
Nous vivons des moments de grande obscurité. Cette obscurité, nous pouvons l'appeler “mal”, et s'arrêter là, la détester, et puis c’est tout… Mais nous pouvons en faire plus que cela. Car en réalité, ces ténèbres ne sont pas “autres” que Dieu : c’est-à-dire qu’elles n'arrivent pas contre la Volonté de Dieu. Ainsi, même s’il est très difficile d'apprendre du “mal”, ce dernier est là pour nous enseigner quelque chose sur la condition de l'être humain, pour nous montrer des choses que nous portons en nous-mêmes et que nous ne nous fassions pas piéger par ce mal en nous-mêmes. Nous allons voir dans cet article que tout ce que nous voyons devant nos yeux peut se résumer en deux choses : le manque d’empathie, et le refus de prendre la voie de la guérison.
Le manque d’empathie menant au manque de moralité
Le manque d’empathie s’est généralisé
De nos jours, les cœurs sont devenus froids, sans amour ni gentillesse. Il n’y a de moins en moins d’empathie pour les autres. Beaucoup parmi les humains cherchent le plaisir, pensant, ce faisant, s’aimer eux-mêmes… Mais ce n'est pas cela le véritable amour, c'est juste l'amour du plaisir égoïste.
Certes, on voit cette réalité se manifester d'une façon extraordinaire aujourd'hui en Palestine, avec les massacres qui se produisent chaque jour depuis deux mois maintenant… Mais finalement, ici, là où nous sommes, nous ne sommes pas mieux que ceux qui tuent leurs frères humains chaque jour !
Comme je l’ai dit dans un précédent article, ce qui se passe sur la Terre de Révélation vient nous révéler notre état, l'état de notre humanité. Ainsi, s’il y a des ténèbres là-bas, c’est qu’il y a des ténèbres ici. L'état de l'humanité est le même partout.
Regardez nos familles, nos relations interpersonnelles. Regardez comme l'amour dans nos cœurs s'est refroidi. Regardez comme nos cœurs sont devenus des “qalb qassi” : des cœurs durs, incapable de faire preuve d’empathie, refusant de faire des efforts pour les autres, très attachés à notre propre plaisir, à notre propre intérêt.
La majorité d’entre nous sommes devenus comme ça. Et c'est là ce que vise et produit l'éducation des temps modernes. C’est de cette façon que nous avons évolué, et c’est de cette façon que nous faisons grandir nos enfants… C'est là un gros problème, car comme le dit le Guide Universel de toute l’humanité, notre Bien-aimé Mohammed :
“Le cœur dur est éloigné de Dieu”.
En effet, si l’on rentre dans la signification du terme arabe que nous avons utilisé “qalb qassi”, on voit que ce terme désigne un cœur renversé, positionné “à l’envers”, c’est-à-dire tourné vers son propre intérêt égoïste. Cela donne une personne qui ne peut penser qu’à son propre intérêt, qui n’est préoccupée que par sa petite vie quotidienne, par ses problèmes et ses désirs à lui seul. Cette personne ne peut ressentir que sa propre colère, sa propre douleur, et ne peut donc souffrir aucun accommodement pour autrui. Elle est complètement fermée, et tout ce qui lui importe c'est sa douleur à elle, sa blessure à elle, et son ressenti à elle.
Pour aller plus loin, visionner notre vidéo Le plus grand combat de notre époque
Comment le manque d’empathie crée le manque de moralité
Ce manque d’empathie qui empêche donc de ressentir la douleur de l'autre est ce qui engendre le manque de moralité. Car qu’est-ce que la moralité ?
1) Le premier niveau de moralité
La moralité peut être résumée dans le plus ancien enseignement prophétique que le père de l'humanité Adam (que Dieu continue de nourrir son être et notre connexion à lui) a enseigné à ses enfants et que tous les prophètes ont enseigné à leur tour :
“Ne fais pas à autrui ce que tu ne veux pas que l’on te fasse”.
C’est une règle très simple qui, si elle était appliquée, changerait bien des choses : ne traitez pas autrui d'une façon dont vous n’aimeriez pas être traités vous-même. Vous ne voulez pas être humilié ? Alors n’humiliez pas les gens. Vous ne voulez pas être méprisé ? Alors ne méprisez pas les gens ! Vous ne voulez pas que l’on médise de vous ? Alors ne médisez pas des autres ! Vous ne voulez pas être trahi ? Ne trahissez pas ceux qui comptent sur vous ! Vous ne voulez pas être traité avec dureté et que l’on vous crie dessus ? Alors ne traitez pas les autres avec dureté et parlez-leur avec douceur !
Ne faites pas aux autres ce que vous ne voulez pas que les gens vous fassent, voilà ce qu’est la morale, en résumé ! C'est la base, le fondement de toute la “chari’a”, de toutes les lois divines. C'est de cette seule loi que sont issues toutes les autres lois.
2) Des niveaux plus élevés de moralité
Ceci dit, il existe des niveaux de moralité plus élevés que ce standard basique. Au-dessus de ce code moral se trouve l'imane, puis l'ihsan, ces standards auxquels notre Bien-aimé Guide Mohammed nous a invités. Pour ce qui est de l’imane, il a dit :
“Vous n’atteindrez pas le niveau de “imane”, le niveau de perméabilité réelle au Divin et à la Vie, tant que vous ne parviendrez pas à aimer pour votre frère ce que vous aimez pour vous-mêmes”.
Si l’on prend le temps de méditer cette phrase, on voit que cette exhortation comprend le premier niveau de moralité que nous venons d’étudier, mais qu’elle appelle à quelque chose de plus haut et plus profond. Il ne s'agit plus seulement de ne pas vouloir pour son frère ce qu’on ne veut pas pour soi, mais de vouloir pour l’autre ce que l’on désire pour soi !
Ainsi, posez-vous la question… Que désirez-vous pour vous-mêmes ? A quoi aspirez-vous dans la vie ?
Vous voulez réussir ? Alors vous devez souhaiter que votre frère réussisse ! Vous voulez être heureux ? Alors vous devez souhaiter que votre frère soit heureux ! Vous voulez la paix en votre demeure ? alors il vous faut souhaiter la même paix en la demeure de votre prochain…
C'est là une norme bien plus élevée de moralité. Mais quand les cœurs se refroidissent, lorsqu’ils sont positionnés à l’envers, pointés vers le petit soi, ils deviennent auto-absorbés, auto-consommés et alors, tout ce qui importe, c’est l’intérêt personnel à court terme !
Ce n'est même pas un intérêt personnel à long terme, car même un être égoïste comprend avec un peu de raisonnement qu’il ne peut réussir à long terme si tout le monde autour de lui est dans la misère et malheureux… Même une personne égoïste peut comprendre que, sur le long terme, elle a besoin que d’autres entreprises et d’autres personnes prospèrent, ne serait-ce que pour trouver une clientèle !
Le souci est qu’à force de voir l’égoïsme grandir, l’être humain est devenu de plus en plus bête… Tout ce à quoi nous pensons est notre intérêt personnel à court terme, notre désir à court terme : ce que je veux maintenant, ce que je désire maintenant, ce que je ressens maintenant…
Pour aller plus loin, lire notre article Ce que la terre de Révélation est en train de nous dire
L’inversion des priorités et la crise de la moralité
Nous avons une crise de moralité et, dans mon langage, la moralité concerne toujours notre rapport à l'autre. En tant que musulmans, aujourd'hui, nous sommes devenus tellement obsédés par ce que j'appelle la “moralité conventionnelle” qu’on en a oublié la vraie moralité !
La moralité, ce n'est pas le fait de boire ou de ne pas boire du vin. Celui qui boit n'est pas forcément immoral, s'il ne fait pas de mal à autrui. La personne qui consomme de la drogue n'est pas forcément immorale, si elle ne fait pas de mal à autrui.
La moralité se joue plutôt dans la transaction avec l'autre. C'est là la définition de la moralité et cela a la priorité sur toute autre chose. C'est le fondement de la spiritualité, la fondation du cheminement, et c'est aussi la première chose sur laquelle Dieu nous interrogera !
Ce que nous avons tendance à appeler et à considérer comme un manque de moralité aujourd'hui, ce sont les péchés qui sont entre l’homme et son Seigneur… Pourtant, Dieu est si Généreux ! Il suffit de Lui demander de nous pardonner pour être pardonné ! Alors que le mal que l’on fait aux autres… Si votre cœur est dur envers les autres au point de leur faire du mal, de détruire leur vie ou même de ruiner leur réputation, alors c'est une autre affaire…
Nous sommes devenus tellement obsédés par l'image de la “bonne personne religieuse” comme étant celle qui prie les cinq prières, jeûne le mois de Ramadan, prie toutes ses prières surérogatoires… Ce à quoi nous ajoutons aussi le fait de porter une barbe ou un foulard, le fait de prier la nuit… Mais tout cela sont des choses conventionnelles qui n’auront pas de poids si l’on fait du mal aux autres !
Ce n’est pas moi qui le dit, c’est notre Enseignant Mohammed (que Dieu continue de nourrir son être de lumière et d'amour, et qu'il nous connecte à lui) ! Il nous a parlé de cette dame qui faisait tous les “actes d’adoration” que l’on peut imaginer : aumône, prières nocturnes, etc… Mais qui, en même temps, faisait du mal à ses voisins. Il a dit à son sujet “hiya fi nar”, ce qui signifie : “elle est au feu”... Au présent, ce qui nous montre que sa réalité est une réalité de misère, elle ne vit pas une bonne vie ! Ce n’est pas qu’elle “sera dans le feu de l’enfer” au futur, non, mais plutôt qu’elle est en enfer, elle vit une vie d'enfer… déjà sur terre.
Comprenons cela et apprenons car nous avons tant de choses à apprendre… L'obscurité peut nous apprendre beaucoup de choses. C'est un miroir, et même notre pire ennemi est un miroir. Avant de laisser libre cours à sa colère et de vouloir le détruire, ou même après avoir laissé cette colère s’exprimer, il est toujours important de prendre le temps de méditer sur les choses que cet ennemi est venu nous montrer… Des choses qui sont déjà en train de grandir en nous-mêmes !
Pour aller plus loin, lire notre article Ecris ton texte
Le refus de la lumière et de la guérison
Voir la lumière dans l’obscurité
Oui nous apprenons des ténèbres, mais nous sommes aussi invités à y chercher la lumière qu'on ne voit pas au premier coup d'œil. Il existe “la lumière qu’on ne peut pas voir”, expression que je tire du titre d’un livre devenu aussi une série télé, que je vous invite à visionner, seul ou en famille.
Il y a de la lumière dans les ténèbres ! Il s’y trouve toute la lumière dont on n'entend pas parler, à l'extérieur comme à l'intérieur.
1) La lumière en nous
Comme Mawlana Rumi dit :
“Si vous voyez l'obscurité autour de vous, c'est un message pour vous que vous devez allumer les lumières en vous, parce que vous êtes la lumière”.
Si vous entrez dans un endroit et que vous trouvez tout sombre, alors soyez la lumière qui illuminera le lieu ! Tout ce dont vous avez besoin, c'est d'allumer votre lumière, la lumière qui repose en vous, en votre cœur… Cette lumière qu'on ne peut pas voir… Il y a un immense et si beau potentiel en vous que vous ne voyez pas !
Vous pouvez devenir la lumière du monde… C’est ce que nous enseigne le verset de la lumière, que nous avons étudié dans notre précédent article sur l’Emir AbdelQader.
“Dieu est la Lumière des cieux et de la terre”, et c’est ce même potentiel d’être la lumière des cieux et de la terre qu’Il a placé en l'être humain. Sache que toi aussi, mon frère, ma sœur, tu peux devenir une source de lumière… à condition d'œuvrer en ce sens.
Il est évident que l’on ne peut combattre les ténèbres par les ténèbres… Si vous voulez combattre les ténèbres, vous ne pouvez utiliser que la lumière… Et qu’est-ce que la lumière ? Certainement pas les armes et la guerre ! La lumière, c’est l'amour, la gentillesse, la bonté. On ne peut combattre la haine et la méchanceté qu'avec la gentillesse et la générosité… On ne peut combattre l'égoïsme qu'avec l'altruisme…
Pour aller plus loin, lire notre article L'Emir AbdelQader
2) La lumière autour de nous
Cette lumière se trouve aussi à l’extérieur, dans les exemples et les modèles que nous voyons autour de nous. Nous n’en entendons pas beaucoup parler, et surtout très peu dans les médias traditionnels, mais beaucoup de belles choses naissent dans tout ce chaos… De temps en temps, Internet et les réseaux sociaux nous donnent à en voir des petits échantillons, qu’il nous faut célébrer.
Si vous trouvez une vidéo d'un penseur, d'un artiste ou d'une personne lambda qui est parvenue à transcender la race, la religion, l'appartenance et à voir la vérité en tant que telle et à prendre position publiquement, il faut la célébrer. Car c’est une lumière !
Il y a beaucoup de choses, il y a beaucoup de belles histoires, comme ces mères qui ont perdu leurs enfants, mais qui aident leurs voisins à retrouver leurs enfants sous les décombres, ou de ces gens qui nourrissent leurs voisins avant de se nourrir eux-mêmes… Voilà comment l’être humain peut devenir la lumière de la terre !
Pour aller plus loin, visionner notre série de vidéos sur l'Emir AbdelQader
Choisir la voie de la guérison
Cette lumière que nous ne pouvons pas voir doit être cherchée et reconnue en tant que source d'inspiration qui vient nous montrer le potentiel de la lumière à l'intérieur de nous. Car oui, cette lumière peut se révéler et briller en nous, à condition que l’on décide de panser nos blessures et de briser le cycle du mal…
Ne pas faire de sa douleur une zone de confort
Car c’est là tout le problème en réalité… Le mal est le résultat d'une blessure ou d’une douleur que l’on choisit de ne pas soigner, et dont on préfère faire une zone de confort ! C’est ce qui se produit lorsqu'on préfère la garder vivante, et l’entretenir comme si elle seule pouvait donner un sens à notre vie !
Beaucoup de gens pensent que s’ils perdaient cette douleur, ils perdraient, par la même, tout le sens de leur vie, parce qu'ils se définissent maintenant comme des victimes. C’est cette même douleur, légitime souvent au départ, qui va créer le mal, quand au nom de cette douleur, de cette blessure, on se pense en droit d’infliger un mal en retour, ou en prévention qu’une telle situation se reproduise. C’est exactement la façon dont le sionisme se sert de l’Holocauste : au nom de ce mal qui a été causé un jour, ils se pensent en droit de voler des terres, torturer, affamer, bombarder et déplacer toute une population…
Certes, cette situation est tellement extrême qu’elle choque toute personne normalement constituée. Mais je nous invite à aller plus loin et à nous poser la question : n’est-ce pas ce que nous faisons tous les jours, à notre niveau ?
Quand on y pense, beaucoup de gens choisissent de ne pas guérir, consciemment ou inconsciemment… Car choisir de guérir, c’est s’obliger, à un moment donné. C’est prendre la responsabilité de se lever, de trouver des aspirations plus hautes, trouver quelle est sa mission sur terre, et passer du mode “victime” à celui d’acteur engagé qui travaille au service de sa mission… Et cela, c'est difficile ! C'est dur ! C’est tellement plus “facile” de garder sa rancune, d’entretenir ses rancœurs… Tellement moins demandant de rester bloqué dans ce cercle vicieux plutôt que de prendre le chemin de la guérison !
Pour aller plus loin, lire notre article Housnou l-khoulouq : le vêtement intérieur
L’origine du mal : une blessure non traitée
A l’origine du mal se trouve une blessure qui est devenue colère, et que l’on n’a choisi de ne pas guérir… On voit cela dans la première histoire qui nous est contée sur le mal. Lorsque Shaytan a refusé de s’ouvrir à l’Invitation Divine de venir se prosterner devant Adam, c’était parce qu’il était blessé ! Mais au lieu de choisir de guérir et de se réconcilier, au lieu de chercher la paix dans l'humilité et l’harmonie avec Dieu, il a choisi de ressasser, de ruminer… Il a fini par faire de cette blessure et de cette mauvaise expérience, sa maison, sa patrie, son identité.
De même, Qabil n'était pas juste un homme méchant qui a tué son frère, on ne peut résumer cela ainsi, de façon si superficielle. C’est un homme qui a tué son frère parce qu’il a été blessé. Il s'est senti trahi, victime de discrimination on pourrait dire dans un langage moderne… Puis, plutôt que de prendre le temps pour guérir cette douleur, faire son introspection et revenir vers Dieu, il a choisi de passer à l’acte.
Nous voyons bien le choix qui s’offre à nous ! Nous devons guérir, c’est cela le chemin !
Si vous êtes blessés, n’attendez pas que cette douleur devienne laide, mauvaise, et qu’elle se transforme en démon ! N’attendez pas qu’elle vous change en une mauvaise personne au cœur dur ou même en une personne sans cœur ! Prenez le chemin du soin et de la guérison, quelle que soit la méthode que vous utilisez.
Par-dessus tout, choisissez d'être bon et gentil, empruntez le chemin du pardon ! Le vrai pardon, pas celui des mots vides de sens où l’on prononce les sons “je te pardonne”, tout en laissant notre cœur se durcir et ruminer contre la personne… Le pardon est un chemin, un processus qu’il nous faut emprunter. Même si ce processus peut durer des années, choisissons ce chemin et prenons les mesures nécessaires pour guérir, grandir, s’élever...
Pourquoi garder cette rancune, ce sentiment de souffrance ? Pourquoi entretenir cette douleur, pourquoi continuer à la porter et la transmettre à nos enfants, qui, eux-mêmes, la transmettront à leurs enfants ! C’est exactement ainsi que se forme le cercle vicieux ! Que Dieu nous protège tous et toutes…
Que tous ceux qui subissent l'injustice, tous ceux qui souffrent, qui se sentent trahis, abandonnés ou blessés à cause de ce qui se passe ou de ce qui s'est passé dans leur vie, puissent trouver le réconfort, la paix et la guérison ! Puissent-ils trouver l'intelligence et la force de prendre les moyens de guérir et de reprendre leur place dans le cercle vertueux de la vie ! Puissent-ils revenir comme lumière de la terre, et devenir des agents de lumière et de bonté pour toute l'humanité !
Comment réagir face au matérialisme de notre époque ? Où et comment chercher refuge ? Quelle est l'épreuve du Dajjal et comment s'en prémunir ? Pourquoi sourate Al Kahf ? Pour trouver réponse à ces questions et bien davantage, suivez notre formation en ligne "Sourate al-kahf : le refuge face aux épreuves de la fin des temps"