dieu ! Pousse et décide de renaître de ce moment. Ne te contente pas juste d’une simple prise de conscience pendant que ton inconscience t’en félicite ! Car une prise de conscience qui est célébrée par l'inconscience ne fait qu’enrichir et nourrir cette dernière !

 

Image extraite du film de Majid Majidi intitulé Mohammed, le Messager de Dieu

 

Pousse ! Et prends soin de ta croissance, renaissance après renaissance, afin d’acquérir toujours plus de science, de sagesse, de maturité et de conscience. Et avec le temps viendra la maîtrise, ce moment charnière à partir duquel tout devient plus facile, intuitif, naturel, et où tout s'enchaîne : chaque moment devient un élan pour le moment suivant, chaque naissance devient le point de départ pour la prochaine renaissance à venir.

Développer sa conscience n’est pas juste un exercice romantique durant lequel on répète des litanies pour ensuite faire preuve de l'inconscience la plus absolue devant un interdit ou devant une obligation. Développer sa conscience inclut également le fait de sortir de ses zones de confort pour vivre les différentes phases de l'Hégire, les différentes renaissances que réclament nos vies. 

Et tous ces moments de renaissance vécus tout au long de la vie d’ici-bas vont servir d’élan et de force de propulsion pour vraiment renaître lors du dernier moment de renaissance, soit le moment de passage dans l'au-delà. De la qualité de ces renaissances dépendra donc la qualité de l’élan ou la force de propulsion qui nous fera traverser le pont (sirât) pour atteindre le Paradis. Certains vont traverser ce pont à la vitesse de l’éclair, d’autres à la vitesse d’un cavalier, d’autres à la vitesse d’un coureur, d’autres à la vitesse d’un marcheur, d’autres à la vitesse de quelqu’un qui rampe, et d’autres vont tomber de ce pont, que Dieu nous en protège.

 

 

Tant que nous sommes sur cette Terre, nous avons la possibilité de capitaliser sur les épreuves et les interventions spirituelles que Dieu nous envoie. À nous appartient le choix d'en profiter pour renaître et augmenter la qualité de la vitesse de propulsion dans notre au-delà.

 


"Pousse-toi de cet état figé et pousse dans la lumière de Dieu !"

 

 

S’ARRACHER DE LA ZONE DE CONFORT

On comprend donc combien le fait de savoir s’arracher encore et encore de ses zones de confort est non seulement bénéfique pour notre vie sur terre, mais aussi pour notre Vie éternelle. 

Par conséquent, une fois la prise de conscience et le repentir formulés avec le cœur comme dans la première prière de Moussa, on ne peut pas rester dans la zone de confort liée au péché. Comme dans sa seconde prière, on n’a pas d’autre choix que de se résoudre fermement à en sortir si on est sincère dans notre retour à Dieu. Et ce retour à Dieu est précisément ce voyage qu’on nomme “Hégire”. C’est un voyage qui comporte des difficultés, mais il existe un principe, une règle qui vient d'une parole prophétique : le mérite est proportionnel à la fatigue et aux difficultés que l’on rencontre. 

 

 

La difficulté a pour avantage de muscler notre cœur, de le faire travailler, de le renforcer et lui donner une plus grande capacité spirituelle. La facilité et le confort qui caractérisent la zone de confort nous privent quant à eux de ce travail, de ce renforcement, de cette croissance intérieure.

Il est désormais temps de requestionner nos paradigmes : le confort est-il vraiment la norme ? ou le but absolu à viser et maintenir quel qu'en soit le prix ? Les difficultés sont-elles vraiment un mal à esquiver à tout prix ? Quel est le résultat d’un tel mode de vie sur nous, ou sur nos enfants ? Et ceux qui nous aiment vraiment sont-ils ceux qui ne nous remettent pas en question ? 



LES MÉCANISMES MENTAUX QUI ENTRAVENT LA PRISE DE DÉCISION

Face à la prise de conscience du vrai visage de la zone de confort, face au fait de réaliser combien la zone de confort est en réalité très inconfortable et inacceptable, il y a un piège qui nous guette : celui de ne prendre aucune décision et de perdre son énergie dans la critique de cette zone de confort où des gens se complaisent dans la victimisation, la plainte et le pessimisme. Quand bien même on se plaindrait à juste titre de nos problèmes personnels ou de problèmes collectifs, quand bien même nos constats seraient justifiés, se plaindre n’est qu’une stratégie inconsciente pour ne pas sortir de la zone de confort et ne prendre aucune décision de départ.

De nos jours, la majorité des gens se plaignent au sein de notre communauté. On entend par exemple des discours de plaintes sur l’état de sa foi ou les conditions matérielles de vie au niveau individuel, ou au niveau collectif des regrets sur le manque d’amour, le manque de fraternité, le manque d’intelligence, le manque d’entraide communautaire ou encore de justice. Nous justifions nos plaintes ou nous sentons encouragés à nous plaindre parce que les savants eux-mêmes formulent ces mêmes observations.

 

 

Or, il existe une différence notoire entre ce constat dressé par les savants et le même constat lorsqu’il alimente le discours de plainte du râleur lambda. Les savants, eux, ont une fonction d’ingénieurs sociaux, d’ingénieurs du développement social si l’on peut dire. Lorsque l’un d’entre eux affirme que notre communauté manque de quelque chose, il fait suivre ce constat par des propositions, des prières et des conseils afin d’agir pour remédier à ce triste constat.

En revanche, la personne qui se plaint pour se plaindre ne va jamais rien proposer ni faire ni pour elle-même ni pour le groupe. Elle ne va prendre aucune décision, ne va pas chercher à sortir de sa zone de confort pour devenir actrice du changement, alors qu’elle est souvent elle-même la plus grosse part du problème ! Car au niveau individuel elle se met des bâtons dans les roues et n’a pas le goût de l’effort pour s’en sortir, ou alors ne sait pas demander de l’aide aux bonnes personnes, ou alors compte trop sur l’aide des autres pour la sauver mais ne sait ni compter sur Dieu, ni sur elle-même et sur les forces que Dieu lui a donné. Et au niveau collectif, peut-être est-ce sa présence même qui génère des manques dans le groupe, car même la manière dont elle formule sa plainte démontre le manque d’amour qu’elle porte aux autres. Nous devons être conscients du fait que certaines personnes quittent la communauté à cause de postures comme celle-ci !

 

"Se plaindre n’est qu’une stratégie inconsciente pour ne pas sortir de la zone de confort et ne prendre aucune décision de départ."

 

Donc, mes chers frères et sœurs, je nous invite toutes et tous, avant de nous plaindre, à nous poser les bonnes questions : avons-nous fait des efforts ? Avons-nous pris la décision de quitter notre zone de confort ? Cherchons-nous à faire notre Hégire, notre migration hors de la zone de confort du consommateur, celui qui se victimise et qui se plaint en permanence vers l’état du propriétaire-exploitant, de l’entrepreneur de nos vies ? Comment affrontons-nous nos difficultés ? Comment résolvons-nous un problème lorsqu’il se présente ?



NOTRE RATIONNEL EST-IL AU SERVICE DU MENTAL OU DE L'ÉMOTIONNEL  ?

Comme nous l’avons vu précédemment, la prise de décision doit être motivée par un feu émotionnel. Cela dit, il est très facile de confondre une décision prise dans un élan émotionnel (qui nous mène au spirituel) avec une décision prise dans un élan sentimental commandé par le mental. La première décision fait sortir de la zone de confort, la seconde ne fait que renforcer les murs qui entourent la zone de confort.

De nombreuses personnes passionnées ou extrémistes dans la religion s’avèrent souvent subir la religion avec leur mental. C’est la raison pour laquelle il arrive fréquemment de les voir sauter d’un extrême à l’autre, de les voir surinvestis et euphoriques un jour, puis totalement désinvestis le lendemain. Souvent, ils finissent même par haïr ce qu'ils aimaient le plus au monde la veille. C’est parce qu’en réalité, ces personnes, malgré les apparences, étaient dans un froid émotionnel et se contentaient de percevoir les choses à travers le prisme du mental, à travers le monde des senti-ments, des images et des illusions. D’où l’importance capitale du développement rationnel et émotionnel et de la vie du cœur. 

 

On peut être manipulé et même s’auto-manipuler quand notre émotionnel est froid et non développé. On se ment, on se maintient dans des zones de confort complètement inconfortables, et on n’a ni l’envie, ni le courage de prendre la décision de les quitter. Le mental est aux commandes, et tout ce qui influence le mental nous domine alors : les menteurs, les manipulateurs, les sortilèges, les suggestions du monde invisible, notre âme figée et ses caprices, etc. Seuls le cœur et l’intelligence émotionnelle échappent à ces contrôles et nous permettent de prendre les bonnes décisions.



LES RACCOURCIS QUI NOUS COURT-CIRCUITENT

Les gens qui subissent l’influence de leur mental aiment se sentir sous influence extérieure. Ils cherchent alors volontairement à se mettre sous la coupe ou la tutelle d’un groupe, d’une identité ou d’une personnalité forte. Ils vont alors se chercher une figure charismatique afin de se placer dans son sillage et de profiter de son énergie. Si cette personne les manipule ou les maltraite, ils vont se laisser faire et subir, jusqu’au jour où ils seront fatigués non pas de la maltraitance, mais de ne plus rien recevoir comme gain. Et si la personne était au contraire une bonne personne qui leur donnait de l’amour, des conseils, du soin et du respect, ils profiteront de l’énergie de cette personne sans jamais “entrer dans la caverne (kahf)” avec elle. 

 

 

Ils ne rentrent pas dans la relation d’amour parce que leur cœur ne sait pas aimer. Ils ne rentrent pas dans la relation d’échange, de fraternité ou de mentorat, n’appliquent pas les conseils, n’écoutent pas. Ils ne sont là que pour admirer et consommer l'énergie, le charisme et l’image mentale idéalisée qu’ils se font de la personne ou du groupe, incapables d’admirer la vulnérabilité de cette personne et de l’aimer dans sa simple condition humaine, de tisser un vrai lien avec elle. 

Une majorité de gens agissent de cette manière avec la religion, le message prophétique et avec le Prophète (que Dieu nous nourrisse de sa lumière), comme nous l’avons vu. Et cela a commencé dans la vie du Prophète même, qui venait vivre parmi les hommes tandis que certains voulaient l’idéaliser. Dieu dit :

 

“Il vous est venu un Messager issu de vous-mêmes, qui est à chercher en vous-mêmes (min anfusikoum). Il est accablé par votre souffrance, la peine que vous vous infligez à vous-mêmes comme toute peine qui vous touche lui fait encore plus de peine qu’à vous, il insiste pour vous guider, et il est attentionné envers vous, il déborde d’amour et de compassion pour ceux qui se sont engagés à travailler leur perméabilité aux Enseignements Divins et qui honorent les Dons et Cadeaux venant de Dieu. 

S’ils se détournent de toi [Ô Mohammed], dis : “Dieu me suffit. Il prend pleinement soin de moi. Seul Dieu est digne d'être recherché. Je me défais de toutes mes prétentions de contrôle et je place mon entière confiance en Lui. Il est Celui qui prend soin de tout l'univers, Celui qui le garde tout entier en parfait équilibre, Celui qui le maintient dans toute sa complexité, Celui qui soutient son immensité et qui contrôle toute action et tout mouvement au sein du cosmos."

S.9 - V.128 et 129

 

Ce Prophète, le meilleur être de toute la création (que Dieu continue de nourrir son être, sa lumière et notre connexion à lui) est humain, comme vous. Et ce n’est pas dit de la façon dont on l’interprète souvent de nos jours, pour rabaisser la fonction prophétique et justifier nos mauvais penchants… Non, c’est un tout autre niveau ! Il est humain, il est le meilleur des êtres humains, ce qui implique qu'il vous invite à une vraie relation humaine. Il vous aime en Dieu, il pleure pour vous en Dieu, il se fait beaucoup de souci pour vous, les choses qui vous attristent l'attristent encore plus ! Voilà comment Dieu présente son Bien-aimé aux gens… Mais cela n’a pas empêché ces gens de se détourner.

 

 

Car en réalité, toute idéalisation conduit à la déception, et toute déception conduit celui qui s’est trahi lui-même à se sentir trahi par celui qu’il a de lui-même voulu idéaliser. Or il n’a été trahi que par son mental dominant et par son émotionnel immature. Mais il se croit dans son bon droit quand il rejette, nourrit des sentiments négatifs, ou même déclare la guerre à cette personne qu’il a cherché à mettre sur un piédestal, et qui pourtant n’avait rien demandé. 

Nous voyons ainsi comment la personne subit, mais n’agit pas. Elle subit sa vie, ses relations aux autres, se maintient dans sa zone de confort tout en se racontant l’histoire qu’elle fait des efforts et qu’elle en sort. Ses prises de décisions sont biaisées, erronées, à cause d’un mental dominant et d’un émotionnel peu développé.

 

AGIR OU RÉAGIR ?

Une autre illusion à la prise de décision est le fait de réagir. Quand on agit, on prend effectivement une décision en amont. Mais quand on réagit, on ne prend aucune décision : la décision a été prise pour nous, à notre place, par la personne ou le contexte qui nous ont fait réagir. On ne fait ainsi que perpétuer cette première action ou y répondre, mais cette réponse n'est pas action, elle n’est que réaction.

De nombreuses personnes ne réalisent pas la différence fondamentale entre ces deux attitudes, et s’imaginent contrôler leur existence, mener leur barque, prendre des décisions et évoluer sur leur chemin de vie, alors qu’elles ne font que tourner en rond dans leur zone de confort par le jeu des provocations/réactions.

Elles s’imaginent dans l’action parce qu’elles sont dans la réaction, et ne comprennent pas les personnes qui font preuve de recul ou de patience, s’imaginant qu’elles n’agissent pas. Il est donc important de pouvoir distinguer les deux cas de figure, car agir ou réagir, vivre ou subir, voilà le choix auquel nous sommes confrontés en tant qu’être humain. 

Vivre son contexte pour mieux décider et agir, c’est chercher à le comprendre, à le lire. C’est chercher à se gérer soi-même et à agir dans ce contexte donné. C’est chercher à donner une réponse adéquate : une réponse qui n’est pas une réaction, une impulsion, une réfutation ou encore une frustration. Une réponse qui part du contexte, certes, mais qui y répond comme étant quelque chose venant de Dieu. Car c’est Dieu, le Parfait au-delà de toute imperfection, qui a créé tous les contextes, et Il ne saurait créer quelque chose d’imparfait. 

 

 

L’être accompli, c’est l’être complet et conscient qui vit son contexte avec conscience et qui décide, choisit et répond avec un bon texte à chaque situation que Dieu lui donne ou dans laquelle Dieu, dans Sa Grandeur et Sa Sagesse, le place. Il sait que dans n’importe quel contexte, il lui revient la responsabilité d’écrire un texte complet et de se réaliser. Il cherche donc à s’accomplir à travers son texte et non par le contexte.

L’être inaccompli, lui, c’est l’être malheureux ou incomplet. C’est l’être qui subit ce qui lui arrive en s’activant dans tous les sens non pas pour écrire son texte malgré le contexte, mais pour tenter de changer le contexte. Autant dire que c’est une attitude énergivore et malheureusement souvent vouée à l’échec si on n’est pas spirituellement mature pour ce travail. C’est donc le contexte qui détermine son évolution. Il cherche à s’accomplir en dehors de lui-même et à se compléter par des facteurs extérieurs, et par conséquent, il subit sa propre vie et devient une personne souffrante qui pense que ce n’est que dans un contexte “parfait” qu’elle pourra s’accomplir et être heureuse. Par conséquent, elle baisse facilement les bras, et reste dans sa zone de confort par défaitisme.

L’article "Vivre ou subir" vous permettra d’approfondir la question.

 

 

NE MAUDISSEZ PAS LE CONTEXTE

Le contexte n’est donc pas là pour qu’on se batte avec, ni même pour qu’on le prenne pour ennemi, mais on doit apprendre à le lire, à écrire notre texte sur les lignes du contexte, quel qu’il soit. Ce contexte, cet espace-temps (dâr) dans lequel on semble prisonnier fait même l’objet d’une parole prophétique : “N’insultez pas et ne maudissez pas l’espace-temps, le contexte.”

Car ce contexte et espace-temps recèle des couloirs, des brises divines (nafahate), des portails qui nous permettent de sortir des limites de l’espace et du temps pour nous connecter à Dieu. Et c’est exactement ce à quoi le Prophète (que Dieu continue de nourrir son être, sa lumière et notre connexion à lui) nous invite activement à nous exposer sans jamais maudire ce contexte, car notre contexte, c’est Dieu Lui-même. 

 

 

Il ne faut pas comprendre par là que Dieu se résume à notre contexte, ou que le contexte soit une divinité, mais il s’agit de réaliser profondément que le contexte est créé, choisi, déterminé, parfaitement conçu par Dieu, et donc qu’il est en permanence placé sous le Regard Divin, à chaque instant. Par conséquent, il ne faut ni le haïr, ni le maudire, mais apprendre à chercher ces opportunités, ces brises hors espace et hors temps qui ont ce goût d’éternité. 

Car Dieu nous invite à nous aligner avec Lui dans tous les contextes, et cela bien que Lui soit en dehors et bien au-delà du temps et de l’espace, alors que nous, nous en sommes prisonniers. Mais dans Sa Grâce Immense, Il nous a donné des rendez-vous (miqat) durant lesquels soufflent ces brises divines, ces chemins, ces portails pour sortir de cette matrice spatio-temporelle et nous approcher de Lui.

Ces rendez-vous sont les temps de Dieu, comme par exemple dans la nuit de la veille du Vendredi, ou pendant la période du Pèlerinage, ou encore dans la prière du dernier tiers de la nuit. Les exemples de ces moments sont nombreux, et même quotidiens. Ce sont de vraies opportunités, des "unités de porte", des "portes vers l'Unité" avec Dieu qui mènent donc directement vers le Divin ! 

Le contexte a donc de nombreux Cadeaux pour qui sait l’embrasser sans le subir ni le rejeter.

 


"Il s’agit de réaliser profondément que le contexte est créé, choisi, déterminé, parfaitement conçu par Dieu, et donc qu’il est en permanence placé sous le Regard Divin, à chaque instant."

 

 

COMMENT PRENDRE DE VRAIES DÉCISIONS ET RÉELLEMENT DÉBUTER NOTRE HÉGIRE

La meilleure qualité à développer en nous est le sens de l'humilité. Il s’agit d’accepter de voir en face avec honnêteté les défauts qui nous maintiennent dans la zone de confort : est-ce que mes décisions sont vraiment motivées par mon intelligence émotionnelle, ou plutôt par mon impulsivité et mon sentimentalisme ? Est-ce que je me plains beaucoup et agis peu ? Est-ce que je prétends agir alors que je ne fais que réagir ? Est ce que je suis une personne responsable, ou bien je rejette la tutelle, les responsabilités, les décisions, puis les fautes sur un autre ? Ai-je le goût de l’effort ou le goût du confort à tout prix ? Jusqu’à quel point suis-je habile à me mentir à moi-même et à m’auto-manipuler ?

La culture moderne nous a façonnés et élevés pour être des individus fiers qui ne sont nullement intéressés par le travail d’amélioration et de développement spirituel. Le sentiment d’autosatisfaction qui nous habite nous aveugle complètement et nous empêche de prendre de vraies décisions saines.

 

Je nous invite à commencer par remettre en question nos sentiments. Reconnaissons que tant que nous ne sommes pas émotionnellement matures, nous ne pouvons pas prendre nos ressentis pour référence ultime. Et la plupart d'entre nous ne sommes pas encore matures.

Nous avons pu voir combien notre âme figée, notre mental figé, nos conceptions figées nous empêchent de prendre de vraies décisions, et nous conduisent à ne prendre que des illusions de décision, pour aboutir à des illusions d’hégire spirituelle ou des simulacres de développement rationnel, émotionnel ou spirituel. Nous croyons avancer, mais nous ne faisons que tourner en rond. Nous croyons voyager loin, mais nous ne faisons que du trampoline dans notre zone de confort :

 

 

Tant qu’une réelle décision de voyage n’aura pas été dictée par une réelle intelligence émotionnelle, elle-même née de la gratitude des Cadeaux Divins, il y aura stagnation dans la zone de confort. Combien d'actions sont motivées par tout autre chose que par notre intelligence émotionnelle ? Par impulsivité ou par réaction par exemple ? Et quel est le résultat de ces actions ? Nous sortent-elles vraiment de nos zones de confort ? Par exemple, de nos jours, nous nous rapprochons de certaines personnes à cause de raisons immatures et sentimentales, comme nous mettons fin à des relations par fierté, par colère, par tristesse, jalousie ou vengeance. Et ainsi, ces décisions impulsives nous maintiennent et nous emprisonnent dans une zone de confort toujours plus inconfortable.

 

 

L’AMOUR DE DIEU ET DE SON MESSAGER COMME MOTEUR ET OBJECTIF

Sortir de sa zone de confort, c’est aimer Dieu et Son Messager (que Dieu continue de nourrir son être, sa lumière et notre connexion à lui) plus que nous-mêmes, et ce n’est pas une chose que nous pouvons atteindre par émotivité, sentimentalité ou impulsivité. Ce sont des Vérités Absolues qui ne peuvent être atteintes qu’au terme d’une Hégire commencée avec une décision vraie basée sur une intelligence émotionnelle réelle.

L'Hégire est une migration de paradigme ou une migration de terrain. Si nos décisions, qui sont le fondement de nos actions, sont basées sur notre sentimental, il nous faut alors absolument passer au spirituel, à notre connexion à Dieu. L’Amour de Dieu se manifestera alors dans cette volonté de vouloir nourrir, servir l’autre et veiller sur son bien-être (comme nous le verrons avec la cinquième prière de Moussa).

C’est ainsi qu’il faut voir l'Hégire des gens quittant la Mecque vers Médine : comme une migration du terrain de l’impulsivité et du sentimentalisme vers le terrain de la Vérité et de la Paix avec Dieu.   

 

 

Nous avions vu dans l’article détaillant la première prière comment notre Jahiliya intérieure pouvait nous aveugler et nous empêcher de réaliser les prises de conscience qui nous sont salutaires. Désormais nous voyons que cette Jahiliya entrave également notre capacité à prendre les bonnes décisions et nous empêche de choisir l’Hégire, nous maintenant dans la peur, ou dans l’illusion que nous sommes déjà en train d’évoluer et de croître.

Comment sortir de cette Jahiliya ? Où trouver la force d’entamer son Hégire ? Quel est le vrai moteur émotionnel de la décision d’émigrer ? 

Il s’agit de préférer à tout autre chose l’amour de Dieu, et du Prophète, que Dieu continue de nourrir son être, sa lumière et notre connexion à lui. C'est le désir que notre loi et nos choix reposent sur cet amour, et non plus sur l'ego, la fierté ou la vengeance. Si on s’accroche à la Jahiliya, on ne migre pas. Il faut donc y renoncer pour avancer, et pour cela il faut passer de l’impulsivité mentale au moteur émotionnel.

Car c'est précisément en cela que l'Islam se différencie de la période de Jahiliya : par le fait d'aimer, ou au moins (au départ) de vouloir aimer Dieu et Son Prophète plus que soi-même. C'est à dire préférer leur désir à nos propres désirs et laisser ces émotions saines, cette intelligence émotionnelle saine gouverner nos décisions.

 

 

LE RÔLE DE CHAQUE INTELLIGENCE DANS LA DÉCISION ET PLANIFICATION  DE DÉPART

Si le rôle de l’intelligence émotionnelle nous apparaît désormais central, qu’en est-il du rôle de l’intelligence rationnelle dans cette Hégire ?

Nous avons vu dans l'article précédent que l’intelligence émotionnelle consiste à savoir utiliser son cœur dans la voie de Dieu et l’intelligence rationnelle consiste à savoir utiliser sa raison pour trouver Dieu et pour assister l’intelligence émotionnelle. En effet, nous avons vu que lorsque l’intelligence émotionnelle enflamme notre cœur pour une Vérité qui nous rapproche de Dieu, l’intelligence rationnelle doit comparer toutes les solutions à disposition afin de faire le tri entre le moins bien (à abandonner) et le mieux (à atteindre).

Il est donc important de bien comprendre que dans notre Hégire, notre voyage vers Dieu, ou en d’autres termes dans notre vie, notre cœur est le Sultan et notre raison l’assistant, ou le serviteur. Notre raison devrait être comme notre maître Abu Bakr et notre cœur comme le Prophète (que Dieu continue de nourrir son être, sa lumière et notre connexion à lui). C’est notre cœur qui doit diriger la caravane de notre cheminement, et la raison doit le suivre.

Dans cette analogie, la raison doit jouer le rôle de l’assistant sincère et digne de confiance (siddiq). Le cœur ne dépend pas de la raison, mais il apprécie ses efforts. Ainsi, pendant leur Hégire, Abu Bakr Siddiq a préparé le voyage, effectué au préalable tous les calculs nécessaires à propos du trajet, du guide, de l’itinéraire... Il a mis au service tous ses moyens, toute sa famille et ses serviteurs pour faciliter le chemin, cacher les traces de leur passage, et parvenir à ses fins. Il était au service de son Bien-Aimé.

Le Prophète appréciait ses efforts, mais ne dépendait pas de lui en réalité. Il menait le projet en tant que vrai leader de ce voyage. Lorsque Abu Bakr a commencé à s’inquiéter et à douter de leur stratégie, le Prophète Mohammed (que Dieu continue de nourrir son être, sa lumière et notre connexion à lui) qui était resté confiant, inébranlable, l’a rassuré et apaisé.

De la même manière, c’est notre cœur qui devra apaiser notre raison lorsqu’elle se retrouvera confrontée à des questions ou des doutes.

 

 

Comme notre maître Abu Bakr, la raison met au service du cœur les membres, les forces vives du corps, mais c’est le cœur qui doit mener l'Hégire, le cheminement vers Dieu. Et lorsque la raison commence à douter, c’est le cœur qui doit prendre le relais. Car le cœur, c’est l’amour. C’est lui qui s’engage et qui engage les autres dimensions de l’être par amour, par espoir, par foi et non par pensée. Cette dernière nous aide, certes, à condition qu’elle se mette au service de la foi qui va apprécier ses efforts, mais elle ne doit pas en dépendre.

Si l’on ne respecte pas cette dynamique, cette hiérarchie entre le cœur et la raison, nous rencontrerons alors d’importantes difficultés dans notre cheminement. Car si la pensée domine, elle polluera le cœur avec ses doutes et finira par nous faire perdre la foi, que Dieu nous en préserve à jamais. En revanche, lorsque la raison suit le cœur, elle pourra également bénéficier de la connexion avec Dieu, de la même manière qu’Abu Bakr a reçu la bénédiction de son compagnonnage avec le Prophète.


"Lorsque la raison commence à douter, c’est le cœur qui doit prendre le relais. Car le cœur, c’est l’amour. C’est lui qui s’engage et qui engage les autres dimensions de l’être par amour, par espoir, par foi et non par pensée."

 

 

L’ASSISTANT NE DEVRAIT JAMAIS JOUER LE RÔLE DU SULTAN 

Il est important de veiller à ce que notre raison ne devienne pas décisionnaire sur le chemin. Ce travers peut malheureusement se produire, notamment si la personne tend à basculer vers son mental au cours du chemin. Car le mental est l’interface en nous qui est à l’écoute de satan (que Dieu nous protège) et de notre ego. Et alors, la raison n’est plus au service du cœur, mais de l’ego. Nous devons donc travailler à rendre notre cœur robuste et solide pour ensuite garder notre raison à sa suite. Cela passe nécessairement par le fait de travailler sur son développement intérieur, par le fait de dépasser le mental en soi pour réduire nos deux ennemis au silence afin que la relation adéquate puisse s’installer entre ces entités en nous. C’est de cette manière que nous pourrons effectuer notre cheminement vers Dieu en toute force, beauté, équilibre et célérité.

Une caravane qui souffre de désordre interne et de chaos sera ralentie, voire stoppée dans son voyage. En revanche, une caravane dans laquelle l’ordre des choses est respecté, avec le cœur comme sultan et la raison comme assistant, cheminera harmonieusement tout au long du trajet.



L’INTERVENTION SPIRITUELLE POUR SORTIR DE LA ZONE DE CONFORT

Nous avons vu l’importance de la flamme et de l’intelligence émotionnelle, assistée par le rationnel, dans la décision de quitter la zone de confort. Et dans le récit de l’histoire de notre Maître Moussa, nous avons observé que cette flamme émotionnelle et ce début d’Hégire furent provoqués par une intervention extérieure, qu’on a nommée intervention spirituelle. 

L’intervention spirituelle consiste principalement à pousser les gens en dehors de leur zone de confort afin qu’ils poussent, grandissent et atteignent une plus grande maturité. La personne qui pousse l’autre hors de la zone de confort peut le faire volontairement ou involontairement, mais dans tous les cas cette intervention est voulue et guidée par notre Seigneur et Éducateur.

Notons que chaque fois que l’on pousse quelqu’un ou quelque chose, on fait face à une résistance. Même un objet aussi petit qu’un verre d’eau a une résistance relative qui va nous demander d’engager une certaine force, alors que dire de quelque chose de plus grand ? Et que dire d’une personne en résistance, attachée à sa zone de confort ?

 

 

L’intervention spirituelle volontaire consiste donc à engager une certaine énergie dans le but de faire sortir les gens de leurs zones de confort, afin qu’ils ne tombent ni dans le piège du contentement de soi, ni dans le piège qui consiste à rendre confortables les situations  inconfortables pour y stagner.

Cette intervention spirituelle vient toujours ultimement de Dieu, mais dans notre vécu, dans les faits, elle peut prendre plusieurs formes ou nous être transmise par différents canaux : des frères et sœurs, un enseignant, un maître, un shaykh, un moment-maman doux et agréable, un moment-père qui joue le rôle de repère qui nous cadre et nous secoue, un choc qui nous remue profondément, ou tout évènement du quotidien qui sert notre réveil spirituel et la reprise de notre Hégire. 

Cette intervention spirituelle est donc un Cadeau que Dieu nous fait, et nous pouvons soit la subir et nous maintenir dans l’inconscience et l’aveuglement de son potentiel de propulsion et d’élan bénéfique, soit l’apprécier, en tirer un maximum de bénéfices, et en profiter pour avancer, croître, renaître. Nous pouvons même demander de nous-mêmes une intervention spirituelle à travers nos prières, ou encore en allant humblement chercher cette Aide Divine à travers nos frères et sœurs, nos guides, nos mentors, nos enseignants.  

Et comme nous le voyons dans le récit de notre Maître Moussa, Dieu peut choisir d’apporter son assistance spirituelle même à travers un ennemi ! Notre Maître Moussa n’a pas hésité à s’ouvrir à l’intervention spirituelle de Dieu, même à travers une personne inconsciente et malveillante.

 

 

A l’inverse, nous avons l’exemple de Abou Lahab qui s’est complètement fermé à la meilleure incarnation de l’assistance spirituelle malgré toute la conscience et la bienveillance de ce dernier : le Prophète Mohammed (que Dieu continue de nourrir son être, sa lumière et notre connexion à lui). 

Savez-vous pourquoi Abou Lahab a été jusqu’à trahir le Prophète ? Parce que d’une part, l’intervention spirituelle du Prophète remettait en cause toutes ses habitudes et tout son mode de vie, et d’autre part parce qu’Abou Lahab était sujet à la résistance à la croissance, à la maturité, à prendre des responsabilités, à sortir de ce « connu » (bien qu’il soit douloureux) vers l’inconnu (même s’il est bienheureux) afin d'apprendre à ne plus avoir peur de l’inconnu.

 

Tout ceci nous montre combien il est important de savoir reconnaître et s’ouvrir à l’assistance spirituelle où qu’elle se trouve.

 

 

QUAND NOS FRÈRES ET SOEURS NOUS POUSSENT HORS DE LA ZONE DE CONFORT

Notre Maître Moussa a la capacité de voir une intervention spirituelle et un rappel de Dieu dans des évènements tels que la mort inopinée d’un homme ou dans le regard de ses ennemis, de ce peuple égyptien qui va l'accuser d'être un injuste.

Et qu'en est-il de nous ? A notre niveau, ne peut-on pas tenter de voir des rappels de Dieu dans les propos parfois maladroits et un peu bruts de nos frères et sœurs bien intentionnés ? 

Si tu te sens mal quand quelqu'un te dit quelque chose dans l’objectif de t’aider à évoluer, cela ne signifie pas que ce que l’on te dit est mauvais. Si quelqu'un dit quelque chose dont tu pourrais tirer profit et que tu réagis uniquement à la manière dont il l'a dit, ou encore si tu te focalises sur ta culpabilité, tes insuffisances ou tout autre complexe, alors sache que tu fais fausse route. On ne peut exiger de goûter à la douceur d’un fruit si l’on en garde que la peau, et si tu as ce genre d’exigence, alors tu sortiras toujours perdant. Et ce n'est la faute de personne d'autre que toi.

Par exemple, si tu te sens mal lorsqu’une personne te dit de venir prier, cela ne signifie pas qu’il a eu tort de dire ce qu’il a dit, ni que le fait d'être invité à venir prier est un problème en soi. Cela signifie plutôt qu'il y a quelque chose en toi que tu dois corriger qui est cette résistance aux bons conseils. Si notre Maître Moussa a pu bénéficier pleinement de la critique de son ennemi, alors pourquoi ne pas chercher à notre niveau à nous ouvrir aux conseils de nos amis ? Pourquoi est-ce si difficile ?

 

 

Le problème est que nous avons perdu la capacité de pouvoir accepter les conseils. Nous y sommes devenus allergiques et nos réactions en force nous sabotent complètement. Les fruits ne nous intéressent plus désormais, et c'est pour cela que la peau nous dérange tellement. Si nous désirions vraiment le fruit, même une peau épineuse et piquante ne nous dissuaderait pas de tout faire pour nous nourrir de sa chair et savourer sa douceur… Mais nous avons choisi de rester à la surface.

Le Messager de Dieu (que Dieu continue de nourrir son être, sa lumière et notre connexion à lui) a dit : “Il n'y a rien de bon chez un peuple qui ne s'entraide pas avec de bons conseils, et il n’y a rien de bon chez des gens qui refusent d’être conseillés”.

Permettons donc à cette dynamique de s’installer, la dynamique de don et de réception de cette attraction vers Dieu car nous nous sommes engagés à devenir de meilleures personnes.



DOIT-ON POUSSER UN ENFANT HORS DE SA ZONE DE CONFORT ?

Les enfants ne sont pas encore dans une zone de confort de laquelle on doit les faire sortir pour qu’ils poussent, parce que cette zone de confort pour eux est une matrice.

Par analogie, on ne pousse pas le bébé hors du ventre de sa mère dès le premier mois après sa conception, au risque de voir sortir une goutte d’eau qui ne saura pas survivre face aux facteurs cosmiques. A trois mois, il est encore trop tôt, car le bébé sortirait aussi petit qu’une datte, donc trop fragile encore. Il pourra sortir au minimum à l’âge de 6 mois. A cet âge-là, il y a des chances qu’il survive, à condition cependant de le couver, et de veiller à son bon développement. À l’âge de 7 mois, certains bébés peuvent sortir et affronter le monde extérieur. C’est ce qu’on appelle des bébés précoces, comme l’était notre maître Ali ibn Abi Talib (que Dieu nous connecte à lui ainsi qu’à son héritage béni), ainsi que plusieurs Hommes de Dieu qui sont nés de cette façon. 

À l’âge de neuf mois viens la sage-femme et le mot d’ordre ce jour-là est : « pousse ! ». Pousse afin qu’il sorte et qu’il puisse grandir. Car, s’il reste à l’intérieur, il va finir par durcir et mourir. 

 

 

Il y a des moments particuliers (miqat) qu’il ne faut pas devancer ou retarder, il ne faut pas chercher à brûler les étapes. Et il en est de même dans le développement mental, rationnel, émotionnel et spirituel du jeune enfant : par exemple, dans son éveil, à l’âge de 10 ans, on ne peut pas avoir envers l’enfant des attentes qu’on aurait envers une personne de 40 ans. Bien que nous pouvons constater que tous les enfants de 10 ans n’ont pas toujours 10 ans au niveau de leur développement dans la mesure où certains sont plus immatures et d’autres plus précoces. Par exemple, il y a des enfants qui ont 10 ans biologiquement parlant, mais qui ont 6 ans mentalement, et à l’inverse d'autres enfants qui ont 10 ans ont déjà acquis une certaine maturité et une certaine précocité. 

Et même dans ce cas, bien que l’enfant soit précoce, on ne peut pas lui donner des conseils qu’on donnerait à une personne de quarante ans. Notre rôle est de l’aider à grandir dans cette précocité en la vivant de façon harmonieuse et saine, tout en comprenant que même s’il est précoce, il n’est pas tout à fait mature et ne peut pas être poussé hors de la zone de confort nécessaire à son développement. Ces soins sont importants, car même la précocité peut devenir un fardeau et être subie. Et malheureusement c’est souvent le cas.

 

Pour conclure, nous ne devons pas impliquer l’enfant dans ce processus d’entraide pour sortir de sa zone de confort. C’est un processus, un cheminement, une entraide qui se fait entre personnes matures avec un certain niveau de développement rationnel et émotionnel.

 

 

COMMENT S'OUVRIR POUR DONNER ET RECEVOIR DES CONSEILS

Tout d’abord, lorsque tu donnes un conseil à ton frère, sois attentif à ne pas te montrer dur envers lui, surtout si tu es habituellement doux envers toi-même. Et si c’est toi qui reçois un conseil, ne saute pas  sur la personne pour l’agresser en lui disant : "qui es-tu pour me parler comme ça ?" et "regarde-toi toi-même" ou le plus courant : “tu ne me comprends pas !”

Même si les gens sont un peu bruts de décoffrage dans leur façon de donner des conseils, n’attends pas d’eux qu’ils soient parfaits dès le premier jour. C'est un processus. Apprendre à être ensemble et à développer une dynamique d'échange de conseils est un processus, et les choses ne seront pas parfaites dès le premier jour. C'est le voyage de toute une vie, une relation de fraternité ou de sororité, ce que j'appelle “alliance horizontale”. C’est un engagement à vie et il sera de plus en plus facile de s’y inscrire au fil du temps. Mais cela doit bien commencer quelque part !

 

 

ATTENTION AU PARADIGME DU CONSOMMATEUR

Si tu vis comme un consommateur, alors forcément, tu considèreras que RIEN n’est fait pour durer toute la vie et que toute chose est censée être parfaite dès le premier jour. Et si ce n'est pas le cas, tu t’empresseras de la retourner à son propriétaire initial pour obtenir un remboursement, et encore, seulement si cette chose vaut la peine que tu lui consacres tout cet effort. Si ce n'est pas le cas, tu finiras tout simplement par la jeter en attendant qu'une chose nouvelle se présente.

 

 

Pour les consommateurs, tout est jetable, et c'est pourquoi aucune relation ne peut se développer avec cette mentalité. Ils ont cette facilité de pouvoir rompre toute relation comme ils annuleraient un abonnement à un produit quelconque dont ils n’ont plus l’utilité. Et beaucoup d'entre nous traitent leurs relations de cette façon. Alors demande-toi si tu éprouves vraiment de la loyauté envers quelqu'un. Une loyauté qui survivrait à l’élan de vouloir tout bonnement mettre fin à cette relation si cette personne disait quelque chose d’une manière qui produirait des sentiments temporairement négatifs en toi.

 

 

LES CONSEILS SONT DES FRUITS

Demande-toi si tu es vraiment déterminé à grandir et engagé dans ce chemin de croissance. Car si tu veux grandir, il te faudra t’ouvrir afin de recevoir l’alimentation saine qui permet la croissance. Et l’un des meilleurs aliments pour la croissance personnelle est le conseil. Es-tu vraiment engagé avec cette volonté de t’améliorer et de progresser ? Car seul cet engagement te permettra de devenir apte à cueillir les fruits que sont les bons conseils et de bénéficier de leurs nutriments, et ce quelle que soit la texture de leur peau.

Pense à la façon dont nous traitons les fruits : nous les lavons et ce même si nous allons les peler par la suite afin de les déguster. Nous arrivons à nous montrer si patients avec eux lorsque nous sommes portés par cette intention de pouvoir apprécier leur jus et de nous nourrir avec leurs nutriments.

 

 

Pouvons-nous prendre certains de ces comportements et les appliquer à nos relations ? Est-ce que tu peux laver la "peau" qui accompagne les conseils qui te sont donnés toi-même ? En d’autres termes, peux-tu réduire toi-même l'effet des angles abrupts de ces conseils en apportant ton eau à cet échange ? Cette eau serait alors le fait de donner aux personnes qui s'adressent à toi le bénéfice du doute et d’être reconnaissant pour le fait qu'elles se soucient de ce qui t’arrive et te concerne. Si tu ajoutes cette attitude purifiante et propre à tes échanges, tu seras alors en mesure de goûter au fruit succulent qu’est un conseil ainsi qu’à la véritable bénédiction qu’est la fraternité et à l'ingrédient secret d'une croissance saine.

 


NOTRE PRIÈRE SUR LES PAS DE NOTRE MAÎTRE MOUSSA

A partir de toutes ces considérations, et dans l’élan de la seconde prière de notre Bien Aimé Moussa, voici la prière que nous proposons :

 

 

 


 

Série d'articles tirés d'enseignements donnés en 2019 et 2020.

Prochain article sur la troisième prière de l'hégire de Moïse à paraître bientôt !

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