Le waswas : le plus grand danger dans le cheminement spirituel

cheminement développement spirituel mental Jan 27, 2024
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Les dernières sourates de la Parole Sacrée sont les sourates dites protectrices. En les méditant et les récitant, nous cherchons refuge auprès de la Force et de l’Intelligence Divine contre différents dangers qui sont énoncés dans les sourates. Ainsi, les étudier permet de comprendre la nature des dangers qui nous guettent dans notre cheminement, mais aussi de leur donner un ordre de grandeur les unes par rapport aux autres… Quel est le danger qui menace le plus l’âme en quête ? Nous allons voir dans cet article, à travers une méditation des sourates al-Falaq (113) et al-Nass (114) du Qor’an, qu’il s’agit du waswas. 



Etude de la sourate al-Falaq : un refuge d’espoir contre plusieurs dangers

 

Chercher refuge auprès du Seigneur de l’Espoir

 

La sourate al-Falaq commence ainsi : 

“Dis : “Je cherche refuge auprès de Rabbi l-falaq”

Prenons le temps de comprendre les termes de cette phrase, pour en proposer une traduction. 

“Rabb” est un Nom Divin, qui signifie “Maître Éducateur”, “Enseignant Suprême”, “Celui qui prend soin du développement et de la croissance de toute chose”. 

“Falaq” renvoie à la lumière forte et claire du petit matin. Il s’agit du jaillissement de lumière qui vient déchirer l’obscurité à l'aube, cette lumière intense qui vient briser la noirceur de la nuit. 

Al-falaq peut donc être perçu ici comme le symbole de l’espoir, de cette lumière qui nous sort des ténèbres en nous redonnant force et enthousiasme lorsqu’on se sent complètement abattu, perdu… Comme le sourire d’une mère qui, dans un moment de grande difficulté, est reçu comme une lumière vive, comme un signe de réconfort et d’espoir.

Nous pouvons donc traduire cette première phrase de façon méditative : 

“Je cherche refuge auprès de l’Enseignant Suprême, auprès de Celui qui prend soin du développement de toute chose, auprès du Seigneur de l’espoir qui utilise cette lumière intense et pénétrante comme une cure, comme une arme…” 


Pour aller plus loin, lire notre article : Nouvel an 2024, chercher la présence entre douleur du passé et espoir du futur

 

Contre quatre dangers extérieurs

La sourate va maintenant nous indiquer contre quoi nous cherchons refuge. Il s’agit ici de quatre choses : 

  1.  “contre ce que l’on perçoit comme étant un mal dans toute chose créée”,
  2. “contre l’obscurité lorsqu’elle devient très lourde et qu’elle s’infiltre dans le cœur des hommes”. On peut entendre ici : contre toutes les peurs, contre le désespoir…
  3. “contre toute chose qui pourrait souffler sur “les nœuds”. Ces nœuds peuvent, par exemple, faire référence aux complexes ou aux blessures les plus profondes de l’être humain. Ainsi, on cherche à se protéger de toute personne qui viendrait “souffler sur la braise” de ces nœuds du mental, de ces complexes, de ces douleurs. Par exemple, si quelqu’un vient traiter d’inférieure ou de nulle une personne souffrant d’un complexe d’infériorité ou d’une blessure d’humiliation, cela vient réactiver le souvenir de cette douleur et la déstabiliser. Idem pour la personne qui a un complexe de supériorité, si quelqu’un ne fait que la vanter, cela ne l’aide pas à développer sa personnalité, bien au contraire !
  4. “contre l’envie de la personne envieuse lorsqu’elle attaque par jalousie”. 

 

En regardant la structure de la sourate, on remarque qu’elle ne mentionne qu’une seule fois le Nom de Dieu “Rabbi l-falaq”. Il n’y a pas d’insistance à interpeller Dieu avec d’autres Noms ou Attributs. Cette seule et unique mention suffit pour se protéger des quatre choses que nous venons d’aborder… Tout ce dont on a besoin, c’est de s’en remettre au Seigneur de la Lumière de l'Espérance pour annihiler toutes ces formes de noirceurs… 


Pour aller plus loin, lire notre article La récitation des Beaux Noms de Dieu

 

 

Etude de la sourate al-Nass : faire appel à trois Fonctions du Divin pour lutter contre le waswas


La sourate qui vient après est différente. Dans la sourate 114, dite “sourate al-Nass”, Dieu est évoqué à trois reprises, sous différents Noms, Attributs, Fonctions et ce pour ne prendre soin que d’un seul problème en particulier : “al-waswas”.


Qu’est-ce que al-waswas ? 

Si le waswas est un outil de chaytan, ce dernier ne fait en réalité qu’une partie du travail. Le reste, l'être humain l'entretient lui-même…

Le waswas, c’est l'obsession. C’est ce tourbillon qui naît dans le mental, y prend place et refuse d’en partir, faisant de nombreux dégâts, aspirant tout sur son passage, comme un trou noir qui vient vider toute chose de sa substance.… Il peut générer de la peur, de la panique, voire même de la paranoïa. Chaque nouvelle chose inconnue, étrangère, vient le renforcer et le nourrir… 

 

Pour aller plus loin, visionner notre vidéo :

 

 

C’est malheureusement ce qui arrive aux gens qui se demandent “qu’est-ce qui va m’arriver ?”, plutôt que de se demander “que suis-je en train de devenir ?”...

Le waswas peut prendre cette forme d’une peur obsessionnelle du futur, ce qui revient, en réalité, à être obsédé par soi-même. Rien ne détruit plus l’être humain et les relations que le waswas, que Dieu nous en protège ! Ce tourbillon mental a privé beaucoup de personnes des meilleurs enseignants, et des plus belles opportunités de croissance… 

Judas n’aurait pas trahi Jésus ( que Dieu continue de nourrir son être et notre connexion à lui) s’il n’avait pas été attaqué par cette peur obsessionnelle qui motive cette fameuse question : “qu’est-ce qui va m’arriver ?” C’est cette peur qui l’a poussé à vendre le meilleur être de la création… 

Avoir du waswas, c’est être centré sur soi, ne penser qu’à soi, qu’au petit soi… On entend d’ailleurs souvent cette phrase “Je ne veux pas me perdre, je veux rester sur le “droit chemin” (une traduction courante de “sirat al-moustaqim) !”... Sans se douter que la personne qui prononce ces mots s’est peut-être déjà égarée en chemin… Car l’obsession est, par définition, un égarement…

C’est très différent de la posture qui afficherait “Je désire et je souhaite du plus profond de mon cœur et de mon âme être sur la Voie Intelligente qui mène à Dieu (une autre traduction plus littérale et vivante de “sirat al-moustaqim”), celle de Ses Bien-aimés qui célèbrent Sa Grâce… Je vais donc chercher à m'aligner le plus avec eux, et avec la Conscience la plus évoluée qui est celle des Prophètes et de l’Esprit Guide (que Dieu continue de de nourrir son être, sa lumière, la force de son âme, son héritage spirituel et notre connexion à lui) en tout premier lieu, confiant que c’est là la meilleure chose pour moi…” 

L’une de ces positions est nourrie par la peur, et conduit au waswas, l’autre provient de l’amour et de l’espoir en Dieu… Et chacune de ces postures voit bien différemment le chemin, la Voie, le “sirat al-moustaqim”...

 

Pour aller plus loin, lire notre article Sirat al-moustaqim : la voie intelligente et universelle

 

Trois Noms pour conscientiser trois Fonctions du Divin

C’est parce que le waswas peut nous priver de ce genre d'opportunités si importantes pour l’être humain que nous avons besoin d’une grande aide pour nous protéger… Et c’est pour cela que la sourate énumère trois Noms et trois Fonctions différentes du Divin : 

“Dis : je cherche refuge auprès de Rabbi n-nass, Maliki an-nass, Ilahi n-nass"

Nous avons besoin de nous connecter à ces trois différentes Fonctions du Divin, que nous allons prendre le temps de définir, pour repousser le waswas. 

 

  • “Rabbi l-nass” : je dois me rappeler que j’ai un “Rabb”, un Maître Enseignant

Pour guérir du waswas, il faut se rappeler la Présence du Rabb. Cette Fonction nous rappelle qu’il y a, dans cette vie, un développement, un processus, un devenir. Que nous sommes tous et toutes en train de grandir, d’évoluer. Que l’être humain n’est pas une statue qui va se casser à la première erreur ! Il est plutôt tel un arbre : quand une branche se casse, deux repoussent ! Et qu’importe si les vents les plus forts se déchaînent : si ses racines sont bien implantées en profondeur, il finira par se redresser de lui-même ! Voilà là une image réelle et vivante du “Sirat al-moustaqim”...

Mon frère, ma soeur… Tu n’es pas un objet, tu es un sujet vivant, en développement, et tu as un Rabb qui prend soin de cela. Donc tout ce qui vient dans ta vie est là pour t’aider à pousser. Tu n’as pas besoin d‘être si obsédé par ton futur et ton à-venir, ni de sans cesse te tourmenter, d’être habité par tant de peurs… Même si tu fais beaucoup d’erreurs !

Il y a un Rabb ! Et ce Rabb, ce n’est pas toi… Peut-être que l’intelligence Suprême a décidé, dans Sa Sagesse et Sa Connaissance Absolue que tu ne peux saisir avec ton rationnel, que ton chemin devait te faire passer par telle ou telle choses… Par le fait de commettre tel ou tel péché par exemple. 

Sache que le chemin (sirat) n’est pas la loi (chari’a). La chari’a est la même pour tout le monde, elle est droite et objective. Nous nous devons de tous suivre la même loi, en d’autres termes, nous devons tous nous efforcer d’avoir les mêmes limites. En revanche, le chemin sera différent pour chacun d’entre nous, et il n’est pas entre nos mains ! Il est dans les Mains de l'Éducateur Suprême... 

Ainsi, si le Responsable de la vie et de l’évolution de toute chose créée sait que tu dois vivre telle épreuve, tel péché, tel événement, alors ton chemin te mènera inévitablement vers cette épreuve, ce péché, cet événement ! 

Certains vont peut-être devoir manquer leurs prières rituelles un temps pour revenir à la vraie prière, la prière du cœur. D’autres vont peut-être succomber à un de leurs désirs enfouis après des années de dévotion intense pour revenir plus humbles et à genoux devant leur Seigneur… Lui Seul sait ce que nous devons traverser, et la leçon que nous avons besoin d’apprendre à cet Instant T. 

Attention, je ne dis pas que nous devons devenir nonchalants et accepter de nous livrer au péché sans remords. Je dis que nous devons distinguer ce qui est de notre ressort, de ce qui ne l’est pas. Ce qui est de notre ressort, c’est d’essayer de suivre les règles et recommandations de la loi sacrée du mieux que l’on peut. Mais si tu te trouves en échec après tous les efforts possibles, alors sache qu’il y a un Rabb, un Maître Enseignant, le “Rabbi n-nas” qui peut toujours te permettre de grandir, même après les pires péchés… Et qui ne t’a pas abandonné, même quand tu es tombé très bas. 

 

Pour aller plus loin, lire notre article : Souvent en dépression, je commets des péchés, que faire ? 

 

  • “Maliki l-nass” : je dois me rappeler que j’ai un “Malik”, un Roi

Savoir que je serai jugée un jour par le Roi des hommes doit me motiver à faire attention à ce que je dis, mais aussi à ce que je pense. Rappelons-nous que le simple fait de penser du mal est un péché… Or, ce Roi est aussi le Juge de mes pensées !

Si l’on ne pense pas au Jour du Jugement Dernier, on peut laisser les vipères du waswas en liberté, venant attaquer tout le monde et altérer la réalité... Car le waswas vient transformer le bien en mal, et peut nous pousser à blesser les autres, les accuser à tort… 

 

  • Ilahi l-nass : je dois me rappeler que j’ai un ilah

“Ilah” signifie littéralement “ce qui occupe entièrement ton cœur”, “ce qui nous absorbe entièrement.

Nous avons défini le waswas comme étant une obsession par et de soi-même, ce qui revient à dire en réalité que ce dernier ne laisse plus de place pour Dieu ! On ne peut être obsédé par deux choses à la fois. 

La passion guérit de l’obsession. L’amour guérit de la peur… La cure de cette peur ou de cette obsession est de devenir passionné, amoureux, par “al-ilah” ! Si le ilah est ce qui te passionne, alors ce qui te passione devient ton ilah… Alors, fais donc de Dieu ton ilah, ta passion ! 

Aime Celui qui doit être le Centre d’attention de l’humanité, “ilahi n-nass”. Concentre-toi sur Lui au lieu d’avoir cette obsession de toi-même… Sors de ce tourbillon et dirige toute cette énergie gaspillée vers le Ilah ! Laisse-Le en prendre soin, et tu verras cette obsession de toi-même disparaître… 

On est obsédé par ce qu’on a peur de perdre. Certains ont peur de perdre leur argent, ce qui est différent d'être passionné par le fait de faire de l’argent dans les règles de l'art. Il n’est pas interdit de devenir homme d'affaires, ou commerçant… À condition que chaque réussite soit une occasion de contempler le Nom de Dieu al-Fattah (Celui qui ouvre)... Il n’y a pas de mal à aimer gagner sa vie dans le bien et à voir comment Dieu ouvre les portes. Le problème vient quand on est obsédé par l’argent, qu’on a peur de le perdre, et qu’on devient avare… 

Quelqu’un qui est obsédé par l’idée que sa femme le trompe n’aime pas vraiment son épouse… Ce n’est pas là l’expression de l’amour ! Aimer sa femme, c’est être passioné par elle, penser à elle, lui ramener un petit présent en rentrant à la maison... La passion est nécessaire dans une relation amoureuse, c’est une bonne énergie !

De la même façon, être passionné par la foi est différent d’être obsédé par une religion… Être obsédé par cette énergie de peur, pensant “si je fais ceci ou cela, je vais “perdre ma religion”, je vais me perdre !!” est bien différent du fait d’être passionné par son Seigneur et vouloir “le servir” de tout son être…

 

Pour aller plus loin, visionner cette vidéo :

 

Pour revenir à notre sujet, nous avons besoin, pour lutter contre le waswas, de ramener notre conscience sur le fait qu’il y a un “Ilah”, et de diriger toute notre énergie vers Lui, et non vers ces pensées obsessionnelles. Il s’agit de nous arracher à la peur et au souci pour nous-mêmes et nous tourner entièrement vers l’Amour de Celui qui est Source de Perfection, d’Harmonie et de Beauté… De nous guérir de cette obsession de notre passé et avenir , et de nous transformer en êtres passionnés par Lui qui est Présent Éternel, par Son Plan, par Son Travail Magnifique, par Sa Créativité Éblouissante…

On devient obsédé par soi-même non pas par un vrai amour envers soi-même mais par un sentiment d’insécurité et de manque d’estime de soi… La personne passionnée par l’Eternel et par Son Oeuvre toujours harmonieuse et parfaite, pourra s’aimer et devenir passionnée par son présent, par son évolution, par sa progression, par son chemin… et par son devenir plutôt que d’être obsédée par sa peur de l’avenir !

Il y a une sagesse dans le fait que le Haqq parle de an-naas (humains) ici et non pas du al-insan (l’être humain ou l’homme). En effet, la cause la plus grande de waswas, de peur et d’obsessions, réside dans la peur des autres, de ce qu’ils pensent et disent de nous… Nous avons tendance à donner beaucoup trop d’importance à cette tyrannie de la masse inconsciente, jusqu’à ce qu’elle devienne, dans notre inconscient, notre Roi, Juge, Maître, notre source de sécurité et d’équilibre et même l’ultime observateur à qui nous devons plaire… Alors que ces attributs sont les Attributs du Divin !

Ce n’est qu’en sortant de cette masse inconsciente à travers un processus d’individuation qu’on devient un “insan” : un être humain conscient de qui il est et ce qu’il doit faire vis à vis de La Conscience Suprême.



Que Dieu vous bénisse et nous donne accès aux clés de compréhension de Sa Parole ! Rendez-vous le 10 février pour notre séminaire sur les cinq prières de Moïse, à Paris. 

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