Cueillir les fruits du Pèlerinage au quotidien

développement spirituel pèlerinage/hajj vivre en harmonie avec le divin Aug 01, 2021

La période du Pèlerinage est arrivée à son terme. Certes, l'homme qui aspire à vivre avec Dieu doit toujours se montrer reconnaissant envers Son Créateur pour les bienfaits qu’il a reçus... Mais il est normal que les cœurs sains, ceux dont le système émotionnel et le système sentimental sont toujours connectés et sensibles au Divin et à la Réalité des choses, se trouvent nostalgiques à la fin de cette période. La bonne nouvelle, c’est que notre Bien-aimé, le Prophète Mohammed (que Dieu continue de nourrir son être, sa lumière et notre connexion à lui) a annoncé qu’il existe plusieurs opportunités, plusieurs expériences que l’on peut vivre de chez soi pour réaliser le même potentiel spirituel que l'expérience du voyage du Pèlerinage peut nous faire réaliser. En d'autres termes, pour obtenir le même "ajr", si l'on travaille bien son intention au préalable. 



Qu'est-ce que le "ajr" ?

Le terme employé dans les narrations prophétiques qui font état de ces opportunités est le mot “al-ajr”, souvent traduit par “mérite” ou “récompense”. Mais quelle est cette récompense dont Dieu nous parle ? S’agit-t-il d’une rémunération, d’un salaire en monnaie du paradis que Dieu va nous donner lors du passage à la Vie Eternelle, faisant de certains des millionnaires et d’autres des précaires ? 

La monnaie Divine n’est pas une monnaie abstraite. Elle est constituée de fruits spéciaux, des fruits qui ne sont pas physiques, mais spirituels. Car chaque “action” sur le chemin qui mène à Dieu est telle un arbre : tous ces arbres vivent grâce à la même eau de pureté de l’intention (ikhlass) qui coule en eux, et pourtant, à chaque arbre sa propre fleur, qui donnera un fruit particulier, un parfum unique, une saveur différente des autres, de la même façon que, dans le monde physique, le cerisier donne des cerises, le bananier donne des bananes, l’abricotier donne des abricots, etc. 

Les “actions” que nous sommes invités à faire ne sont pas juste des formes vides pour nous occuper, elles sont là pour travailler la terre de notre cœur pour que, par la suite, des arbres poussent, des fleurs fleurissent, des fruits mûrissent… Et Dieu ne manque pas de créativité ! Il a créé un nombre incalculable de fruits pour nous, pour que nous puissions goûter de plusieurs manières différentes à notre relation à Lui. Ainsi, le pèlerinage est supposé donner des fruits, un goût, une expérience spirituelle que la prière méditative (salât) ne donne pas, car elle donne elle-même d’autres fruits. Le jeûne donne également ses propres fruits, qui diffèrent du fruit de la méditation. Le fruit de la méditation n’est pas identique au fruit du travail de développement de conscience (dhikr), etc… Des fruits en toute abondance, et de toutes les couleurs. 

 

Pour aller plus loin, visionner notre vidéo : Les actes d'adoration, des actes de développement de l'être

 

Or, dans les quelques cas que nous allons aborder, et la liste n’est pas exhaustive, le Prophète (que Dieu nous connecte à sa lumière) dit que celui qui saisit les opportunités présentées va recevoir chez lui, sans se déplacer, les fruits du pèlerinage, comme dans une sorte d’importation spirituelle. Oui, sans aller à la Mecque, sans aller visiter le Prophète à Médine, sans se rendre sur le Mont Arafat, tous ces fruits du pèlerinage vont parvenir jusqu’à chez lui. 

Comme si le Prophète (que Dieu continue de nourrir son être, sa lumière et notre connexion à lui) était en train de nous dire que, certes, les dimensions historique, géographique et cosmique du pèlerinage offrent des fruits particuliers, mais que certains gestes du quotidien, pour peu qu’on leur accorde notre attention, ont le potentiel de nous faire vivre la même expérience spirituelle, de nous faire goûter au même plaisir et parvenir au même niveau de connaissance, de réalisation spirituelle, de développer la même quantité et qualité de foi que le voyage physique et spirituel du Pèlerinage ! 

 

Première chose : l'intention

Comme dans tout ce que nous entreprenons, la première étape réside dans l’intention (an-niya). Le mot “an-niya” signifie la graine, le noyau, et, en effet, l’intention est toujours le noyau de l’action. On peut définir les intentions comme étant des “idées”, non pas des idées qui viendraient du seul rationnel, mais plutôt  des “idées” très profondes qui ont le potentiel d’engager notre être tout entier. 

Au commencement, l’intention est une inspiration captée par l’esprit en nous à travers un monde de révélation et d’inspiration comme étant un cadeau que l’Esprit, le Grand Esprit (Dieu) nous présente. Dieu révèle à ses serviteurs des opportunités sous la forme d'idées et d’élan, et l’esprit éveillé, le cœur vivant, ressent le parfum de cette opportunité et y aspire. 

Voilà ce qu’est le phénomène de l’intention : un vrai désir, un vrai souhait, une idée profonde, un projet spirituel, un enracinement, une prise de vie. Car la graine de foi en nous se trouve du coup fécondée par cette Inspiration Divine. Il y a un avant et un après l’intention, elle n'est pas juste une idée ou un souhait vain. Il y a une vie qui prend vie au-delà de l’envie, il y a un vrai désir qui naît, une vraie inclination, un vrai projet spirituel qui prend naissance en soi. On peut le comparer à une gestation, une vraie fécondation, comme lorsque une femme tombe enceinte.  

Un jour, alors que le Prophète Mohammed (que Dieu continue de nourrir son être, sa lumière et notre connexion à lui) avait quitté Médine pour le combat sacré (jihad), il dit aux compagnons qui l’accompagnaient : “à Médine, nous avons laissé des gens vrais (femmes et hommes, et même une majorité de femmes statistiquement parlant). Il n’y a pas un seul pas que vous faites, une seule vallée que vous traversez, un seul bien spirituel que vous gagnez qu'ils n'obtiennent pas aussi”. 

Les compagnons ont répondu : "Vraiment ô Messager de Dieu ? Alors qu’ils sont à Médine ?” En d’autres termes : “alors qu’ils dorment en sécurité dans leurs lits à Médine, et que nous dormons dans le désert, et que nous risquons nos vies ?" Le Bien-aimé leur a répondu : “oui, parce que le seul facteur qui les a empêchés de vous accompagner est une excuse valable”. 

Ils sont venus voir le Prophète (que Dieu continue de nourrir son être, sa lumière et notre connexion à lui) avec une réelle intention, une vraie attention, une vraie inclination, un vrai désir. Le projet spirituel est né dans leur cœur, mais ils n’ont pas pu aller au bout de ce projet, pour différentes raisons indépendantes de leur volonté. Certains n’avaient pas de monture, d’autres avaient des problèmes de santé physique ou encore des parents à charge qu’ils ne pouvaient laisser seuls. D’autres encore sont restés en arrière pour accomplir les missions nécessaires et indispensables que le Prophète leur avait confiées. 

On voit combien, par son intention, à travers un vrai amour et un vrai désir de vivre une expérience spirituelle, le vrai croyant parvient à parcourir de grandes distances dans son cheminement spirituel, des distances qu’il ne parvient pas à parcourir à travers ses projets matériels et à travers ses actions.  

 

 

Pour aller plus loin, lire notre article La ronde infinie des 5 piliers de l'islam

 

 

Première opportunité pour cueillir les fruits spirituels du pèlerinage au quotidien

Une narration prophétique dit :

 

“Celui qui sort de chez lui dans un état de pureté mais aussi cherchant à être purifié (moutatahiran) pour se rendre dans une Maison de Dieu afin d’accomplir une des cinq prières obligatoires aura le même mérite que le pèlerin vêtu des habits et de l’état de consécration (al-ihram), et celui qui sort de chez lui pour célébrer la prière de Doha et qui célèbre une prière méditative après l’autre sans tomber dans les paroles ou les actions futiles aura le même mérite que la personne qui a effectué la visite des lieux saints (omra), et ce sera une lettre écrite en sa faveur préservée au plus haut niveau de la confiance angélique.”

 

On peut comprendre le mot “moutatahiran” de deux façons, car le mot “tahara” signifie “consécration”, et désigne en même temps le rituel de purification qui permet cette consécration. Ainsi, le terme désigne à la fois “celui qui a effectué son rituel de purification (tahara)”, mais aussi “celui qui a l’intention de chercher à purifier son cœur (at-tahara qalbiya)”, celui qui cherche à se purifier pour Dieu dans les Maisons où les cœurs doivent être purifiés. 

Ainsi, celui qui sort de chez lui dans un état de pureté rituelle mais aussi et surtout avec l’intention de chercher à se purifier spirituellement parlant et à se consacrer à Dieu pour une prière obligatoire obtiendra les mêmes fruits que le pèlerin vêtu des habits et de l’état de consécration que l’on appelle “al-ihram”. Si l’on réfléchit, cela fait très exactement cinq opportunités par jour de recevoir les fruits du pèlerinage ! Il suffit tout simplement de sortir de chez soi avec l’intention d’aller prier dans la Maison de Dieu. 

On voit ici comme les choses correspondent : une Maison de Dieu est une Maison de Dieu, que ce soit la Maison de Dieu centrale, la Ka’ba, ou la Maison de Dieu à côté de chez soi, la mosquée ou tout endroit consacré à Dieu (masjid). La consécration est la consécration, dans l’intention, c’est la même démarche. Le Prophète (que Dieu continue de nourrir son être, sa lumière et notre connexion à lui) est en train de faire appel à notre intelligence pour que l’on voie ce que sont en vérité ce que l’on appelle les “actes d’adoration”. Si tu comprends que ce ne sont pas des actes et que tu n’es pas un acteur, si tu comprends que ce n’est pas un film dans lequel Dieu te fait jouer mais que c’est une Vraie Vie à laquelle Il t’invite, alors tu verras le lien entre les choses : l’Appel, c’est l’Appel. C’est l’Appel de Dieu. La Maison, c’est la Maison. C’est la Maison de Dieu. Se consacrer, c’est se consacrer. C’est se consacrer à Dieu. Le cœur c’est le cœur, c’est le cœur du serviteur de Dieu. 

 

 

 

La narration continue avec la prière rituelle non obligatoire que nous sommes invités à célébrer chaque matin, entre la prière de l'aube et celle de la mi-journée. Le Prophète (que Dieu nous connecte à sa lumière), nous dit que celui qui sort de chez lui pour aller célébrer cette prière, que ce soit à la mosquée ou même dehors (car à son époque, les gens en faisaient souvent un vrai moment de méditation dans la nature) aura les mêmes fruits que celui qui a effectué la visite des lieux saints (‘omra). Cette prière méditative sera une lettre écrite en sa faveur préservée au plus haut niveau de la confiance angélique, autrement dit, une preuve qui ne sera jamais perdue après cela. Cette action-là est non seulement écrite, mais écrite et préservée dans un lieu sûr et très élevé. Et Dieu donnera une très grande importance aux écrits venant de ce lieu le Jour du Jugement.

 

L'objectif : sortir de chez soi, sortir de soi

En faisant le parallèle entre ces parties de la narration, on réalise que le dénominateur commun de tout cela est peut-être le fait de sortir de chez soi. Sortir de chez soi, qui est un symbole du fait de sortir de soi, de sortir de notre zone de confort. 

 Ainsi, si tu comprends que le but du Pèlerinage, tout comme le but de se rendre à la mosquée, ou d’aller prier en pleine nature, c’est de sortir de toi-même de façon ultime et réelle, c’est de sortir de ton ego, de ton prisme, de ta petite prison pour t’orienter entièrement et complètement vers Dieu, alors tu comprendras pourquoi le fait de sortir pour le pèlerinage et le fait de sortir de chez soi pour se consacrer à Dieu ont le même potentiel spirituel. 

Une autre narration évoque également le fait de sortir de chez soi pour aller célébrer une prière obligatoire en groupe avec une nuance cependant. Ici, le Prophète précise “celui qui marche pour se rendre à la prière en groupe". L’action de marcher est différente de l’action d’utiliser sa voiture. Cette précision est importante, et si on veut se montrer littéraliste, c’est dans ce genre de narration qu’il faut l’être. Car l’expérience physique a toute son importance : si on la néglige, qu’on prend systématiquement sa voiture et qu’on se gare au plus près de la porte de la mosquée, que reste-t-il d'efforts à fournir ? Sur le plan expérimental, sur le plan matériel, en quoi puis-je travailler ma foi, s’il n’y a plus aucun sacrifice ?  

Il existe un principe, une règle qui vient d'une parole prophétique : le mérite est proportionnel à la fatigue et aux difficultés que tu rencontres. Car si tout est facile et confortable, si je ne sors pas de ma zone de confort même quand je sors de chez moi, si je ne fais que passer de zone de confort en zone de confort, comment vais-je travailler les muscles de mon coeur afin qu’ils deviennent plus forts ? 

 


Pour aller plus loin, découvrez notre prière La prière de sortir de chez soi, pour sortir de soi

 

Deuxième opportunité pour cueillir les fruits du Hajj au quotidien

Dans une autre narration qui tourne toujours autour de la notion de sortir de chez soi, le Prophète Mohammed (que Dieu continue de nourrir son être, sa lumière et notre connexion à lui), dit : 

 

“Celui qui sort de chez lui pour se rendre dans un lieu consacré à Dieu et qui ne cherche qu’à apprendre ou enseigner le bien aura le même mérite que le pèlerin dont le pèlerinage a été complet, accompli et accepté (dans la forme comme dans le fond)”. 

 

Les “masajid” sont les lieux que l’on consacre à Dieu et les lieux où l’on se consacre à Dieu, ainsi, il peut s'agir des mosquées officielles, mais aussi des lieux que l’on consacre à Dieu chez soi. Si on pousse la réflexion, on réalise que le fait de suivre les cours en ligne, ou même de venir apprendre sa religion sur ce blog par exemple, est un "masjid". 

Ainsi, si vous suivez un enseignement en ligne, que ce soit écrit ou vidéo avec attention et intention, si vous êtes vraiment dédié et consacré à l’apprentissage, si vous êtes en train de prendre des notes, avec pour intention d’apprendre, mais aussi de partager ce que vous avez appris avec d’autres, alors, vous êtes sorti de chez vous !  Et vous êtes concerné par cette narration, par la grâce de Dieu.



Troisième opportunité pour cueillir les fruits du Hajj au quotidien

Le prophète Mohammed (que Dieu nous connecte à son amour et à sa lumière) a aussi dit : 

 

“Celui qui prie la prière de l’aube (fajr) en groupe dans un endroit consacré à Dieu, qui reste dans cet endroit jusqu’au lever du soleil, puis qui laisse passer un laps de temps et célèbre les deux unités de prière de Doha aura les mêmes mérites (les mêmes fruits émotionnels, sentimentaux, intellectuels) que celui qui aura effectué le Pèlerinage ou que celui qui a visité la Maison de Dieu (omra)". 

 

Voilà donc encore une opportunité à saisir, que l’on peut expérimenter tous les matins, ou ne serait-ce qu'une fois par semaine, le vendredi matin par exemple. Une chose simple qui fera venir les fruits du pèlerinage jusqu’à vous. 

 


Pour aller plus loin, visionner notre vidéo Qu'est-ce que la salat ?

 

Quatrième opportunité pour cueillir les fruits du Hajj au quotidien

Cette quatrième opportunité de cueillir les fruits du Pèlerinage de chez soi est une action différente de celles que nous avons étudiées, mais reste la plus noble de toutes les actions.

Notre maître Anass ibn Malik (que Dieu nous connecte à lui ainsi qu’à son héritage béni) rapporte que le Messager de Dieu (que Dieu continue de nourrir son être, sa lumière et notre connexion à lui), a dit :

“Un homme est venu au Prophète Mohammed et lui a dit “je désire de tout mon cœur sortir avec toi et m’investir dans le combat sacré (jihad), mais je n’ai pas la capacité de le faire.”

 

Cette incapacité peut être de plusieurs ordres : physique, si l’homme avait des limites physiques ou même un handicap, ou financière car le jihad demandait plus que de la force physique : il faut avoir les moyens de préparer sa monture, de payer sa provision, etc. L’homme est en train de dire au prophète qu’il souhaiterait de tout son cœur s’investir dans la voie et suivre le Prophète où il se rendra pour protéger le projet de l’islam, ce Projet Divin de sauvetage de l’humanité, et qu’il ne peut pas le faire, pour des raisons qui sont indépendantes de sa volonté. 

Le Prophète Mohammed lui a répondu : “Est-ce qu’un de tes parents est toujours vivant ?”

Le compagnon répondit : “oui, ma mère est toujours vivante”. 

Le Messager de Dieu lui dit :

 

“Fais donc de ton mieux pour t’occuper d’elle, car si tu fais cela, si tu t’occupes d’elle pour Dieu et la recherche de Sa Noble Face, tu auras le mérite (les fruits spirituels et émotionnels) du Pèlerinage (Hajj), de la visite des lieux saints (omra) et de l’investissement dans la Voie (jihad)”.

 

Pour aller plus loin, lire notre article Les piliers du tawaf d'adieu

 

La liste des opportunités que nous avons abordées n’est pas complète, et nous faisons le choix de nous arrêter là. Nous avons évoqué et appris beaucoup de choses, alors mon frère, ma sœur, je vous invite à commencer à les appliquer, dès maintenant ! Commencez à vous consacrer à Dieu, rendez-vous dans l’endroit que vous avez décidé de consacrer à Dieu dans votre maison, ou dans la maison de membres de votre communauté. Formulez cette intention, celle de vouloir récolter les fruits des pèlerins, et appliquez les recommandations prophétiques, que ce soit pour les cinq prières quotidiennes, ou pour ce temps de méditation qui dure de la prière de l'aube jusqu’au lever de soleil. Aussi, si un de vos parents est encore en vie, vous savez désormais que prendre soin de l’un d’entre eux va vous donner le fruit, le goût et l’accomplissement non seulement du pèlerin, du visiteur et de la personne investie dans la Voie de Dieu. Alors faites le bien, et faites-le bien, en pleine conscience, avec intention et attention.  Et rappelez-vous que Dieu tient toujours Ses Promesses ! 

 

 

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