Le mois de Ramadan pour cultiver une qualité fondamentale dans le cheminement : “as-sabr”

développement personnel ramadan se développer en tant qu'être humain vivre en harmonie avec le divin Apr 01, 2022

 

Si nous considérons les exercices de développement de réalités spirituelles comme des stations de service et de ravitaillement sur notre chemin qui mène à Dieu, alors il est intéressant de s’intéresser à ce que chaque station va venir nous fournir comme provisions, et en quoi cela s’avère nécessaire pour notre cheminement. Ainsi, bien que le mois de Ramadan permet de cultiver plusieurs qualités, nous allons ici nous intéresser à une qualité fondamentale sans laquelle il est dit qu’il n’y a aucun cheminement possible. Cette qualité se nomme en arabe “as-sabr”, un mot qui revêt plusieurs sens et qui invite à plusieurs réalités, et qui se trouve être au cœur du cheminement spirituel. 

 

 

"As-sabr" : un mot pour plusieurs sens

Le Prophète Mohammed (que Dieu continue de nourrir son être, sa lumière et notre connexion à lui) a annoncé la bonne nouvelle :

“En vérité, ceux qui se montrent patients, constants et qui travaillent sur eux-mêmes (as-sabirine) recevront leur salaire sans compter”.

 

Le terme “sabr” dont est issu le mot “as-sabirine” ici, comporte plusieurs facettes, plusieurs niveaux de significations. Nous pouvons relever quatre sens différents de ce mots que l’on peut repérer en fonction de la préposition qui suit le mot “sabr” dans la phrase.

  • “As-sabru ‘an” signifie "renoncement''. Cela renvoie au fait de savoir s’abstenir ou renoncer aux choses, au fait de développer cette capacité de renoncer à la nourriture, à la boisson, au superflu ou même à un désir avec facilité.
  • "As-sabru ‘ala ach-chay" signifie "patience", dans le sens de patienter malgré quelque chose qui nous semble négatif ou difficile : un mal, un souci, une maladie.
  • “As-sabru fi” signifie persévérance, constance ou encore assiduité, dans le sens où l’on se montre patient en faisant quelque chose ou durant quelque chose. Cette patience-là sera la persévérance, le fait de ne pas abandonner.
  • “As-sabru ma’a” : la loyauté, la fidélité, la fermeté dans les engagements ou encore la patience dans la compagnie, envers les autres.

 

 

Pour vous aider à finir votre mois de Ramadan en beauté, lisez notre article Les dix derniers jours du mois de Ramadan

 

Les catégories de "sabr" que permet de développer le mois de Ramadan

 

Les quatre catégories de “sabr” sont travaillées durant le mois de Ramadan

  • L'abstention et le renoncement sur un plan matériel et physique car on doit se retenir de boire, de manger, d’avoir des relations intimes, de dire des futilités, etc.
  • La patience malgré l’inconfort, surtout au début du mois, du manque d’eau, de nourriture, de sommeil aussi parfois. Car il faut vivre ce délaissement des habitudes terrestres pour que se réveille en nous le côté spirituel.
  • La persévérance dans le sens où il est nécessaire de s’efforcer chacun des 29 ou 30 jours du mois de consécration, et ce quel que soit le contexte, hormis quelques exceptions.
  • La patience dans la compagnie car il nous est demandé de travailler sur notre personnalité et sur notre rapport à autrui durant ce mois.

 

La particularité de la patience dans la compagnie

En effet, s’il est vrai que le croyant devrait montrer le plus haut niveau de magnanimité et de noblesse de caractère chaque jour de l’année, cette attitude de ne pas se défendre devient, durant les journées où l’on se consacre à Dieu, recommandée voire même obligatoire selon les écoles. Certaines écoles de pensée qui n’existent plus aujourd’hui, comme l’école de Hasan al-Basri (que Dieu nous connecte à son héritage) par exemple, étaient d’avis que celui qui commet un péché de la langue (comme la médisance, la calomnie, ou humilier quelqu’un...) ou qui ne ferait que simplement se défendre dans une situation injuste, a “brisé” son jeûne : a mis un terme à son exercice de consécration et de détachement des besoins, et qu’il doit donc "renouveler" sa journée.

Ces écoles n’existent plus aujourd’hui, non pas parce qu’elles étaient des mauvaises écoles, mais par Pure Grâce Divine : car qui pourrait prétendre jeûner et se consacrer vraiment aujourd’hui, si c’était l’école de Hasan al Basri qui était restée majoritaire ? Il est néanmoins intéressant pour nous d’avoir connaissance du fait que ne pas se défendre et de faire preuve de patience envers ceux qui te disent du mal, avec ceux qui te disputent, avec ceux qui t’attaquent et même t’insultent durant le mois de Ramadan ou lorsque tu es investis dans un exercice de consécration a été une obligation légale selon quelques écoles et reste encore aujourd’hui une obligation morale selon d’autres, c’est-à-dire qu’elle est fortement recommandée, qu'elle est considérée comme une règle de l’art de jeûner par amour pour Dieu et de chercher le détachement face à nos besoins physiques.

En effet, le Prophète Mohammed (que Dieu continue de nourrir son être, sa lumière et notre connexion à lui) a bien dit :

 

“Lorsque vous vous trouvez dans une journée de consécration à Dieu, faites preuve de patience, ne dites pas de futilités, ne dites pas de choses qui n’ont pas de sens. Et surtout, si quelqu’un vient vous disputer, ne vous défendez pas, et dites : “Je jeûne, je jeûne, je jeûne”.

 

En d’autres termes : je ne suis pas disponible pour vous répondre ! Aujourd'hui, je cherche l'équilibre suprême, je cherche à me défaire de toutes mes impuretés, je lutte contre mes ombres intérieures, je m’exerce pour atteindre ma cible, et je ne veux pas mal viser ni tirer à côté. Aujourd'hui, je suis investi dans ma relation à Dieu et dans le travail sur moi-même. Aujourd'hui, je ne veux pas avoir à faire avec l’humain, car je suis entièrement accaparé, occupé et tourné vers le Divin...

 

Pour aller plus loin, visionner notre vidéo La saveur du mois de Ramadan

 

 

L'importance de cette notion de sabr dans le cheminement 

Il existe une nouvelle prophétique qui est souvent traduite et présentée de cette façon :

 

"Le “jeûne” (sawm) est la moitié (nufsu) de la patience et de la constance (sabr).”

 

Une autre nous indique : 

 

“La constance (sabr) est la moitié (nufsu) de la foi (imane)."

 

L’Imam al-Ghazali (que Dieu nous connecte à son héritage) a déduit de la combinaison de ces deux narrations que “le jeûne est le quart (rubu’) de la foi (imane)”, car la moitié de la moitié revient en effet au quart du tout : si le jeûne est la moitié de la patience, et que la patience elle-même est la moitié de la foi, alors, d’un point de vue mathématique, on peut en déduire que le jeûne est le “quart” de la foi… Mais, concrètement, qu’est-ce que signifie “le quart de la foi” ?

Il se trouve que les termes “rub’u” et “nusfu” ont un sens plus large que respectivement “quart” et “moitié”.

“Nusfu” est traduit ici par “moitié” car le terme en lui-même renvoie à la notion d’être au centre ou au cœur de quelque chose, ou encore de l’essence de cette chose. On peut alors traduire cet enseignement prophétique de cette façon :

 

“L’exercice de détachement des besoins matériels et physiques est au cœur de la patience, de la constance et la capacité de renoncement”.

 

Et la seconde nouvelle :

 

“La patience, la constance et la capacité de renoncement sont l’essence de notre perméabilité à la Présence de Dieu, et à Ses Enseignements”.

 

En d’autres termes, le secret de cet exercice de jeûne et de consécration totale est de cultiver cette constance, cette persévérance, cette patience, ce dévouement, cette détermination, qualités qui sont elles-mêmes au centre de l’affaire de la foi, l’essence et le cœur de ce travail d’ouverture du cœur en pleine confiance et perméabilité à la Présence Divine. D’ailleurs, un autre enseignement prophétique nous enseigne que :

 

“Sans patience, sans constance, sans capacité de renoncer aux choses de ce bas-monde, il n’y a pas de foi, pas d’accueil et de perméabilité au Divin (imane)”.

 

Pour continuer sur la proposition d’une autre traduction, nous pouvons nous intéresser au terme “rub’u”, choisi par l’Imam al-Ghazali. “Rubu’", qui a été traduit en langue française par “quart”, vient de la racine “raba’a”, qui a également donné le mot “rabi’a” qui signifie printemps, saison qui dure bien le “quart” d’une année… “Rubu’” renvoie donc à une opportunité d’épanouissement et de revivification, une opportunité de floraison, un printemps.

Ainsi, on pourrait traduire cette phrase de l’imam al-Ghazali de cette manière :

 

“L’exercice de détachement des besoins matériels et physiques est le printemps de la foi.”

 

Que Dieu permette à notre foi et à notre engagement à honorer la graine de foi que Dieu a confié à chaque être humain de vivre son printemps durant ce mois de Ramadan !

 

 Pour aller plus loin, découvrez notre podcast "Que veut dire "Les démons sont attachés durant le mois de Ramadan" ?

 

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