Méditation sur l’exercice de développement de conscience appelé « l’istighfar » : planter nos graines dans un lieu de confiance

graine istighfar rajab Jan 20, 2025

 

L’istighfar : fondement du développement de conscience et base de la pratique spirituelle de méditation dhikr

Nos ancêtres spirituels ont souvent mis en avant que “l’istighfar”, l’exercice qui consiste à répéter des formules telles que “Astaghfirulah” ou la prière issue du Qor’an “Rabbi ghfirli”, est la fondation du développement de conscience. Je vais ici tenter d’expliquer pourquoi, et vous proposer une nouvelle façon de traduire ces termes, ce qui, je l'espère, pourra générer en nous une nouvelle façon de vivre la réalité à laquelle ils invitent…  

 

Le dhikr : l’exercice de se rappeler qui l’on est vraiment

Le “dhikr” est l’exercice de s’inviter au rappel de la Vérité, de notre vérité. Il s‘agit de se rappeler qui l’on est, de se rappeler la réalité des choses, se rappeler du “‘ilm”, de la connaissance qui a été imprimée dans nos gènes adamiques, dans notre nature saine (fitra). 

Le terme “fitra” vient de “fatara”, qui signifie “originer”, commencer, initier… De cette racine est né le terme “Fatir” en arabe voulant dire initiateur ou encore originateur. La sonorité et le sens de ce mot résonnent fortement avec les termes « water » en anglais qui signifie eau source et origine de vie, mais aussi « pater » en latin, « vater » en allemand, « father » en anglais, « padre » en espagnol, ce qui veut dire père en français… La fitra est donc le pur état originel de l’être humain coulant de Source Divine avant tout changement ou corruption, cet état qui ne peut être altéré ni modifié. Cet état est notre héritage du premier père de l’humanité, Adam.

 

➡ Pour aller plus loin, lire notre article : Méditation sur le "dhikr" : se souvenir de son âme

 

L’Intelligence Divine nous dit dans le Qor’an : “‘Alama Adama al-asma’a koullaha”, communément traduit par “Dieu a enseigné à Adam le nom de toute chose”. Le terme “‘alama” ici utilisé est souvent traduit par “enseigner”, ce qui est correct, mais incomplet. Plus qu'enseigner, il s’agit bien d’imprimer, d’imprégner, de programmer, de mettre sa marque, d’apposer sa signature… À la lumière de cette importante nuance, je traduirais pour ma part le verset de cette façon : “Le Divin a mis sa marque en Adam”. Ce qui laisse entendre, par conséquent, que Adam possède une Nature Divine !

La “fitra” est donc l’Origine Divine de l’être humain, et le « Dhikr », littéralement “rappel”, est l’exercice qui vise à retrouver cette Origine Divine en nous, notre état originel qui a été couvert par plusieurs couches de fausses personnalités et de faux « moi » qui ne sont pas “nous”...

 

L’istighfar : l’exercice de semence de la graine

Le terme “istighfar” quant à lui est souvent traduit par “demande de pardon” ou, mieux encore, par "demander à Dieu de couvrir nos  manquements et nos erreurs”. En effet, le terme vient de la racine “ghafara”, qui veut dire “couvrir”... D’ailleurs, dans une de ses magnifiques prières, l’Imam Ali Zayn al-Abidine interpelle la Grâce Divine : “Couvre mon imperfection de Ta Perfection”...

➡ Pour aller plus loin, lire notre article Célébrer les demandes de pardon ? 

 

On constate aussi qu’il existe un autre terme en arabe qui veut dire “couvrir”, il s’agit du mot “kafara”, qui donne le terme “koufr”. Anciennement, il n’y avait même pas de différence entre les deux termes, c’était un seul et même mot. Mais alors, quelle est la différence entre “ghafara” et “kafara” ? Entre “ghaffour” et “kafour” ? Entre “ghafir” et “kafir” ?

En réalité, “ghafara” revient à planter une graine, à la placer dans un sol fertile et sûr, là où elle pourra pousser… Alors que “kafara” consiste à enfermer la graine dans une boîte, dans un coffre, ou même sous une roche, la privant ainsi de tous les facteurs qui peuvent permettre sa croissance. Ainsi, “al-kafir” est celui qui, lorsqu’il reçoit la Parole de Dieu qui est une graine fertile renfermant un potentiel de vie énorme par définition, va l’étouffer, l’isoler, plutôt que de la planter en ce lieu de confiance en son cœur où elle aurait pu germer et vivre sa croissance… 

 

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Quelle est cette graine que nous devons planter ? 

Si je comprends le terme “istighfar” dans le sens de “planter la graine”, il est normal que vous me demandiez de quelle graine nous parlons ici… En réalité, les graines sont toutes les inspirations que l’on reçoit, que ces dernières nous viennent à travers les paroles d’un ami, les dialogues d’un film, la lecture d’un verset du Qor’an, ou encore dans un rêve… L’inspiration peut naître aussi comme une idée qui nous vient, venant nous montrer une possibilité…. Une étincelle naît au fond de soi, et devient une intention, une graine…

Le Qor’an est souvent appelé  “kalimaatoullah”, terme que l’on peut traduire par “Paroles du Tout-et-Un, de la Source Divine” mais aussi par “graine”, à l’image de Jésus qui est nommé “Kalimatoullah” et qui est la graine venue se planter dans la matrice perméable de sa mère Maryam… Le Qor’an pour les cœurs qui l’ont expérimenté est effectivement une graine très fertile, fertile dans son langage, dans son énergie, comme dans son esprit. Le Qor'an est décrit comme étant « hamaal oul-awjouh » par les savants, voulant dire par cela qu’il se prête à plusieurs lectures et peut être vu de perspectives différentes. Pour ma part, j’aimerais bien traduire cette expression arabe de façon littérale, ce qui donnerait : “La Parole Divine ne cesse d’accoucher de nouveaux sens et de nouvelles expériences de façons infinies”… Cela signifie qu’elle mène à de différentes interprétations, qu’il y a énormément de façons de comprendre et de vivre chaque verset ou même chaque mot… 

Là encore, comme Marie avec Jésus. Jésus est décrit comme étant une Parole Divine, un Mot ou encore un Verbe Divin, « Kalimatoullah » qui a été reçu, accueilli porté et enfanté par Marie. Combien de mots, de verbes et de paroles peut-on trouver dans le Qor’an ? Assez je crois, pour que chacune de nos âmes puisse être fécondée, porter en son sein et donner naissance à un Jésus, son propre Jé-sus, son Je Suis…

 

➡ Pour aller plus loin, lire notre article Qui est Issa ? La Vérité, la Lumière

 

Méditation de la semence

 

Traduction méditative  de Rabbi ghfirli

 

 

 

Personnellement, avec ce sens et cette explication, je comprends mieux pourquoi l’istighfar est considéré comme le fondement du “dhikr”... En effet, par quoi doit-on commencer le projet de cultivation de nos êtres ? Par planter la graine, évidemment...

D’ailleurs, on remarque que les quelques traditions spirituelles qui célèbrent le mois lunaire de Rajab à travers le monde le font à travers la récitation de prières d’istighfar. Ces traditions s'appuient sur ce très bel enseignement qui considère Rajab comme le mois de la semence, Cha’bane comme un mois de l’irrigation, et Ramadan comme le mois de la récolte. 

Et c’est donc parce que le mois de Rajab est le mois de la semence qu’ils le consacrent… à l'istighfar ! Le lien entre l’istighfar et le fait de planter des graines, de les recouvrir de la terre fertile du cœur ouvert et perméable est donc bien mis ici en évidence… 

➡ Pour aller plus loin, lire notre article Rajab, mois de la semence

 

Un istighfar actif

Je constate cependant que cette traduction peut encore être améliorée, peaufinée. En effet, dans le Qor’an, la prière (dou’a) n’est pas présentée comme une chose passive. Il ne s’agit pas de dire à Dieu “S’il te plaît, donne-moi ceci ou cela, je suis là, j’attends”. Au contraire, la prière est une invitation faite à notre propre conscience de prendre deux actions : tout d’abord l’humilité qui va ouvrir la voie pour la deuxième action qui est l’engagement. On peut dire que, psychologiquement parlant, une prière est un engagement en toute humilité. C’est d’ailleurs de cette façon que cela s’est toujours traduit dans les actions des prophètes.  

On pourrait donc reformuler toute prière en ajoutant au début de celle-ci “je m’engage  devant la Présence Divine en toute humilité et sans prétention à…”. Par exemple, si l’on devait traduire une “salat ‘ala nabi”, une demande de connexion avec le Prophète Mohammed, cela donnerait “Je m’engage en toute humilité à chercher un alignement harmonieux et une connexion réelle avec l’Esprit Guide, mon Maître et cultivateur de mon être, aide-moi à y parvenir, car je ne peux rien sans Ton Assistance!”

Ainsi, lorsque l’on demande “Cultivateur de mon être, plante la graine pour moi”, il ne s’agit pas de faire appel à Dieu comme « une aide extérieure ». Non, ce que l’on cherche, c’est quelque chose venant de l’intérieur, car Dieu n’est pas extérieur à toi, et tu n’es pas extérieur à Dieu...

Il s’agit d'appeler Dieu, le Tout-ce-qui-est, al-Haqq, le Réel et Vrai… En d’autres termes, il s’agit de s’engager à être aussi proche que possible du Réel… C'est un engagement…

Je propose donc cette deuxième traduction de “Rabbi ghfirli”

 

 

Chères âmes amies, vous êtes les bienvenues à me rejoindre dans cette méditation à partir de là où vous êtes. Le monde de la conscience ne connaît pas de distance. Si cela se prouve utile pour vous, placez votre main droite sur votre poitrine ou votre cœur en répétant avec présence et intention l’une des deux formules proposées ci-dessus !

Bonne semence !

 


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Article tiré du premier enseignement du cours “In-sights” donné à Ottawa et en ligne en anglais le samedi 04 janvier 2025



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